Chapitre 60 : Erreur

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À l'instant où on avait réalisé que Vania n'était plus parmi nous, nous nous étions regroupées autour de Lucetta et on était allé voir les hommes de Dante qui faisaient des rondes sur le territoire. On avait signalé sa disparition et on était retourné fissa au manoir, pour informer Ottavia.

Si j'avais gardé la tête froide tout le long, cela s'était gâté après, quand Ottavia avait appelé Gregorio et Andrea. Avec le premier spécialisé dans les informations de dernière minute et le second sur l'anti-espionnage, il ne fallut pas longtemps pour apprendre que Vania n'avait pas été enlevée, mais qu'elle était partie de son plein gré.

Autrement dit, elle avait fui.

On nous avait ordonné de fouiller sa chambre et on avait réalisé qu'elle avait pris avec elle ses affaires précieuses : son argent et ses papiers, laissant seulement ses vêtements derrière elle. Et au milieu de tout ça, une note avait été retrouvée. Ce n'était pas moi qui l'avais découverte. Si seulement d'ailleurs.

Je l'aurais déchiré en morceaux, brûlé ou même mangé.

Mais ça avait été Ophelia qui avait découvert le papier plié et quand elle m'avait jetée un regard assassin avant de se précipiter vers Ottavia, j'avais senti mes entrailles se nouer et un froid glacial se répandre dans tout mon corps. Mon cœur avait commencé à battre à tout rompre, prêt à déchirer ma poitrine pour sortir, et ma respiration s'était saccadée.

Puis quand je fus convoquée au bureau d'Ottavia, avec Andrea qui me cria « Tu nous explique ?! » en ouvrant la note où il avait été marqué :

« Merci d'avoir rien dit !

À la revoyure, petite Nera. »

J'étais devenue une statue de glace, excepté pour la sueur froide qui avait perlé dans ma nuque.

Connaissant Vania et son amour pour le chaos, elle n'avait pas laissé ça juste pour me « remercier ». Elle avait laissé ça pour semer la pagaille. Peut-être que ça avait été un moyen pour gagner du temps. Pendant qu'on m'interrogerait, elle serait déjà loin.

— Alors ?! Tu as perdu ta langue ?!

Pour une fois, j'avais vraiment perdu ma langue.

J'avais été coupable de plein de choses. Espionner, collecter des informations, les donner à un groupe rebelle de policiers. J'avais même tué Enzo pour protéger mon secret. Mais aider Vania ? Même pour moi, c'était nouveau.

— PARLE !

— Je sais pas ! répondis-je, la voix aiguë. J'en sais rien !

— Il va falloir plus que ça pour nous convaincre ! Es-tu son complice ?! Tu sais dans quel danger tu aurais pu mettre la nièce de Luca ce soir ?

— Capo ! S'il-vous-plaît ! Je ne l'ai pas ai...

— Alors pourquoi elle a écrit que tu n'as « rien dit » ?!

— Je la soupçonnai d'être une espionne ! avouai-je finalement, les oreilles bourdonnant de panique. Mais je n'étais pas sûre !

Andrea explosa.

Pendant dix longues minutes, il me cria toute sorte de chose pendant que je restai debout. Il me déclara à quel point j'avais été inconsciente, même stupide pour n'avoir rien dévoilé plus tôt alors qu'il m'avait ordonné de lui partager le moindre soupçon que j'avais sur les filles d'Ottavia. Cette dernière était d'ailleurs assise à son bureau et elle n'avait pas pipé mot depuis le début.

Mais elle ne cacha pas l'immense déception qui avait durci ses traits.

Vania.

Cette satanée femme.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant