Chapitre 59 : Feux

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— Tu sens cette odeur ? me demanda Cécile en pressant mon bras. J'en ai l'eau à la bouche !

Je regardai les enfants courir autour du stand à barbe-à-papa et aux pommes d'amour, une confiserie directement venue des Ricains, pour le plus grand malheur des parents et de leurs portefeuilles. Il y avait une odeur de sucré, de brioche, de friandise.

J'avais autant l'eau à la bouche qu'elle, mais nous étions de service.

Nous étions toutes dispersées autour de Lucetta qui tenait la main d'Ophelia et marchait sur la rue principale, entre les différents stands de jeux et de nourriture, avec les autres visiteurs. Vania était positionnée à leur gauche. Cécile et moi étions derrière elles et on fermait la marche, en surveillant les alentours.

Quand une grande famille vint nous obstruer la vue en se mettant entre nous et Lucetta, je pris la main de Cécile et pressai le pas. Mon cœur s'était emballé pendant un instant en ne les voyant plus, mais je fus vite soulagée de revoir la petite blonde.

— Tu te fais trop de soucis, minauda ma collègue. Détend-toi, souffle un peu !

— C'est l'occasion parfaite pour des imprévus, grognai-je.

Peut-être qu'elle avait raison et j'étais tendue, ce soir. Ou peut-être que c'était elle qui sous-estimait les dangers qu'on pouvait encourir. Des ennemis des Verratti ou même le Gang des Dragons pouvaient surgir ce soir. La fête de Fiore se déroulait sur le territoire des Verratti, mais le territoire même était accessible à tout le monde.

— Rho, tu oublies les hommes du Capo sauvage, répliqua-t-elle en faisant référence à Dante. Ils font des rondes aussi. On ne craint rien !

Je lui jetai un petit coup d'œil.

Luca avait dit qu'elle avait déjà tué quelqu'un. L'habit ne faisait certes pas le moine, mais Cécile ne transpirait aucune once de combativité ou de sérieux. Elle souriait aux marchands et s'extasiait sur les jeux d'enfants. Un moment, elle me prit même par la manche et nous emmena à un marchand de bonbons. Plus loin, Ophelia aussi s'était arrêtée et était en train d'acheter une pâtisserie à Lucetta.

— Donnez-nous deux sucettes s'il-vous-plaît ! cria joyeusement la blonde.

— Trois, corrigeai-je, en pensant à Clemente qui était seul à l'infirmerie alors que toute la ville faisait la fête.

Elle se tourna vers moi et me sourit à pleine dent.

— C'est la bonne attitude ! Profite ! On prend celles à la fraise ?

Je hochai la tête et l'homme nous donna trois sucettes en forme de cœur, emballées dans du papier. Je rangeai la troisième dans ma poche.

On continua ensuite notre chemin et selon les désirs de Lucetta, on s'arrêta à plusieurs endroits.

D'abord devant un spectacle de marionnettes où son attention avait été captivée et je l'avais vu admirer, bouche bée, les deux poupées, avec les autres enfants. Puis devant un stand de pêche aux canards, mais elle n'avait pas osé participer, préférant regarder les autres enfants et j'étais certaine que Luca aurait adoré la voir aussi émerveillée. Il se serait sûrement dit que rien que pour ça, la fête en avait valu le coup.

Ensuite on avait commencé à se frayer un chemin dans la foule, en direction de la grande fontaine pour assister aux feux d'artifice.

Cette fois, Cécile s'était concentrée.

Elle m'avait lâchée et sa démarche avait changé.

Au milieu des gens qu'on ne connaissait pas, tout pouvait arriver. Et Lucetta était à leur portée. Il suffisait que quelqu'un jette un couteau pour la blesser et c'était fini. Pire, qu'on sorte un revolver. Un simple coup de feu pour créer la panique et on perdrait de vue la petite.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant