17. L'AFFRONTEMENT FINAL (PARTIE I)

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La première étape consista à rejoindre le point de rendez-vous fixé au préalable par l'équipe d'attaque. D'après Skyler, ma blessure à la jambe n'occasionnerait aucun retard à l'opération. Malgré son inquiétude devant ma souffrance, il paraissait sûr de lui en affirmant qu'ils avaient paré à ce genre de contretemps - puisqu'ils n'espéraient pas sortir de là sans aucun blessé. Bien que je ne pouvais m'empêcher d'en douter – il aurait fallu intervenir chirurgicalement sur ce genre de blessure –, je n'étais que trop heureuse de ne pas avoir à le contredire. Le connaissant, aucun doute que s'il n'était pas absolument convaincu d'avoir une solution, il m'aurait obligée à aller à l'hôpital envers et contre tout. C'était bien la dernière chose dont j'avais besoin.

Tout au long de l'heure qu'il nous fallût pour effectuer le trajet, je cherchai un moyen d'aborder la question de Gabriel, sans trouver comment.

- Arrête de te triturer les méninges, soupira Skyler en attrapant ma main sur l'accoudoir. Je peux entendre tourner les rouages de ta jolie petite tête d'ici.

- Comment tu prends la nouvelle ? demandai-je directement, consciente que tourner autour du pot ne ferait que nous agacer tous les deux.

- Je ne sais pas comment je suis censé le prendre, admit-il. Comment tu réagirais si tu avais perdu ta sœur de vue depuis sept ans, au point de ne plus être capable de la reconnaître quand tu la reverrais, et que tu te rendes compte qu'il s'agissait d'une personne que tu as eue beaucoup de mal à ne plus considérer comme ton ennemi ?

Je gémis.

- Tu as mal ?

- Ça va, le rassurai-je. Tu sais, j'aurais préféré t'annoncer tout ça moi-même.

- Ça n'aurait rien changé de toute manière, contra-t-il en resserrant sa prise. Comprends-moi, quand j'étais plus jeune, Kyne était tout pour moi, c'était mon petit frère ! Et c'est toujours le cas, au fond de moi. Mais je crois que je suis encore attaché à cet image d'un adolescent de douze ans, qu'il me faut protéger envers et contre tout. Quand je le vois aujourd'hui, je me rends compte de tout ce qu'il a subi et des voies très différentes que nous avons prises. La question est : est-ce que nous serons capables de surmonter tout ça pour redevenir aussi proches qu'avant ? Je n'ai pas l'impression que ça pourra jamais marcher, pour l'instant. S'il avait gardé des souvenirs encore, j'aurais peut-être plus conscience du lien qui nous unit en tant que famille, mais là... c'est comme un étranger pour moi. Un étranger à qui je n'ai pas fait de cadeau, avec ça.

- Laisse-toi du temps, lui conseillai-je. Tout ça est encore récent, c'est logique que tu ne puisses pas voir les choses autrement. Mais si tu as été capable de le faire pour moi, tu le seras aussi pour lui. Pour vous. Ça prendra simplement du temps, c'est tout.

- J'espère que tu as raison, conclut-il en se reconcentrant sur la route.

J'étais consciente de toutes les informations qu'il me restait encore à partager avec lui, mais je n'étais pas certaine que le moment était bien choisi. J'attendis donc en me promettant de lui en parler dès que nous serions arrivés, et temporairement posés. Pour peu qu'il panique avec cette histoire de Phémérinol, il se mettrait à coup sûr et de manière stupide en danger, sans réfléchir aux conséquences.

Nous nous garâmes donc à côté d'une bonne dizaine de voitures sur le parking du Lincoln's Motel. Dieu merci, il n'avait pas choisi un endroit suffisamment sordide pour être certain de tomber sur Norman Bates ou sa mère dans les couloirs. Chacun des occupants des véhicules était resté posté à côté de ceux-ci, n'attendant visiblement que notre arrivée. Au moment où Kyle sortait du véhicule pour venir me chercher, Gabriel émergea à côté de lui pour lui faire comprendre d'un signe de tête de se méfier de la dernière voiture qui nous rejoignait. Zane était au volant, ce qui devait sûrement signifier qu'il avait estimé avoir les idées suffisamment claires pour conduire. De là à savoir si ses envies de vengeance avaient bel et bien disparues, c'était une autre paire de manches. Kyle hocha brièvement la tête et me souleva de mon siège pour me laisser sortir à l'air libre.

PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant