PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminé

3. INTÉGRATION (PARTIE VIII)

- Depuis hier, confirma l'autre en reprenant petit-à-petit sa respiration.

- Et tu n'as pas jugé utile de nous prévenir ? fit mine de se vexer Gabriel, avant de lui donner l'accolade.

- Salut, toi, enchaîna Santana en le prenant dans ses bras à son tour.

Tous le saluèrent à leur manière et je compris que ce devait être quelqu'un de réellement apprécié, à en juger par le soulagement de le savoir enfin rentré qui se peignait sur tous les visages.

- Et Katherine ? insista le nouveau venu après avoir été accueilli par tout le monde.

- Tu viens de la rater, le renseigna Matt avec une grimace désolée. Elle est à l'entraînement avec les autres. Elle n'a pas été missionnée ces dernières semaines.

- Je sais, répliqua tristement l'autre. Je suis rentré dans la nuit. Je voulais aller la voir, mais la seule chose que j'ai été capable de faire avant de m'écrouler, ç'a été de faire mon rapport à Jefferson... Je me suis dit que je la trouverais peut-être ici.

- Tu l'as ratée de peu, assura Santana en faisant la moue. Mais à cette heure-ci, hormis les missionnés récents...

- Ils étaient déjà en retard, renchérit Enrique. On a assisté au combat de mise en garde et...

- Attends, il y a un nouveau ici ? se stupéfia l'autre.

- Une nouvelle, rectifia Gaby en me faisant signe de m'approcher. Viens, je vais te présenter.

Je me plaçai légèrement en retrait de mon camarade, mais celui-ci me planta devant leur ami. Je me retins de lui lancer un regard noir et m'employai à concentrer mon attention sur l'inconnu.

- Christian, Eireen. Eireen, Christian.

- Arrête avec ça, Gab, protesta celui-ci en levant les yeux au ciel. Par pitié, appelle-moi Chris.

Je pris la main qu'il me tendait et la serrai maladroitement. Je n'étais vraiment pas certaine d'appliquer correctement ce que je n'avais appris qu'en théorie. Je me trouvais vraiment gauche.

- Enchantée, répondis-je pourtant en cherchant dans ma mémoire une formule de circonstance.

- Qui s'est chargé de la mise en garde ? s'enquit Chris en s'appuyant nonchalamment sur la roche.

- À ton avis ? rétorqua Santana. Qui ici est assez sadique pour mettre un point d'honneur à ne jamais laisser un nouveau arriver, sans lui en faire baver pour le « mettre en condition » ?

- J'imagine que c'est toi qui t'en es chargé, fit-il en se tournant vers Matt.

- Eh, c'est un coup à ruiner ma réputation de sortir des trucs comme ça ! Et puis, c'est une fille, je te signale, lui fit remarquer l'intéressé.

- C'est vrai, reconnut-il. Alors, c'est Brooke.

- Dans le mille, soupira Enrique.

- Dans ce cas, j'imagine que je n'ai rien loupé...

- Détrompe-toi, lui assura Gaby. Eireen lui a mis une de ces raclées ! C'était mémorable !

- Attends, elle s'est fait battre par une nouvelle ? Ça va rester dans les annales, ça !

Chris posa sa main sur l'épaule de son camarade.

- Ric, je te jure qu'il y a des fois, j'ai vraiment pitié que tu sois en couple avec cette nana... Mais alors là, bonne chance !

- Tu vas en prendre pour ton grade, renchérit Matt en se mettant à rire.

- Mais au fait, enchaîna l'autre en se tournant vers moi, je ne t'ai pas encore félicité. Sincèrement, chapeau ! Tu es bien la première à avoir envoyé Brooke au tapis sans aucun entraînement.

- Merci, me contentai-je de répondre en esquissant un demi-sourire.

La discussion reprit son cours. Je m'en désintéressai rapidement lorsque Gabriel nous en éloigna, presque à regret.

- C'est quoi, le programme ? m'enquis-je.

- Tu devrais être relativement tranquille cette semaine. Je vais te faire visiter les lieux et t'initier petit-à-petit à tout ce que tu ne connais pas encore. Ensuite, tu commenceras à t'entraîner avec les autres. Quand tu seras prête, tu feras un jour partie des missionnés.

- Euh... d'accord, acquiesçai-je anxieusement.

Je devinais à peine ce qu'impliquait cet état, et je n'étais pas très rassurée quant à la manière dont se profilait mon avenir.

- Et il y a un bureau des questions, ou un truc de ce genre ? tentai-je de plaisanter.

- Évidemment, affirma-t-il avec le plus grand sérieux. Si tu as besoin de demander quelque chose de précis auquel je n'ai pas de réponse, ou si tu préfères carrément les poser à quelqu'un d'autre que moi, je t'emmènerai au bureau de Freeman. C'est une partie du rôle qu'il joue parmi nous, après tout.

- Je me contenterai de tes réponses, déclarai-je rapidement, peu rassurée à l'idée de me retrouver confrontée seule face au vieil homme.

- Tu n'as pas à avoir peur de lui, tu sais, tenta-t-il de me convaincre avec un sourire amical. Il est davantage là pour nous aider plutôt que pour nous diriger. Il défend notre cause depuis plus longtemps que nous, en tout cas. Il sait toujours comment réagir, quelles que soient les circonstances.

- Je n'ai pas peur de lui, soufflai-je, un peu tard cependant.

- Fais-lui confiance, insista-t-il pourtant.

Je fronçai les sourcils.

- Il me faudra encore un peu de temps avant d'en arriver là, à mon avis.

- Alors, fais-moi confiance, rétorqua-t-il en élargissant son sourire.

J'ouvris la bouche pour protester, mais il s'était déjà éloigné, avant même que je puisse trouver quelque chose d'intelligent à lui répondre.