18. JUSQU'À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE (PARTIE II)

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- Jane, ça fait une semaine qu'ils sont dans cet état.

La voix de Skyler s'éleva près de moi avec une clarté cristalline. Je constatai avec émerveillement que le rocher au-dessus de moi avait disparu. Je n'avais plus à fournir d'efforts démesurés pour m'accrocher à la réalité, ce qui me permettait ainsi de réfléchir plus facilement. Malgré ma joie à l'idée du début de contrôle que j'avais repris sur mon corps, je ne pouvais désormais que faire face au pire de ma condition. Je ne me sentais heureusement pas prisonnière de mon corps – pour cela, il aurait fallu que je fasse montre d'une énergie intérieure nécessitant de s'exprimer à un moment ou un autre. Or, je ne disposais pas encore d'une telle énergie.

L'inertie de mon corps m'apportait un repos tel que je n'en avais plus connu depuis des années. Mais le fait de ne pouvoir rassurer ni mon compagnon, ni ma sœur sur mon état me faisait terriblement culpabiliser. Sans compter que je n'étais pas la seule concernée ; or, je n'étais pas en état de rester au chevet de mon frère. Vivait-il la même chose que moi ? Restait-il encore un espoir ? J'étais bien placée pour savoir que les miracles existaient. Encore que pour parler de miracle, il restait à savoir si cet état de conscience allait perdurer, ou si je ne replongerais pas définitivement dans l'inconscience, cette fois. J'avais tout de même mis une semaine à refaire surface, si j'en croyais ce que venait de dire Kyle.

- Ils sont toujours en vie, objecta doucement ma sœur. C'est toi qui m'en as fait prendre conscience, je te rappelle.

- Qu'est-ce que je peux faire ? demanda-t-il, comme si elle pouvait réellement lui fournir une réponse.

J'entendis quelqu'un se lever de sa chaise, et se rapprocher du lit sur lequel j'étais installée.

- Rien de plus que moi, soupira-t-elle en repoussant une mèche de cheveux sur mon front. Continue de lui parler, elle finira peut-être par t'entendre.

Une porte s'ouvrit, faisant grincer les charnières.

- Je retourne le voir, l'informa-t-elle avant de s'en aller.

Le silence retomba, que je regrettais de ne pouvoir rompre.

- Quand tu m'as été arrachée la première fois, commença-t-il de but en blanc sur un ton dissimulant difficilement son désespoir, j'ai cru que Jane allait me tuer lorsqu'elle apprendrait que j'étais le seul à m'en être sorti. Mais elle a fait exactement tout le contraire. Elle m'a tiré vers le haut quand j'ai perdu espoir, et avec plus ou moins de succès, je dois dire. À croire que c'est un don dans votre famille.

Il lâcha un petit rire fatigué.

- On était chacun plus ou moins convaincu au fond de nous que tu ne reviendrais pas, que tu avais été tuée dans je ne sais quelle expérimentation de ces dingues. Mais malgré ça, on a pris le parti elle et moi de se déplacer constamment entre Macon, Gilbert, et Phoenix. On s'était dit que s'il y avait une petite chance que tu puisses t'en sortir et chercher à nous retrouver, tu commencerais par là. On a même fait un rapide passage à Lake Butler, puisque tu y avais vécu avec ta mère et ta sœur quand tu étais plus jeune, avant de revenir chez toi. Mais pendant les cinq mois qui ont suivi, tu n'as montré aucun signe de vie. Et je ne savais pas par où commencer mes recherches.

Il marqua une petite pause en expirant longuement.

- La dernière fois qu'on a décidé de se rendre à Gilbert, j'ai pris le parti d'y retourner seul. Je suppose que c'est ce constant va-et-vient qui a attiré leur attention sur moi. Et au moment où j'allais repartir, qui je vois se pointer chez moi ? Toi, qui me regardais avec des yeux qui ne t'appartenaient pas. Quand j'ai compris ta détermination à t'en prendre à moi, je n'ai eu que deux solutions : t'emmener avec moi malgré le fait que tu n'étais plus la personne que j'avais connue, en risquant ta vie et la mienne avec cette fille qui t'accompagnait, ou m'enfuir en attendant de te retrouver. J'étais certain que tu me suivrais pour finir ce que tu avais commencé. Et puis j'ai vu votre accident, et là... j'ai agi.

PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant