Chapitre 32 : Amitié

1.4K 118 407
                                    

Après la sanglante mission avec Dante que je tentai d'oublier, les semaines défilèrent et je n'avais toujours pas pu parler à Luca.

Ce n'était pas faute d'avoir essayé, pourtant.

Quand on annonçait son retour après des voyages d'affaires, j'allais quand je le pouvais dans le hall pour l'accueillir, mais j'étais vite submergée par la présence des hommes qui pareillement, étaient venus saluer leur chef.

Quand il était dans un salon en train de fumer avec ses hommes, j'essayais de passer plusieurs fois devant la porte au cas où il quitterait les lieux et qu'on se croiserait par « inadvertance ».

Une fois, j'avais tenté de garder sa main une seconde de trop quand il était venu échanger des poignées de main au dîner et il m'avait lâché en premier. Oh, il m'avait souri. Il m'avait poliment dit : « Comment vous allez, Nera ? », mais à peine avais-je eu le temps de répondre, qu'un autre homme avait accaparé son attention.

Puis je dus regarder la réalité en face.

Il n'avait jamais été vraiment intéressé par moi. Je l'avais mal-interprété.

J'étais juste un pion.

Et lui, un homme d'affaires qui m'avait vu une dernière utilité : mes réflexes. C'était pour ça qu'il avait demandé à Dante mes progrès. Rien d'autre ne lui importait.

Je n'avais aucune valeur humaine.

Et ça m'inquiétait.

Si je ne pouvais pas capter son attention, il était inutile de penser à le séduire. S'il avait voulu d'une prostituée, je lui aurais déjà donné ma chair à utiliser. Ça aurait pris quelques minutes. Mais même ça, ça ne l'intéressait pas. Et si jamais j'agissais comme tel, c'était la porte.

J'étais finalement allée dans une des bibliothèques du Manoir. Si je n'arrivais pas à avancer dans une tâche, j'allais avancer sur une autre.

Je m'étais mise à éplucher des livres sur la botanique, la nature, la végétation et je tombai sur une liste de fleurs.

Je trouvai la rose jaune.

Une espèce rare découverte dans le Moyen-Orient avant d'être importée en Europe.

Et elle signifiait...

— Hein ? L'amitié ?

On offrait des fleurs jaunes en gage d'amitié éternelle, pour un lien chaleureux et lumineux qui ne se brisait point. Le Consigliere était venu déposer des fleurs symbolisant l'amitié sur sa tombe. L'amitié. L'amitié.

C'était une blague ?

C'était une blague.

Quelle amitié finissait par tuer le fils d'un ami après sa mort ?!

C'était de l'ironie. Ça l'était forcément. Ce chien était venu se payer de notre tête ! Le jour où on avait mis papa sous terre en plus !

Je fermai d'un coup sec le bouquin avant de le remettre rageusement sur son étagère. Je sortis de la bibliothèque d'un pas furibond, avec un goût amer dans la bouche.

Papa avait été l'ami d'un type pareil ?!

Je me sentis trahie, blessée dans mon orgueil et dans mon amour-propre.

Comment pouvait-on être ami avec des mafieux ?!

— Nera ! NERA !

Je me retournai vivement et je vis Vania la messagère, courir vers moi. Je m'empressai de me calmer pour paraître indifférente.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant