PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminé

2. RÉCIT ORIGINEL (PARTIE VII)

- Il y a une trentaine d'années de cela, des phénomènes étranges ont eu lieu dans toute la moitié Ouest des États-Unis.

Pour une entrée en matière, cela sonnait plutôt comme le début d'un roman de science-fiction. Peut-être que son idée était de me convaincre que j'étais une extra-terrestre, après tout.

- Des tremblements de terre sont régulièrement survenus en Arizona, des forêts entières ont brûlé dans l'Utah, l'Idaho et le Montana, et de violentes inondations ont été recensées dans une grande partie de l'Oregon et de l'État de Washington. Le gouvernement américain a présenté cela à la population comme une succession de catastrophes naturelles inattendues, mais il s'est vite rendu compte que quelque chose n'était pas normal. Il s'est lancé dans des recherches coûteuses et interminables, qui n'ont abouti à rien durant de très longues années.

J'avais du mal à comprendre pourquoi il me racontait tout ça. J'étais presque certaine qu'il allait m'annoncer que des gens de ma « nature » étaient impliqués là-dedans. Alors quoi ? On m'avait parquée dans une prison pour que je ne puisse pas reproduire les catastrophes que d'autres avaient pu engendrer autrefois ?

- On ne pouvait rien relever dans les résultats qui puissent justifier l'apparition ou la disparition de ces phénomènes.

Je compris instinctivement qu'il allait lui-même apparaître dans la suite de ce récit.

- Jusqu'au jour où j'ai été investi de cette mission.

Gagné !

- Je n'étais déjà plus tout jeune, à l'époque, et j'ai décidé de m'y prendre à ma manière. Cela faisait déjà vingt ans que cette affaire se traînait sans que l'enquête n'avance d'un pouce. Mais en réalité, j'avais un avantage sur mes prédécesseurs. Je connaissais déjà toute l'histoire... parce que j'en faisais moi-même partie.

J'avais donc raison, il était bien le chef de ce groupe, vu qu'il avait assisté aux prémices de tout ceci.

- Depuis toujours, il naît dans le monde des gens dont les facultés sont plus développées que celles des autres. Des études scientifiques ont démontré que leur capacité cérébrale était plus amplifiée que la normale. Mais toutes ces études ont été réalisées sur des sujets qui n'avaient pas la moindre idée de ce dont ils étaient réellement capables de réaliser. Ceux qui ont compris comment se servir de leurs dons sont soigneusement restés dans l'ombre. Ils espéraient mettre le monde à leurs pieds de cette manière. On les appelle encore aujourd'hui les Cérébrals.

J'avais l'impression qu'il racontait n'importe quoi. Au plus il avançait, au plus j'étais certaine de ne pas m'être trompée quant à ma théorie sur les extra-terrestres.

Je me remis à contempler mon verre d'eau, qui commençait à me faire sérieusement envie. J'en avais marre d'être ici, et j'avais la gorge sèche à force d'attendre. L'idée que je devais refuser de boire cette eau uniquement parce qu'elle venait de ce groupe de dingues – et que je n'avais aucune confiance en eux – ne faisait que m'échauffer davantage. La surface du liquide, qui n'était déjà pas parfaitement lisse, se mit à trembler de façon frappante. Personne d'autre ne semblait s'en rendre compte, apparemment.

Un rapide examen m'apprit que je m'étais trompée. Gabriel fixait tour à tour le verre et mon visage. Son expression réprobatrice me surprit quelque peu. Je préférai m'intéresser de nouveau à l'histoire de Jefferson, avant que l'envie ne me prenne de le lui jeter à la figure. Mais avant même que le vieil homme ne se remette à parler, je fus prise d'un violent vertige. Ce n'était pas aussi douloureux que ma première expérience dans la chambre de Gabriel. Cela ressemblait davantage à se sentir étourdi, après s'être amusé à tourner plusieurs fois sur soi-même jusqu'à s'écrouler sur le sol, les yeux loin d'être en face des trous. Je m'étais souvent prêtée à ce genre d'expérience lorsque j'étais plus jeune, histoire de tromper l'ennui.