Chapitre 40 : Faiblesse

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Je fixai la tombe d'Enzo qu'on venait de mettre sous terre.

Et je fis la sourde oreille aux discours que ses proches prononçaient. Je fermai les yeux quand ce fut le tour de son grand frère, un homme de la trentaine qui lui ressemblait, hormis pour ses yeux noirs et la broche sur son costume qui indiquait qu'il faisait partie de la brigade des gardes du corps.

Toutes ces personnes ne savaient pas que son meurtrier était venu à son enterrement.

Après le départ de Luca hier soir, j'avais passé une nuit atroce.

Mes paupières s'étaient alourdies par l'épuisement, et quand enfin, j'avais réussi à m'endormir, je m'étais réveillée en sueur après avoir cauchemardé sur Enzo qui était apparu pour prendre sa vengeance, en montant sur mon lit pour m'étrangler.

Tôt, le matin, j'avais profité de l'absence des hommes à l'étage pour me faufiler dans un salon doté d'un téléphone. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais appelé l'opératrice. Je n'avais pas eu trop d'espoir qu'elle me réponde, vu l'heure, mais elle avait décroché à la troisième sonnerie.

Sa voix fluette, contente de m'entendre, m'avait ôté les mots de la bouche.

— J'attendais ton appel ! Quel hasard qu'on se soit rencontré au manoir... ! Pour tout te dire, tu es la seule bonne chose qui me soit arrivée depuis une éternité ! Comment tu vas ?

Je n'avais pas répondu.

J'avais complètement oublié notre rencontre.

Elle remontait à deux jours, et pourtant, j'avais l'impression qu'une éternité s'était écoulée. Que j'avais quitté une vie, pour une autre.

— Je suis désolée d'ailleurs, avait-elle continué, gênée, prenant mon silence pour du jugement. Mon père... Il n'a pas fait très bonne impression, pas vrai ? Il ne jure que par les Verratti... Comme s'il était leur esclave. J'ai vraiment honte parfois... Mais le pire, c'est qu'il n'a pas un mauvais fond. Il est juste si aveugle ! Il boufferait dans les mains de ces mafieux s'il le fallait !

Toujours aucune réponse.

J'avais eu du mal à l'écouter. Catarina se trompait sur moi. La « seule bonne chose » qui lui était arrivée ?

Elle ne savait pas encore ce que j'avais fait.

Sinon, elle n'aurait jamais dit ça.

— Pardon, je monopolise la conversation, pas vrai ? Tu voulais rapporter quelque chose ? Ou laisser un message à Volpe ?

Immédiatement, un haut-le-cœur m'avait saisi et j'avais senti mes jambes trembler. J'avais tenu le téléphone et je m'étais effondrée sur le fauteuil à côté du combiné, incapable de tenir debout.

Incapable de respirer convenablement. Des points noirs étaient apparus dans mon champ de vision et elle m'avait entendu inspirer et expirer de plus en plus rapidement.

— Il s'est passé quelque chose... ? avait-elle finalement demandé, sérieusement.

Qu'aurais-je pu lui dire ? Que j'avais... J'avais tué mon partenaire ? Que j'avais commis le pire crime de l'humanité qui existait ? Non. Je n'aurais pas pu lui dire ça et ruiner l'image qu'elle avait de moi. Puis si je l'avais fait, je me serais mise à éclater en sanglots dans le salon, attirant l'attention sur moi.

— Non..., avais-je douloureusement soufflé, en enfonçant mes ongles dans l'accoudoir en cuir. Rien. Et j'espère... Que tout va s'arranger pour ton père.

Cette fois, ça avait été elle qui ne m'avait pas répondu. Elle avait compris que quelque chose n'allait pas et elle m'avait déclaré d'une petite voix hésitante :

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant