Fiore était une grande ville portuaire dans le nord-est de l'Italie.
Ses activités maritimes et économiques faisaient la richesse de la ville. Mais quiconque la visitait, voyait qu'on changeait rapidement d'atmosphère dépendant d'où on allait.
La Maison Rouge était située à l'ouest, dans un quartier pour la classe ouvrière et la petite bourgeoisie. La rue regroupait des hôtels pour les petits budgets, des restaurants, des bars, et d'autres bordels plus loin. On les reconnaissait grâce à leur lanterne rouge au-dessus des portes.
Et dans cette partie de la ville, il n'était pas rare d'avoir un café ou un restaurant de façade qui dissimulait des tanières de gangs. En tant qu'habitante, c'était de coutume de se faire avoir au moins une fois.
Dans le nord de Fiore, il y avait le quartier asiatique qui avait ses propres règles, surnommé le Chinatown. Il avait pris de l'ampleur ces dernières décennies avec l'immigration chinoise en Europe, l'essor des restaurants orientaux, mais aussi des salons de massage, des drogueries, des fumoirs et des clubs privés.
On disait que le Gang des Dragons régnait sur ces commerces.
Et enfin, au centre de Fiore, c'était le territoire des Verratti.
Mais ces quartiers n'étaient pas réservés à la Famille : tout le monde pouvait entrer et des mafieux de l'organisation faisaient des rondes pour faire régner l'ordre.
J'étais déjà venue sur leur territoire avec Raf pour célébrer la fête annuelle de Fiore que les Verratti avaient l'habitude d'organiser, et j'avais trouvé l'endroit magnifique, presque magique.
Je me souvenais des rues commerçantes pleines d'ambiance, des familles qui se promenaient sans se soucier de quoi que ce soit et des enfants qui s'amusaient en courant partout.
Mais maintenant que j'avais grandi, ça me rendait aigri.
Tous ces gens qui y habitaient, étaient des complices de la Famille, vivant sous leur protection.
J'étais en train de marcher en ville, d'un pas pressé, mes petits talons d'escarpin claquant le pavé.
Vêtue d'une robe midi ceinturée en tweed, boutonnée jusqu'au col, je fourrai mes mains dans les poches de mon manteau d'hiver, et je me fondis dans la masse des ouvriers qui rentraient chez eux ou qui allaient se décompresser au bar.
J'ignorai l'odeur du pain chaud qui fit gargouiller mon ventre en passant devant une boulangerie et j'arrivai à la boutique « Santoni ».
C'était un tailleur qui était affilié à la Garde.
Pour mon premier rendez-vous avec Volpe, Pearl m'avait donné des instructions précises que j'exécutai, au moment où j'ouvris la porte en verre et que la petite cloche annonça ma présence.
La boutique n'avait aucun client.
Derrière le comptoir, un homme qui avait un mètre autour du cou, en plein travail, m'accueillit. Je le saluai et cognai discrètement la table trois fois, en laissant une pause entre le deuxième et troisième cognement.
Il comprit immédiatement.
Sans se dépeindre de son sourire professionnel, il me fit contourner le comptoir et me guida dans l'arrière-boutique. Et au milieu des mannequins et des rouleaux de toiles, je le vis ouvrir une petite trappe pour accéder au sous-sol.
Je descendis l'escalier.
La lumière avait déjà été allumée, et je fus surprise de voir devant moi, une grande pièce aménagée en deux espaces.
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LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]
Ficción históricaLa ville portuaire de Fiore est souillée, sous l'emprise de la pègre : jeux d'argent, prostitution, combats clandestins, les activités illégales pullulent depuis plus de vingt ans. Au milieu de tout ça, Nera, une jeune habitante de 23 ans voit sa vi...