Chapitre 31 : Cruauté

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Les hommes baraqués remplirent l'espace de la boutique pour nous encercler.

— C'est quoi ce raffut ! s'exclama une voix bourrue. On peut jamais bosser sans problème dans ce quartier de malheur !

Deux hommes étaient apparus derrière le comptoir : l'employé de tout à l'heure et un homme bronzé, potelé, qui faisait ma taille, et qui était habillé d'un costume à rayures marron trop serré pour lui. Ses premiers boutons de sa chemise étaient ouverts, nous laissant voir une touffe de cheveux noirs.

Toutefois, quand son regard se posa sur nous, ou plus particulièrement sur Dante, il se paralysa immédiatement. Et pendant une fraction de seconde, de l'horreur étira ses traits avant qu'il ne se ressaisisse qu'il se retourne vers son employé pour le frapper à la tête.

— Idiot ! C'est...

— Ha ! Je savais bien que t'étais là. Ton odeur de mauviette était reconnaissable dans toute la rue Bussone.

Je vis le fameux patron serrer des points et rougir.

— Dante ! C'est comme ça que tu salues un vieux camarade ? En saccageant ma boutique ? T'as toujours été un sale clébard, tu le sais ça ?

Ils se connaissent...?

Dante ne répondit pas tout de suite.

Il jeta sa cigarette sur le plancher et l'écrasa sous l'œil du patron qui serra la mâchoire.

— Même les chiens savent repayer leur dette, déclara le Capo, nonchalant. C'est la différence entre toi et moi.

Je le vis ensuite former ses poings, prêt à se déchaîner. Les deux hommes se fixèrent et s'il y avait eu un quelconque sens de la camaraderie entre eux autrefois, eh bien... Il n'en restait plus une goutte.

— Dit celui qui a trahi son clan ! Mais dis-moi...

Il semblait enfin m'avoir remarqué.

— Qui est cette femme ? Tu t'es dégotée une chérie ?

— Je travaille pour les Verratti.

Je m'étais vue obligée d'intervenir. Je n'avais plus de fierté depuis belle lurette mais j'avais des limites et il était hors de question qu'on m'assimile à ce malade.

L'homme me fixa comme si j'étais une chose étrangère venue d'ailleurs et il jeta un œil à ses hommes, interloqué, avant de...

Rire.

Et ses hommes de mains autour de nous firent de même.

— Et la femme parle ! Voyez-vous donc ça ! À quel point les Verratti se sont affaiblis pour engager des femmes faire le boulot des h...

Sa phrase s'acheva dans un cri.

Les moqueries se tassèrent immédiatement.

Dante avait lancé un couteau qui avait atterri sur la porte en une vitesse éclair, juste derrière le patron et son vendeur. Je n'avais même pas eu le temps de cligner les yeux qu'il avait réagi.

Il aurait pu tuer quelqu'un comme ça.

Un frisson désagréable me parcourut.

Il pouvait assassiner n'importe qui quand il le voulait.

— On est pas ici pour causer, Bussone. Tu dois de l'argent au Parrain et t'es en retard. On est ici pour que tu me donnes une bonne putain de raison de pas te buter.

Cette fois, le visage du patron se raidit sérieusement, parce qu'il avait compris que son ancien camarade ne lui ferait pas de cadeaux.

Dans un silence de mort, je le vis réfléchir et son visage devint suant de seconde en seconde, sous le regard intimidant de Dante.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant