17. L'AFFRONTEMENT FINAL (PARTIE II)

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Mon sommeil fut tourmenté. Je vivais le cauchemar le plus étrange de toute ma vie. J'étais dans une espèce de brouillard gris, dont certaines parties devenaient noires et se détachaient comme des algues en décomposition. À chaque fois que j'essayais d'avancer pour me sortir de là, ma jambe blessée semblait subir la gravité de façon plus frappante. Dès que j'inspirais plus profondément sous la peur, un éclair rouge-orangé me traversait de part en part et brûlait la moindre fibre de mon corps.

À un moment donné, la douleur devint trop forte. Je me relevai en position assise, ruisselante de sueur. J'avais l'impression d'être en flammes intérieurement, de telle manière que je craignais que ma blessure ne se soit infectée pendant la nuit. Sauf que ce que j'avais sous les yeux ne semblait rien avoir avec ça.

Skyler passa un bras autour de ma poitrine pour me retenir, alors que je haletais pour essayer d'évacuer la douleur.

- Qu'est-ce que vous faites ? paniquai-je en découvrant Yann et Gabriel en train de m'empêcher de convulser, alors qu'un autre type au crâne rasé, que je ne connaissais pas, avait une main posée de chaque côté de ma plaie – qui entamait de son côté un long processus de fermeture.

- Essaie de faire vite, le supplia Kyle en me retenant contre lui.

- Je fais ce que je peux, assura l'inconnu.

Je poussai une longue plainte lorsque je sentis mes chairs s'étirer et se refermer à un rythme incroyablement lent. La douleur fut telle que je sombrai de nouveau.

Je me réveillai quelques heures plus tard, sans remarquer la présence de quiconque hormis celle de Skyler. La souffrance avait enfin disparu – du moins, tant que je ne bougeais pas la jambe. J'exerçai une faible pression sur nos mains entrelacées, ce qui sortit immédiatement mon compagnon de son demi-sommeil.

- Ne me demande pas si j'ai bien dormi, plaisantai-je faiblement.

- Ça va mieux ? s'enquit-il dans un souffle.

J'effleurai des doigts le pli d'inquiétude qui barrait son front et hochai la tête.

- Qu'est-ce que c'était que ça ? soufflai-je, épuisée rien qu'à l'idée de ce que l'on m'avait infligé.

- C'était Megan, me renseigna-t-il en s'asseyant sur le lit. Le prodige de notre groupe.

- Comment il a fait pour...

Je laissai ma phrase en suspens, pas certaine de trouver les bons mots.

- Je crois qu'il utilise l'énergie vitale produite par les cellules de ton corps pour réactiver celles qui sont dégénérescentes. Il a du mal à l'expliquer lui-même, rit-il en caressant mon visage.

Je sentis la vague de lave familière balayer la moindre de mes terminaisons nerveuses. Comment avais-je pu accepter, supporter même l'idée d'être séparée de lui ?

- À quoi tu penses ? m'interrogea-t-il finalement, alors que je n'arrivais pas à détacher mon regard du sien.

- Au fait que je suis une abrutie, avouai-je dans un soupir.

Il fronça les sourcils en esquissant un sourire.

- D'être partie sans te prévenir, précisai-je.

Son sourire s'atténua en partie.

- Ça, je ne te le fais pas dire. Bien que ce ne soit pas le terme auquel j'avais songé au départ, c'est à peu près l'idée que j'avais de toi lorsque je me suis réveillé, et que je me suis rendu compte que tu t'étais éclipsée.

Je rentrai la tête dans mes épaules.

- Je t'avais laissé un mot pour t'expliquer pourquoi, risquai-je.

PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant