Chapitre 74 : L'Opéra

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Le premier indice qui aurait dû me mettre la puce à l'oreille que les choses n'allaient pas se passer exactement comme prévu, fut quand les hommes de Dante qui vérifiaient l'identité des invités à l'Opéra, m'annoncèrent :

— Tu seras dans la loge impériale, avec les Verratti. Allez, passe !

Luca m'avait autorisée à venir au réveillon, mais il ne m'avait jamais dit que je serai en première loge avec lui. Une proximité avec eux signifiait abandonner toute discrétion.

— Attends, m'arrêta un deuxième mafieux. Fais voir ton sac.

— Vous croyez vraiment que je vais cacher quoi que ce soit dedans ? J'ai pu à peine mettre un miroir et un mouchoir...

— T'es pas la seule. Ce sont les ordres. On vérifie tout le monde, même les invités des Verratti.

J'ouvris mon sac et le fixai tandis qu'il jeta un œil. Allez, j'avais peut-être menti. En plus du miroir et du mouchoir, il y avait du rouge à lèvres. Il grommela que je pouvais continuer et je quittai enfin la sécurité, en ignorant le fait que j'avais accroché un porte-couteau sur ma jarretière à la cuisse, sous ma robe en soie dorée clair.

Ses manches s'arrêtaient sur mes avant-bras et je sentais l'air frôler mon dos nu. J'avais donné mon manteau au vestiaire et je regrettai mon décolleté en V légèrement plongeant quand je vis les robes des autres femmes qui étaient plus discrètes.

Cécile m'avait offert une de ses élégantes robes qu'elle ne mettait plus, mais elle était légèrement trop grande pour moi. Elle traînait de quelques centimètres derrière moi, malgré mes escarpins.

Quand j'entrai dans la grande salle, je m'arrêtai un instant, figée, hébétée, subjuguée par la beauté divine des lieux. Elle était somptueusement éclairée par des lustres dorés, avec des plafonds peints de scènes antiques, d'anges et de dieux.

Au cœur de la pièce, un immense escalier en marbre nous tentait de le monter pour aller à l'étage supérieur. Des guirlandes de Noël habillaient les rampes et de nombreux invités avaient pris place sur les balcons et buvaient du champagne.

Je balayai rapidement la salle du regard à la recherche de ma cible, mais comme prévu, il n'était pas encore arrivé. Toutefois, je ne pouvais pas me reposer sur mes lauriers.

Je devais garder la tête froide.

— Pourras-tu le tuer ? m'avait demandé Volpe.

Nous nous étions revus la veille. À trois heures du matin. Dans une de nos planques, dans la cuisine d'un restaurant d'un contact de la Garde pour éviter de multiplier mes visites au bordel. Assis sur deux tabourets, nous avions revu ensemble le plan.

Je n'avais pas bronché à sa question.

— Dans la possibilité que l'héritier des Verratti ne soit pas dans la voiture avec le Parrain au moment de l'embuscade, pourras-tu le tuer ? avait-il répété.

Sa voix avait été pleine de scepticisme.

Il savait que j'avais ôté la vie d'un homme. Il savait que j'avais été dévastée en tuant Enzo alors que je ne l'avais jamais porté dans mon cœur.

Mais pour Luca Verratti, c'était différent.

Il avait tué Raf.

Il devait payer.

Pourrais-je le tuer ? Ça n'avait pas d'importance. Je le tuerai. Sans réfléchir. Point.

— Oui. C'est mon but depuis le début. Venger mon frère. Rien ne change.

Il m'avait scruté un moment avant de me montrer la carte de Fiore et d'entourer le manoir et l'Opéra.

Lui et ses collègues embûcheraient les deux routes que le Parrain et ses gardes du corps pourraient prendre pour aller à l'Opéra.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant