Chapitre 11 : La danseuse

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Ma mère avait été une tzigane.

Elle était née en Bulgarie et du peu que je savais d'elle, elle avait grandi dans une communauté de nomade avant de rejoindre une troupe d'artistes qui parcourait l'Europe.

Ma mère avait été une danseuse.

Une danseuse à la peau bénite par le soleil. Une danseuse aux cheveux noirs bouclés, volumineux et rebelles que mon frère avait hérités.

À un moment dans sa carrière, elle était arrivée à Fiore avec sa troupe. Et elle avait capturé l'attention de mon père dans le public. Assez pour qu'il fasse sa vie avec elle et qu'elle abandonne sa troupe pour le suivre et donner naissance à deux enfants.

Aujourd'hui, l'un d'eux était mort.

L'autre était en train de tomber en disgrâce, par tous les tabous qui auraient souillé sa réputation.

En rentrant au bordel, j'étais allée nettoyer le sang sur la seule paire de chaussures que je possédais. Puis j'étais allée vomir. Vomir ses pleurs. Vomir ses hurlements. Vomir son visage figé et ses yeux écarquillés qui ne voulaient pas me quitter.

J'avais vu une personne se faire tuer.

Une personne qui m'avait suppliée juste avant de mourir.

Volpe m'avait mis en garde de nombreuses fois que j'allais jouer ma vie sur le terrain. Que la vengeance et le désir de nuire n'étaient pas comme dans ces polars bas de gamme destinés à divertir l'humeur.

Mais il ne m'avait pas dit que j'allais jouer avec la vie des autres.

Et aucun de ces avertissements n'aurait pu me préparer à la réalité. Parce que la réalité, c'était que n'importe qui, qui possédait une arme et l'envie de commettre un meurtre, pouvait tuer.

La réalité, c'était que, comme Jemma, je ne valais absolument rien.

Les prostituées étaient au bas de l'échelle sociale alors qu'on exerçait le métier le plus vieux du monde.

Des fois, je pensais être différente d'elles, car j'avais un but. Mais c'était faux. On était prostituée ou on ne l'était pas. Il n'y avait pas d'entre deux, on ne pouvait pas vendre notre corps pour manger et se dire qu'on était différente.

Et chaque jour, je voulais rentrer chez moi.

Je voulais serrer mon frère. Je voulais dîner avec lui. Je voulais l'entendre me parler de sa journée. Je voulais rire avec lui. Je voulais me plaindre pour qu'il me réconforte. Je voulais dormir dans mon propre lit. Je voulais être choyée.

Je voulais Raf.

Mais je n'avais jamais été aussi seule que maintenant.

Et ça me donnait envie de pleurer.

À la place de mon foyer, j'étais allongée sur le dos, regardant le plafond, la couverture cachant à moitié mon corps nu, avec un homme qui baisait l'intérieur de mes cuisses. Mes mains étaient enfouies dans ses cheveux roux cuivrés et j'essayai de maîtriser mes petits soupirs qui quittaient mes lèvres.

Zeta et moi avions été prises toutes les deux, mais on nous avait congédiées à la Maison Rouge jusqu'à nouvel ordre. Nous qui pensions pouvoir quitter le bordel à la minute où on nous avait donné le verdict, la réalité nous avait frappées une nouvelle fois.

Nous étions des simples catins à qui on ferait appel quand il le fallait.

Doll, je vous sens bien loin de moi ce soir, remarqua mon client contre ma peau.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant