Chapitre 44 : Lucetta

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Je me regardai dans le miroir et pris une grande inspiration pour calmer les battements nerveux de mon cœur.

C'était mon premier jour en tant que garde de Lucetta et on nous avait toutes convoquées pour dix heures au troisième étage.

Le troisième étage.

Normalement réservé aux Verratti et aux gardes du corps de la Brigade Une, je venais exceptionnellement de gagner son droit d'accès en devenant la garde de la fillette.

Cette enfant m'avait ainsi permis d'accéder à l'étage du Parrain.

Je pris une autre inspiration et je m'efforçai de me concentrer sur ces micro sensations de l'instant présent. De l'air qui entrait dans mes poumons. Ouvrant ma cage thoracique. Gonflant mon ventre. Avant de ressortir par ma bouche.

— Tout ira bien, me murmurai-je à moi-même dans la salle de bain. Tout va bien se passer.

Comme ton coéquipier que tu as égorgé vivant ?

Je m'aspergeai de l'eau sur mon visage et claquai brutalement mes joues.

— C'était un ordre de Volpe. J'ai fait qu'obéir. C'était moi ou lui.

Et embrasser Luca ?

Je serrai des dents et frottai sans pitié mon visage en espérant que ma mémoire flanche.

Mais je me souvenais parfaitement de ses lèvres contre les miennes. De ses grandes mains sur mon visage. De son souffle contre ma peau. Des battements de son cœur contre mon oreille.

— Ça aussi c'était un ordre de Volpe. J'ai fait ce que je devais faire. J'ai fait ça pour la mission.

Je sursautai en entendant des coups à ma porte et j'essuyai rapidement mon visage avec une serviette avant d'aller ouvrir.

Le Capo Andrea me salua avec un grand sourire.

Cara ! Comment tu vas ? Prête pour ton premier jour ?

— Prête. Vous êtes venu me chercher ? demandai-je en le rejoignant dans le couloir.

— Juste pour faire le point avec toi.

Le point... ? Quel point ? Pourquoi ?

— Me dis pas que tu as oublié ?

Il fixa ma confusion en clignant plusieurs fois des yeux et en voyant que j'étais sérieuse, il pouffa.

— Que tu es mignonne ! Je laisse passer pour cette fois, remercie ma grande mansuétude. J'ai autorisé ton intégration à cette nouvelle escouade pour que tu découvres s'il y a une espionne chez les filles d'Ottavia.

Je me raidis instantanément en me remémorant notre discussion à la pâtisserie. C'était vrai. J'avais oublié ce léger détail.

Cet homme me suspectait.

Cet homme était un danger.

Et pour calmer ses suspicions sur moi, je devais absolument trouver l'autre personne qui cachait son identité.

Il hocha la tête, satisfait de mon expression sérieuse et il fouilla la poche de sa veste.

Il sortit un bonbon et me le tendit.

— Capo... ?

— Tu as l'air fatiguée, dit-il plus gravement. Le sucre me requinque quand j'ai un coup de mou. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

J'ai tué mon partenaire. J'ai embrassé mon patron.

— Tout va bien, répondis-je évasive en prenant sa friandise. J'ai juste des nuits difficiles en ce moment.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant