6. VOYAGE (PARTIE I)

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Le soleil dardait ses rayons brûlants sur ma peau ruisselante. Je n'aurais su dire si c'était le stress ou la chaleur écrasante qui me faisait transpirer de la sorte – un peu des deux, probablement. Et dire que je venais tout juste de prendre une douche...

Je redescendis la pente qui menait vers notre « hangar » à voitures, sorte de parking semi-souterrain. Le complexe était d'une taille tout à fait respectable, et le nombre de véhicules qui y étaient abrités excédait facilement la cinquantaine. L'avantage de ce genre d'endroit avec une journée comme celle d'aujourd'hui résidait dans le fait que l'humidité y était permanente et rafraîchissait un tant soit peu l'atmosphère – détail qui devait se révéler nettement moins agréable les jours de pluie. Prise de vertige, j'allai m'appuyer contre un mur et regardai Zane et Luther terminer les derniers préparatifs du voyage. Candy glissa son sac-à-dos sur ses épaules pour vérifier l'ajustement des sangles et se décida finalement à les resserrer. Elle le plaça ensuite dans le coffre de la voiture, sa queue de cheval se balançant à chacun de ses mouvements. Nous avions toutes les deux revêtu le même look pour cette expédition, jean noir et débardeur blanc. Je lui avais néanmoins préféré une pince pour retenir mes cheveux et profiter au maximum des courants d'air sur ma nuque.

- Ça va ?

Gabriel venait de poser ses mains sur mes épaules et me scrutait attentivement.

- Dans la mesure où tu m'as posé exactement la même question il y a moins de trois minutes, je te dirai que la réponse n'a toujours pas changé, ironisai-je en fermant les yeux.

- Comment tu veux que je me contente d'un « à peu près » ? Ça ne veut rien dire, sinon que je suis censé m'inquiéter.

J'attrapai son bras et l'entraînai avec moi entre les rangées de BMW noires.

- Tu n'as pas à t'en faire, lui garantis-je en avançant lentement. Je me débrouillerai pour m'en sortir vivante.

- Tu crois que je te sous-estime au point de penser que tu n'y arriveras pas ? fit-il mine de s'offusquer. Je veux, que tu vas t'en sortir ! À vous deux, la fille ne devrait pas faire long feu, ajouta-t-il en désignant ma compagne de route.

Je ne relevai pas lorsqu'il mentionna que la cible était une femme. Il avait beau vouloir paraître confiant, je savais qu'il s'inquièterait davantage encore si je lui avouais que la cible était un homme. Et en plus, ce n'était pas un détail dont il était censé être au courant.

- Ce sera une partie de plaisir, renchéris-je avec un sourire que j'espérais convaincant.

Le bruit d'un moteur tournant au ralenti stoppa net notre progression. D'ici, je ne pouvais voir qu'en partie la lumière des phares du 4x4 se refléter sur les nombreuses carrosseries.

- Départ dans cinq minutes, brailla Zane à mon intention.

Je le rejoignis en commençant à respirer par saccades, suivie de près par Gaby.

- Montez les filles, ajouta-t-il en faisant vrombir le moteur.

Candy prit place à gauche sur la banquette arrière et descendit entièrement la fenêtre de son côté, avant de se contorsionner pour en faire autant de l'autre.

- On étouffe dans cet engin, protesta-t-elle en regagnant sa place initiale.

Je détournai la tête tandis que le bruit de la boucle de sa ceinture de sécurité résonnait dans mon crâne.

- Il est temps que je m'en aille, déclarai-je avec un sourire triste.

- Pas déjà, soupira-t-il. Qui va jouer avec moi à Resident Evil ? Jamais je n'obtiendrai ce score de dingue sans toi !

- Tu trouveras bien quelqu'un d'autre, objectai-je en pouffant. Et puis, tu n'en reconnaîtras que davantage mes talents quand je rentrerai d'ici peu, d'accord ?

- D'accord, acquiesça-t-il en se composant un visage encourageant.

Je le pris dans mes bras.

- Deux semaines, soufflai-je. C'est ce qu'a dit Neraja ce matin, tu te souviens ? Je serai là dans deux semaines.

- Je sais, opina-t-il en s'écartant finalement.

Je contournai le véhicule et m'installai à côté de Candy. Gabriel reclaqua ma portière et s'éloigna de quelques pas. Après avoir jeté un coup d'œil dans ses rétroviseurs, Zane passa la seconde et commença à rouler en direction de la sortie. Je me retournai pour voir par la vitre arrière mon camarade nous suivre tranquillement. Alors que nous nous éloignions déjà vers les sentiers inégaux de la forêt, je le vis nous crier bonne chance, mais le vent généré par la vitesse nouvelle de la voiture emporta le son de ses paroles.


PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant