Je remarquai au passage combien ma capacité auditive s'était améliorée depuis mon réveil. Je ne savais pas à quoi cela était dû, mais ce qui était certain, c'était que je percevais bien mieux les choses qu'auparavant. À moins que les bruits ne fussent si rares autrefois que je ne me rendais même pas compte à quel point ils pouvaient être clairs. Toujours était-il que ce froissement m'inquiétait. Cela ne m'évoquait rien de précis, et c'était justement pour ça que je ne me sentais pas rassurée. Je me demandais encore comment j'avais pu en arriver là. Pourquoi je ne m'étais pas contentée de me taire ? Ça m'aurait évité pas mal d'ennuis.
J'entendis bientôt un frottement, et une flamme s'éleva au milieu de la pièce. Gabriel tenait un briquet à la main et cherchait à voir où je me trouvais. Je constatai à la faible lueur que l'objet dégageait que j'avais bien mis le plus de distance possible entre lui et moi, autant que je pouvais raisonnablement l'espérer dans une pièce aussi exigüe. Grâce à la faible clarté, mes yeux s'habituèrent enfin à l'obscurité environnante. Je remarquai que de grandes armoires métalliques étaient alignées contre les murs, mais ce qui retint véritablement mon attention, ce fut la porte qui se trouvait juste à côté de moi entre deux de ces armoires. Une pièce à deux issues. C'était une vraie chance pour moi – une véritable première, dans mon cas. Je me préparai à fuir à la première occasion.
- Excuse-moi, déclara-t-il tout à coup. Je ne voulais pas te faire de mal.
Je ne répondis rien, mes yeux faisant l'aller-retour entre la poignée de la porte et son visage où dansait l'ombre fantomatique de la flamme.
- Vraiment, insista-t-il.
Malgré moi, je lâchai un rire hystérique. Les nerfs, sans doute.
- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, maugréa-t-il en haussant les sourcils.
- Moi non plus, rétorquai-je, ma voix recouvrant peu à peu sa dureté. Au contraire, c'est triste à pleurer. J'avais une vie bien tranquille jusque-là, loin d'être merveilleuse, mais je ne pouvais pourtant pas trop m'en plaindre – quoique... Et puis, un beau jour, quatre cinglés et une folle complètement arnaquée essaient de me tuer au beau milieu de la nuit. Je me réveille dans un endroit que je ne connais pas et moins de dix minutes plus tard, je me retrouve avec un cinquième fou furieux, qui me propulse dans le décor et qui voudrait me faire croire qu'il ne me veut pas de mal. C'est un bon résumé, qu'est-ce que tu en penses ? C'est vraiment un merveilleux cadeau d'anniversaire !
- Tu te trompes sur mon compte, se défendit-il. J'ai été un peu brusque, je le reconnais, mais je ne voulais pas que tu nous fasses remarquer.
- Et je peux savoir pourquoi ?
Mon regard revenait se poser de plus en plus souvent sur la sortie de secours. Gabriel s'approcha lentement et vint s'asseoir en tailleur devant moi. J'aurais dû m'enfuir avant au lieu de bavarder. Si j'essayais de m'en aller maintenant, il n'aurait aucun mal à m'en empêcher. Je venais de rater ma chance. Lentement, il avança la flamme en direction de mon visage.
- N'approche pas ce truc de moi, fis-je en repoussant son bras.
- Pas la peine de te braquer, répéta-t-il pour la deuxième fois de la journée. Je veux juste comprendre...
- Comprendre quoi ? m'énervai-je.
- Écoute, j'ai juste besoin que tu me dises tout ce dont tu te rappelles, éluda-t-il.
- Avant mon réveil ? compris-je en tâchant de sonder ses intentions.
Je parvins à me détendre un peu. Il n'avait vraiment pas l'air de vouloir me tuer – pour le moment, du moins. Quoique, cela avait l'air d'aller plus loin que ça. Il me paraissait presque... sincère. C'était vraiment bizarre.
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PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminé
FantascienzaEireen vit depuis toujours dans un Centre de Conditionnement sans en connaître la raison. Lassée de cette vie coupée du monde, elle se voit offrir à son dix-septième anniversaire la chance inespérée d'obtenir des réponses à ses questions. Brusquemen...