- Bien, se réjouit l'ancien. Tu m'en vois ravi.
Tout le monde se détendit et afficha un large sourire.
- Bon, je vais devoir te laisser, poursuivit-il en se relevant. J'ai encore du travail qui m'attend, mais n'hésite pas à passer me voir si tu as d'autres questions. Je ne voudrais pas te submerger avec tout ça dès ce soir. Tu auras largement le temps d'apprendre.
Il m'adressa un signe de tête avant de s'en aller vers le fond de la salle, où il disparut par une ouverture sur la droite. Je secouai la tête pour me remettre les idées en place. Quelques personnes se levèrent et s'éparpillèrent par petits groupes, sans quitter la pièce pour autant. Il y avait beaucoup trop de monde à mon goût. Je ne désirais qu'une chose, rester seule pour fuir tous les regards. Quoique, j'aurais encore pu tolérer la présence de Gabriel. Celui-ci se rapprocha de nouveau et m'adressa un mince sourire.
- Ça va ? me demanda-t-il finalement.
- Plus ou moins, opinai-je. Si ce n'est que je commence à me geler dans mon haut trempé.
- C'était le mien, je te signale, intervint une jeune fille.
Je me retournai vers elle lorsque j'entendis sa voix s'élever dans mon dos – il y avait bien longtemps que j'avais quitté l'incommodité de ma position initiale pour m'asseoir correctement, les jambes sous la table. Je la considérai attentivement. Ses yeux marron clair me fixaient avec intensité – et autre chose que je ne tardai pas à reconnaître comme de la désapprobation. Son dégradé roux qui tirait sur le châtain lui arrivait à hauteur des épaules. Elle ébouriffa ses cheveux en y passant une main légère, ce qui lui donna un style savamment décoiffé. Son autre bras était fermement enroulé autour du cou d'un jeune homme brun qui la dépassait d'une bonne tête. Ils formaient un couple bien assorti – j'étais capable d'en juger, même si c'était la première fois que j'en voyais réellement un. Je lui adressai un sourire contrit.
- Je suis vraiment désolée, m'excusai-je. Je ne me sentais pas très bien tout à l'heure...
- Ça ne fait rien, me coupa-t-elle en haussant les épaules.
Elle avança ses lèvres charnues vers le brun, qui approcha son visage du sien pour l'embrasser. Je baissai les yeux, gênée.
- Ne t'en fais pas pour elle, déclara-t-il tout-à-coup, son bras glissé autour de la taille de la jeune fille. Elle a une sacrée quantité de tenues autrement plus belles que celle-là pour la regretter vraiment. Même si tu es très bien dedans, ajouta-t-il avec un sourire malicieux.
Je fronçai les sourcils. Je ne voulais surtout pas me faire de films – pas si vite après avoir été fraîchement débarquée –, mais ce que je souhaitais par-dessus tout, c'était que lui non plus ne s'en fasse aucun. À en juger par la moue furieuse de sa petite amie, je compris qu'elle avait perçu son ton de la même manière. Sauf que son regard meurtrier n'était pas posé sur lui en cet instant. En se dégageant brutalement, elle tourna les talons et s'en alla par l'une des ouvertures pratiquées dans la roche au fond à droite de la salle.
- Brooke ! lui cria-t-il d'un ton las.
- Elle a vraiment l'air en pétard, fit remarquer Gabriel.
- Je n'y comprends rien, j'ai juste dit qu'elle était...
- Va la rejoindre, Enrique, insista-t-il d'une voix plus dure, l'air bizarrement protecteur – même si je ne sus dire à l'égard de qui.
À la mention de ce prénom, je sursautai violemment, ce qui échappa au brun en question, vu qu'il avait déjà tourné les talons pour suivre le conseil qu'il venait de recevoir. J'eus envie de courir le rattraper et de lui faire immédiatement payer ce qu'il m'avait fait. Mais je me rappelai brutalement ma promesse. Cette fichue promesse ! Pourquoi fallait-il donc que je me décide à jouer les personnes de parole ? Je savais cependant qu'il n'y avait pas que cela en jeu. Il était aussi question de ne pas m'attirer d'ennuis – même si je pouvais raisonnablement espérer être hors de cause, à présent.
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PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminé
Science FictionEireen vit depuis toujours dans un Centre de Conditionnement sans en connaître la raison. Lassée de cette vie coupée du monde, elle se voit offrir à son dix-septième anniversaire la chance inespérée d'obtenir des réponses à ses questions. Brusquemen...