Chapitre 79 : Danger

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Luca

— Tu as une mine lugubre... Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Andrea en le rejoignant sur le balcon extérieur.

Luca était sorti prendre l'air après avoir laissé son père se reposer, n'étant pas d'humeur à côtoyer les invités pour l'instant. À la question de son ami, il inspira longuement sur sa cigarette et esquissa un sourire amer.

— Je te dois des excuses, admit-il d'une voix regrettable. Pour la dernière fois, dans la cuisine. Je n'aurais pas dû m'emporter, c'est ton travail de nous protéger des menaces. Et parfois... De nous-même.

Tout comme son père dont la vieillesse l'avait rendu complètement sénile, et sa sœur qui se laissait aller au deuil, il pouvait être aussi vulnérable qu'eux.

Il était humain.

Mais être un humain avec des qualités et des défauts n'était pas ce qu'on attendait de lui.

— Non, non, non ! Ne t'excuse pas, s'empressa de répondre son ami, avec un rire gêné. J'aurais dû faire plus attention en choisissant les filles du bordel, je suis fautif. Comme j'ai grandi dans leur milieu, j'ai tendance à baisser ma garde en voulant leur donner une seconde chance.

Luca inspira une nouvelle bouffée et il repensa à leur enfance. Andrea avait été le genre d'enfant qui n'aurait fait aucun mal à une mouche et qui aurait pleuré en voyant un chien boiter dans la rue. C'était cette bonté d'âme qui les avait rapprochés dans ce monde où avoir un cœur, était considéré comme une faiblesse.

Et pour avoir grandi ensemble, il savait que malgré ce qu'il faisait paraître, Andrea n'avait pas du tout changé.

— Au contraire. En tant qu'ami, j'aurais dû t'écouter. J'ai failli à cet honneur.

Les deux amis furent plongés dans un petit silence éloquent, contrastant au brouhaha de la réception à l'intérieur. Sa cigarette terminée, Luca la jeta par terre et elle s'éteignit dans la fine neige.

— Peut-on aimer quelque chose qu'on sait mauvais pour soi ? demanda-t-il ensuite, sombrement.

Il sentit le regard de son ami se poser longuement sur lui, probablement surpris par cette question, mais il ne fit aucune remarque.

— On peut, répondit-il après un temps de réflexion. Mais c'est être maso hein !

Luca rit brièvement, amusé par sa franchise mais son esprit restait préoccupé.

— A-t-elle fait quelque chose de suspicieux depuis son arrivée ?

Il fut tenté de sortir une autre cigarette.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été aussi sur les nerfs. Il était anxieux, inquiet, et nerveux. Cela faisait des semaines qu'il n'avait pas connu une bonne nuit de sommeil, et la crise de son père à la dernière minute le rendait encore plus tendu.

Tous les invités n'étaient pas forcément des alliés fidèles. Les inviter avait été une manière de regagner leur confiance et de les avoir à l'œil, mais la mort de Lucio et l'absence de son père dans le milieu avait rendu la position de la Famille extrêmement tangible.

— À part te suivre ? Pas vraiment. Elle a eu un petit incident avec un serveur, elle est allée aux toilettes et c'est tout.

Inviter Nera à l'Opéra et l'avoir à ses côtés avaient été un moyen de s'assurer qu'elle n'était pas impliquée dans quoi que ce soit. Mais Dieu savait qu'il avait failli être capturé par la beauté et la grâce de son visage dès qu'il l'avait vue et il s'était maudit pour ça.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant