Je rouvris les yeux et poussai un long soupir. Je m'étais assoupie malgré mon entêtement à vouloir regarder le match jusqu'au bout. Je le compris en constatant que j'étais allongée sur le lit – je ne doutais pas que Jane s'était chargée de me porter jusque-là – encore chaussée et habillée. En effet, nous ne prenions jamais le risque de nous mettre à l'aise, sachant qu'il y avait toujours un risque important que nous devions prendre la fuite d'un moment à l'autre. C'était également la raison pour laquelle nous gardions toujours le peu d'effets que nous possédions dans un sac-à-dos léger, que nous ne prenions même plus la peine de vider dès qu'une fausse alerte cessait de retentir. Ma sœur le gardait sous ses jambes pour plus de sécurité, une fois la nuit tombée. Ayant toujours eu le sommeil très léger – ce qui, à mon grand regret, était loin d'être mon cas – elle se réveilla rapidement en m'entendant bouger. Elle se leva vivement, s'assit en face de moi sur le lit et me prit la main.
- Tu n'arrives pas à dormir ? chuchota-t-elle.
- Non, lui répondis-je sur le même ton, avec une pointe d'ironie.
- Voilà qui m'étonne de ta part, rit-elle.
Je l'imitai. Sa cascade de cheveux bouclés ondulait au rythme de son rire gracieux.
- En tout cas, bon anniversaire, continua-t-elle.
Je tournai la tête en direction du radioréveil, dont les chiffres digitaux rouges m'apprirent qu'il était 00 h 02. Je venais tout juste d'avoir seize ans.
- Merci, murmurai-je, la gorge serrée.
Je n'en revenais pas que nous puissions déjà être le 15 janvier. Le temps me filait entre les doigts sans que je puisse y faire grand-chose. J'aurais aimé profiter de mes années d'adolescence différemment, mais malheureusement, la vie que nous menions ne me le permettait pas vraiment.
- Attends, dit-elle en quittant momentanément sa place.
Je fus surprise de constater qu'elle cherchait dans la doublure de son manteau un objet qu'elle ne mit pas longtemps à trouver. Elle revint s'asseoir en face de moi et me tendit un petit paquet emballé et ficelé par ses soins – j'aurais reconnu sa façon de faire et sa dextérité entre mille.
- Tu n'aurais pas dû, marmonnai-je, embarrassée.
- Ouvre-le, sourit-elle.
J'obéis sans trop rechigner, désireuse de savoir ce qu'il contenait. Je sursautai en découvrant un collier, que je reconnaissais pour avoir été le sien autrefois.
- Mais je ne peux pas accepter, m'empourprai-je, gênée d'une telle attention. Il t'appartient.
- Plus maintenant, contra-t-elle. Et fais attention, le fermoir ne tient plus très bien. Tu devrais éviter de le mettre ou tu risques de le perdre à tous les coins de rues.
Je m'absorbai dans la contemplation du bijou suspendu au bout de la chaîne. C'était un magnifique cœur en or, incrusté de pierreries, dont les nombreuses alvéoles dévoilaient son centre creux.
- Il n'a qu'une valeur sentimentale, reprit-elle en triturant une mèche de ses cheveux blonds qu'elle enroula autour de son doigt. Il ne vaut pas grand-chose.
- Je ne comptais pas le vendre, rétorquai-je en faisant la moue.
- Je n'insinuais rien du tout, pouffa-t-elle alors.
Je la remerciai encore une fois et nous embrayâmes sur les résultats du match de ce soir. Au bout d'une demi-heure de discussion sur des sujets de tactiques et de compétences exceptionnelles, j'enfilai un sweat noir à capuche sur mon débardeur bleu nuit, qui s'accorda parfaitement avec mon slim noir.
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PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminé
Science FictionEireen vit depuis toujours dans un Centre de Conditionnement sans en connaître la raison. Lassée de cette vie coupée du monde, elle se voit offrir à son dix-septième anniversaire la chance inespérée d'obtenir des réponses à ses questions. Brusquemen...