Chapitre 36 : Repaire

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— La survie des disparus est notre priorité.

Voilà ce qu'on nous avait dit, au lendemain de nos rapports quand la Famille décida de passer à l'action.

Trois endroits dans Fiore avaient été notés comme suspect : un bordel dans la Cité de Suie, un club privé dans le Gloria chez les riches et les égouts qui menaient à un bâtiment abandonné au Chinatown.

Luca, Dante et Ottavia avaient fait appel aux équipes mixtes et ils s'étaient partagé les équipes. Comme ma destinée était d'écoper de toutes les missions où je sentais mauvais, bien sûr, je m'étais retrouvée dans la faction de Luca avec ses gardes du corps, Enzo et Clemente, destination les souterrains.

On nous avait donné un bandana à mettre sur le visage pour protéger nos voies respiratoires et on avait suivi l'odeur herbacée dans les égouts. Après une vingtaine de minutes à marcher à côté d'un canal et des rats, on avait trouvé une échelle de sortie.

Une fois à l'extérieur, on avait découvert un endroit en ruine, à l'extrémité du Chinatown.

Nous étions dans une petite cour arrière d'un bâtiment à deux étages qui présentait des traces de destruction, et la nature avait commencé à reprendre ses droits.

Mais ce qu'on retrouvait dans la cour indiquait que ce n'était pas juste un hangar ou un immeuble. Il y avait des lavabos sales, des robinets rouillés, des tuyaux, des placards en bois brisés et ça sentait les produits chimiques.

Ça, c'était une odeur récente.

On entra à l'intérieur et il ne fallut pas plus pour comprendre où nous étions.

Dans un laboratoire à l'abandon.

— Dispersez-vous en équipe et vérifiez le rez-de-chaussée, ordonna Luca.

Les hommes hochèrent la tête et je rattrapai Enzo et Clemente qui partaient dans une direction, en essayant de ne pas trop me faire remarquer.

Depuis ce qu'il s'était passé entre nous, j'avais eu le temps de reprendre mes esprits. Et de m'insulter toute la nuit. Je n'arrivais toujours pas à croire que, juste parce qu'il avait eu l'air attentionné, je l'avais laissé... Je l'avais laissé me toucher.

Et sa menace sous forme de « conseil » avait été très claire : s'il me suspectait d'une quelconque trahison, il me tuerait.

Tu parles d'une amitié !

Quand je rejoignis les deux garçons, Enzo m'accueillit avec un regard noir qui pouvait bien me dire : « Tu veux quelque chose, femme ?! ».

Depuis que nous avions quitté le Manoir, il essayait de faire bonne figure. Il prétendait aller bien, mais je le savais. À chaque fois qu'il faisait un mouvement avec son bras cassé, ses lèvres fermées essayaient tant bien que mal de dissimuler une grimace.

Il se pourrait bien que j'eusse été trop dure avec lui. Et je le regrettai un peu. Mais ça, jamais je ne l'avouerai et je me retournai vers Clemente.

Le pauvre garçon sursautait au moindre bruit.

— Hé, ça va ? lui soufflai-je.

Des mois de cela, je l'aurais ignoré. Mais notre relation avait changé, ou j'avais changé par rapport à lui. Il m'avait toujours respecté et de toutes les personnes que j'avais rencontrées dans mon infiltration...

Clemente était le seul qui provoquait de l'hésitation en moi.

Il était bien trop gentil pour le monde de la pègre et ça m'en était insupportable. Ce que j'avais fait pour obéir aux ordres, il ne pourrait pas le faire. Ou plutôt, je ne voulais pas qu'il le fasse.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant