Chapitre 33 : Origines

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Luca

Luca regarda les photos des disparus données par leurs proches, les feuilles de rapport, les témoignages écrits et la carte de Fiore où plusieurs zones avaient été entourées, correspondant aux endroits où les victimes avaient été vues pour la dernière fois.

Bien que le pouvoir et la réputation crainte des Verratti s'étendaient au-delà de leur territoire, le contrôle lui était quelque chose de différent.

Son père s'était peut-être débarrassé des deux autres familles mafieuses, il n'en restait pas moins qu'il était impossible de contrôler chaque rue, chaque commerce, chaque recoin, chaque clan, chaque groupe à moins d'avoir une ressource hors norme d'hommes.

Ce qui n'était pas le cas.

Ainsi, il y avait des parties récalcitrantes avec qui il fallait gérer avec prudence, comme la police qui avait réussi à embarquer Ruffino Longato ou le Chinatown, un quartier majoritairement habité par une petite diaspora chinoise. Un quartier très discret mais surveillé par des hommes d'un gang qui avait aussi vu le jour : le Gang des Dragons.

Il existait plein de groupes de malfrats indépendants dans la ville et au lieu de les éliminer, son père avait décidé d'en tirer profit. Ils devaient s'acquitter d'une commission chaque mois s'ils voulaient subsister dans Fiore.

Cela avait été pareil avec le gang des Dragons jusqu'au jour où des rumeurs s'étaient répandues sur ce qui se vendait derrière les maisons de massage et de prostitution.

Les Dragons avaient osé faire du commerce avec deux choses que son père avait interdites et que les Verratti surveillaient minutieusement.

L'année dernière, Lucio avait été prêt à faire un raid dans leur quartier et à détruire ce gang une bonne fois pour toute, mais il avait trouvé la mort avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Et sa mort... Sa mort avait mis momentanément en pause les affaires et les représailles, tant cela avait affecté le Parrain.

Sauf que maintenant, c'était lui qui allait devoir s'en charger.

— On est à combien de signalements ? demanda-t-il, les sourcils froncés, en parcourant les documents.

— Neuf, répondit gravement Gregorio. Dont un jeune garçon de douze ans. Sa mère est allée le signaler à Ottavia qui faisait sa ronde, hier. J'ai fait marcher mon réseau, mais ça n'a rien donné. Il n'y a aucun témoin.

Pas de témoin.

Ce qui signifiait que les disparitions avaient été provoquées, orchestrées, travaillées, sans que personne ne les voit. Pour le moment, toutes les pistes étaient possibles : d'un tueur en série à des trafiquants.

Ayant grandi dans un monde de ténèbres où on ne pouvait faire confiance à personne, uniquement à l'organisation, il connaissait la noirceur de l'Homme.

De ses vices. De ses sombres péchés et des esprits tordus.

Il était bien conscient qu'il n'était pas un enfant de chœur non plus, que ses yeux avaient vu bien trop de choses pour redevenir ignorant grâce à la cruauté de son père.

Mais il savait aussi qu'il y avait bien pire que sa famille, en-dehors du territoire.

Des mafieux sans principes.

— Cette affaire est notre priorité. Reconstituez les chemins que les victimes ont pris, cherchez les moyens d'échappatoire, je veux un rapport avant la fin de journée. Dis à Dante et Ottavia de mettre leurs équipes mixtes à contribution.

— C'est comme si c'était fait, Boss.

Le Capo des informateurs baissa un moment la tête pour le saluer, mais Luca ajouta :

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant