5. DIFFÉRENCE (PARTIE I)

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Les semaines qui suivirent se déroulèrent à une vitesse vertigineuse. Je me retrouvais sur tous les fronts à la fois, écartelée entre mes entraînements, la vie dans ce complexe qui me contraignait à certaines corvées, et mon éducation prise en charge par Gabriel en personne. Il me restait tellement de choses à découvrir. Entre la télé, le cinéma, la musique, les livres...

Les livres supplantaient tout le reste, cependant. C'était une des premières choses à laquelle je m'étais essayé, et force m'avait été de constater à quel point toutes mes années de réclusion m'avait fait perdre un temps précieux. J'avais profité de l'un des rares moments où mon ami m'avait laissé tranquille pour lui subtiliser l'un de ses livres provenant directement de sa bibliothèque personnelle, et n'avais tout simplement pas pu le lâcher avant la fin de la soirée. Son propriétaire m'avait trouvé le nez collé aux pages et s'était permis de pouffer, sans toutefois exiger que je le lui rende. Ce dont j'avais été heureuse pour lui comme pour moi – je me battais suffisamment dans la journée pour devoir en plus lui mettre une raclée pour avoir la paix. Du jour où j'avais découvert ce bouquin, j'avais voué une véritable passion aux écrits de Stephenie Meyer. Puis, j'avais avalé la plupart des auteurs incontournables, tels que Veronica Roth, Lauren Oliver, Scott Westerfeld ou encore Suzanne Collins – je me souvenais encore du jour où ayant eu Hunger Games dans les mains, je m'étais tournée vers Gabriel qui m'avait gratifié d'un « Non, elle n'est pas de ma famille » exaspéré. Visiblement, nous lui avions tous déjà fait le coup.

Mon camarade avait eu un mal de tous les diables depuis lors pour me sortir de mon monde et m'obliger à suivre mes cours régulièrement. Je devenais cependant un peu meilleure à chaque nouvel entraînement. J'avais rapidement – du moins, tout était relatif – appris à exploiter ma panique pour avancer plus vite et utiliser mes facultés au mieux.

Au bout de trois semaines, j'étais passée de l'épreuve du feu à quelque chose de totalement opposé – une chose que j'avais eue beaucoup de mal à digérer. Rien ne s'était passé comme prévu ce jour-là – un immense cube en béton occupait la pièce en son centre, ce qui m'avait immédiatement alertée. Sans comprendre pourquoi ni comment, j'avais été jetée à l'intérieur sans ménagement, et quelle n'avait pas été ma surprise de découvrir que ce cube n'était rien de plus qu'une simple cuve de cinq tonnes d'eau.

Pour le coup, j'avais perdu les pédales. Plusieurs paramètres s'étaient révélés beaucoup plus problématiques dans cette épreuve que dans l'autre. D'un, je n'avais absolument pas eu le temps de me préparer au choc et m'étais retrouvée privée d'air beaucoup plus rapidement que lorsqu'il se raréfiait dans l'arène de feu. De deux, il faisait beaucoup plus chaud dans cette dernière que là-dedans. La température de l'eau était tellement glaciale que j'avais eu du mal à garder les idées claires. Et enfin, de trois, il ne s'agissait pas d'une énergie à annihiler. L'eau était un élément que je ne pouvais pas faire disparaître. J'en avais conclu que la meilleure chose à faire était donc de remonter à la surface, jusqu'à ce que l'eau ne commence à s'exciter et ne m'envoie me fracasser invariablement contre les parois. Neraja avait naturellement eu une excellente explication à me fournir sur le but de cet exercice, une fois que je m'étais séchée avec un emportement qui avait fait rougir ma peau de manière inquiétante.

- Tu n'as mis que très peu de temps à comprendre, m'avait-elle fait observer. Il fallait que l'énergie cinétique provoquée par les vagues artificielles s'évanouisse pour que tu puisses remonter à la surface sans encombre.

- Comment as-tu pu me faire ça ? lui avais-je hurlé dessus tandis que Gabriel s'était évertué à me retenir par les épaules. Je ne sais pas nager, je n'avais même pas d'air pour respirer !

- Tu as bien vu que tu as converti cette énergie cinétique pour aider ton corps à remonter vers le haut. C'est une chose naturelle, ça vient directement de ton esprit. Tu crois que beaucoup d'êtres humains normaux peuvent se vanter de remonter aussi vite à la surface ?

- Et il y en a beaucoup qui peuvent se vanter de se sentir tout juste sorti d'une centrifugeuse une heure après ?

Je ne m'étais calmée qu'en fin de soirée, lorsque j'avais réussi à refiler ma corvée de recensement concernant la Réserve à cette insupportable lèche-botte de Riley. Puis, j'avais fini par accepter cette nouvelle épreuve comme un exercice de plus et m'étais entraînée comme personne d'autre pour être la meilleure. Mes sens et mes perceptions s'étaient affinés au fil de mes progrès, et j'avais été réellement sidérée de constater que Gabriel ne m'avait pas menti lorsqu'il avait certifié pouvoir y voir comme en plein jour dans un milieu presque entièrement dénué de la moindre étincelle de lumière. Je n'avais plus à redouter l'obscurité, désormais.


PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant