9. ENGRAMME (PARTIE IV)

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Le reste de la journée s'écoula dans un silence de mort – jamais ma sœur et moi ne nous étions évitées à ce point. Je ne quittai ma chambre qu'à la nuit tombée, aux alentours de minuit et demi. Le jeune homme de la veille avait laissé entendre qu'il me laisserait le temps de prendre une décision. Il pouvait très bien m'avoir menti et avoir disparu, mais si ce n'était pas le cas, la logique voulait qu'il soit revenu au même endroit, au même moment. De toute manière, c'était ma meilleure chance. Je n'hésitai qu'une seconde devant la porte d'entrée, avant de m'engouffrer à l'extérieur. Peu importe qu'elle m'entende ou non. Je ne la laisserais pas m'empêcher de sortir, de toute manière.

Le ciel était parfaitement dégagé, ce soir-là. Le croissant de lune semblait suspendu dans la voûte étoilée, éclairant chacun de mes pas d'une lueur fantomatique. Plus j'avançais, moins je comprenais ce que j'étais en train de faire. Tout ça me ressemblait si peu. Pourquoi j'ajoutais foi au propos d'un inconnu, alors même que je n'étais plus capable d'adresser un mot à ma sœur ? Toutes les certitudes que la colère m'avait faite forger au fil des heures commençaient à s'effondrer. Heureusement que le chemin était court, sans quoi j'aurais fait demi-tour aussi sec. Mais quand je vis le 4x4 noir garé au même emplacement que la veille, mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je fronçai les sourcils, déconcertée. Pourquoi réagissais-je ainsi ?

Je pressai le pas pour remonter l'allée du Cannon Ball et gravis les marches deux par deux. Il était là, adossé à la colonne au drapeau, exactement dans la même posture que moi la veille. Ses yeux étaient fermés, ses mains croisées derrière son dos. Je scrutai son visage paisible, attendant qu'il se manifeste. Il m'avait forcément entendu arriver – je m'étais montré tout sauf discrète.

- Salut, me lançai-je lorsque je le vis rester silencieux.

Les coins de sa bouche remontèrent ostensiblement.

- Salut, Eireen, me répondit-il en dévoilant enfin ses prunelles émeraude.

Je me surprise à le dévisager. Je suivis du regard la courbe de ses sourcils qu'ils venaient de froncer.

- Quoi ? lâcha-t-il, vaguement embarrassé.

- Rien, me repris-je immédiatement, sur la défensive.

Je sentis mes joues cuire sous la honte. Je ne doutai pas qu'il devait le remarquer, mon visage étant directement éclairé par la lumière sélène. Autant faire passer ça pour de la colère.

- En fait, ça m'énerve que tu m'appelles par mon prénom alors qu'on ne se connaît même pas, attaquai-je, irritée.

Son masque sarcastique se remit aussitôt en place. Il quitta son appui pour se placer bien en face de moi.

- Ça t'agace que j'ai l'avantage sur toi ?

- Évidemment !

Il rit.

- J'imagine qu'on doit pouvoir régler ça. Tu n'as qu'à m'appeler Kyle, si tu veux.

Je me sentis satisfaite. Au moins, nous étions sur un pied d'égalité, désormais.

- Ma proposition t'intéresse, finalement ?

- Pas plus que ça, admis-je. Mais je n'ai pas d'autre solution.

- Personne ne t'oblige à rester, me fit-il remarquer en faisant la moue.

- Encore heureux, marmonnai-je. En fait, c'est juste que je ne comprends rien aux termes du marché.

- Oublie ce que je t'ai dit hier, répliqua-t-il. Je me contenterai de t'aider.

Je haussai les sourcils.

PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant