Chapitre 37 : Faute

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Dans la vie d'un menteur, il y avait ces moments où on savait que l'on pouvait encore improviser et duper son entourage à force de quelques détails par-ci par-là. Et parce que des fois, ceux qui nous entouraient préféraient le doux mensonge plutôt que la cruelle vérité, ils nous facilitaient la tâche.

Et puis il y avait ces moments où au contraire, on réalisait que la supercherie ne prenait plus. Que l'illusion ne pouvait plus durer, car l'envers du décor avait déjà été découvert et qu'il était trop tard pour chercher des excuses.

Ce moment quand on était attrapé dans notre mensonge.

Et que c'était fini.

Je fixais Enzo et en même temps, j'avais l'impression d'être loin. Si loin de lui, pensant déjà à ce qu'il m'arriverait quand on apprendra la vérité. Je pensai d'abord à Luca. Et mon estomac se tordit de douleur et d'anxiété parce qu'il serait capable de me tuer pour ma trahison comme il me l'avait clairement dit. Puis je pensai à mon frère et à mon père, car j'étais juste au début de mes découvertes et que j'avais tant de choses à apprendre.

Ça ne pouvait pas se finir ici.

Ça ne pouvait pas se finir maintenant.

— On peut pas faire confiance aux bonnes femmes, je le savais ! Sale traîtresse ! Sale pute ! Sale vendue !

Je le laissai m'insulter, figée.

Je l'entendais à peine, à vrai dire.

— C'est à cause de toi qu'on s'est fait attraper ! Tu nous as dénoncés !

Non !

T'es derrière l'attaque de l'usine aussi ?! T'as fait exprès de te prendre une balle hein ?! Pour avoir les grâces du boss !

Non ! Non ! NON !

T'es finie ! cracha-t-il avec un rire satisfait qui déforma son visage. Tu faisais la maligne, mais au final, t'étais juste une fraude. L'organisation laissera pas passer ça, traîtresse !

Je le vis tourner les talons et quitter la salle. Je le vis fuir. Et je ne fis rien.

Le choc et les émotions avaient pris le dessus alors qu'on m'avait répété que les sentiments venaient après, dans une mission. Que ce soit pour la Garde ou les Verratti. Mais c'était plus fort que moi. Je n'arrivai pas à y croire.

J'avais été découverte.

NERA ! rugit Volpe derrière moi. RATTRAPE-LE !

Mon mentor lui-même était revenu et il courut pour attraper Enzo. Et c'était quand il me bouscula au passage que mon cerveau sortit de sa torpeur et que je me ruai aussi.

Mais je ne voyais pas où j'allais.

J'avais l'impression de nager en plein délire et je sentais quelque chose écraser ma gorge, couper ma respiration, remplir mes poumons comme si je me noyais. Plus je courrais dans l'obscurité, plus j'avais l'impression de mourir.

Mourir dans d'atroces souffrances.

Quand Enzo découvrit que nous étions à ses trousses dans la salle d'après, il accéléra l'allure et tenta de crier le nom des autres hommes, mais ce fut peine perdue. Il était encore loin des escaliers et du hall.

Volpe profita de sa panique pour réduire la distance entre eux et quand il fut à sa portée, il l'attrapa par la veste avant de le tirer violemment en arrière.

Enzo se débattit, mais mon mentor lui donna une gifle au visage avant de le traîner de force pour l'éloigner du hall.

J'avais arrêté de courir et je les regardai tous les deux, haletante et en sueur.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant