Chapitre 77 : Entracte

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— Père ! cria Luca, inquiet en lui attrapant les épaules pour l'arrêter. Calmez-vous !

— Allez chercher le Dr. Diop ! ordonna Riccardo à Amando et Ottavia. Cela pourrait bien être une autre de ses crises !

Une crise ?

Ah... Ha ! Ha ha ha !

Une crise, oui, c'était parfait.

Je ne voulais pas savoir pourquoi ni comment il connaissait le prénom de ma mère. Je ne voulais pas savoir pourquoi il l'appelait aussi désespérément après m'avoir vu. Et ce n'était pas mon problème.

Contrairement à mon frère, je ne l'avais pas vraiment connu. Et je n'avais plus de photo pour me rappeler d'elle.

Et ça ne servait à rien de penser plus.

Je voulais ma vengeance.

Et je voulais que tout s'arrête.

Que toutes mes émotions, ma haine, ma hargne, ma rage, ma détresse, ma solitude, ma confusion disparaissent après ça.

Dans la panique générale, alors que Riccardo et Dante tenaient fermement Don Vito, que Luca essayait de lui faire entendre raison en lui rappelant qu'on était là pour fêter son soixantième anniversaire, qu'Ottavia et Amando étaient passés à côté de moi sans m'accorder un regard pour aller chercher le docteur — car évidemment, qui se soucierait d'une catin dans l'urgence ? — je repris ma descente.

Luca qui m'était de dos, serait donc ma première victime.

Tant mieux.

Il était la faiblesse de mon cœur.

Il était celui qui me rendait pathétique.

Si j'arrivais à passer ce premier obstacle, plus rien d'autre ne pourrait m'affaiblir.

— Excusez-moi !

Je fus bousculée par un serveur qui avait dévalé les escaliers et je me rattrapai de justesse à la rambarde de l'escalier quand mon pied manqua une marche.

Voici des rafraîchissements, que pouvons-nous f...

— Mon collègue vous a éclaboussé, constata un autre serveur tandis que je me relevai. Laissez-moi vous montrer les toilettes.

— Non, m'empressai-je de répondre. Ça va al...

— Laissez-moi vous montrer les toilettes, répéta l'homme plus sèchement et en m'attrapant fermement le bras.

Le ton autoritaire de sa voix me glaça le sang et je relevai les yeux sur lui, sur la défensive.

La surprise s'empara bien vite de moi en le trouvant étrangement familier, mais il ne me laissa pas le temps de réagir. Sans plus attendre, il attrapa mon bras et me fit descendre les escaliers. Il m'obligea à m'éloigner des mafieux qui ne nous remarquèrent même pas partir.

— Non ! Non ! Qu'est-ce que vous faites ?! Je dois...

Je jetai un coup d'œil désespéré en arrière, ma respiration s'accélérant brusquement.

C'ÉTAIT MAINTENANT OU JAMAIS !

Mais l'homme ouvrit la porte des toilettes et me jeta à l'intérieur. Sonnée, je fus incapable de réagir, comme si on m'avait giflée. Il vérifia ensuite les cinq cabines et quand il vit qu'il n'y avait personne, il explosa :

Cazzo ! Tu allais ruiner toute l'opération ! Tu crois que tu allais faire quoi toute seule ?! Où Volpe t'a trouvée, hein ?!

En état de choc, je lui adressai un nouveau coup d'œil et pour toute réponse, il tira sur une chaîne qu'il portait autour de son cou, sous ses habits de serveur, et me montra une chevalière similaire à la mienne.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant