15. LE DÉBUT DE LA FIN (PARTIE VI)

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- C'est Spencer qui me l'a appris, expliqua-t-il. Malgré le fait qu'il ne m'ait raconté tout ça que pour me montrer à quel point j'étais ignorant, je l'ai quand même attentivement écouté. Je t'explique : plusieurs types de preuves existent pour réfuter le mythe des 10 %. Par exemple, il n'existe non seulement aucune zone cérébrale dont la lésion n'est pas incapacitante, mais en plus, une lésion légère dans une zone extrêmement petite peut avoir des conséquences dévastatrices. Je ne te parle même pas de toutes les études comme l'analyse micro-structurale, l'imagerie cérébrale ou même les études métaboliques. Barry Beyerstein n'est pas à prendre à la légère avec ce gars-là, ajouta-t-il en désignant le corps de Spencer du menton.

- Alors, comment nous fonctionnons ?

- Nous utilisons simplement des zones de notre cerveau simultanément là où, en temps normal, ces combinaisons sont impossibles pour la plupart des êtres humains. Que ce soit les Duplicateurs ou les Cérébrals. Ou les Phénomènes, bien sûr. Et ces zones utilisées sont surdéveloppées. Là où elles ne sont exploitées qu'à trente-cinq pourcents environ de leur potentiel dans la plupart des cas humains, nous sommes capables de monter jusqu'à une moyenne de 80 %. Quand je dis « nous », je veux dire notre communauté ici localisée et leurs « ennemis ». Mais j'ai ma théorie quant à nous deux. Je serais tenté de croire que nous sommes capables d'aller bien au-delà.

- Eh ben ! sifflai-je.

- Et si je prends le temps de t'expliquer tout ça, ce n'est pas uniquement parce que l'occasion se présente. Maintenant, tu peux saisir ce qui m'interpelle là-dessus, poursuivit-il en agrandissant l'image du scanner cérébral actuel de Charlotte Aspen.

- Je ne vois pas ce que tu veux dire, avouai-je en regardant l'écran. Je ne vois rien.

- Justement, ça, ce n'est pas logique ! Les zones devraient être foncées à ces endroits-là, et là, tout ce que je vois, c'est le néant.

- Mais si elle ne s'est jamais servie de ses capacités et qu'elle n'a pas subi le C.E.S., ça peut se comprendre, avançai-je.

Gabriel leva l'index.

- Encore une fois, je dois te contredire. Toujours d'après « mon pote », ces zones sont constamment activées et ce, dès notre naissance. Le C.E.S. est seulement censé être l'opération qui surdéveloppe le tissu cellulaire et neuronal, et qui permet au cerveau de supporter cette pression constante que représente notre activité de Duplicateur. Tu comprends ?

- Cette théorie est stupide, objectai-je. Sinon, comment les Cérébrals se débrouilleraient sans C.E.S. ?

Il haussa les sourcils de manière significative.

- Je partage ton avis. Mais même si la seconde partie semble plutôt improbable, ça n'empêche la première d'être valable. Or, je ne vois sur le scanner de Charlotte absolument aucune trace du « Duplicateur en elle », si tu vois ce que je veux dire. Donc...

Nous réfléchîmes l'espace d'un instant, mais l'évidence était sous nos yeux.

- Nous ne naissons pas Duplicateur, compris-je en me prenant la tête entre les mains. Nous le devenons. Nous sommes leurs cobayes.

Je vis rien qu'à l'expression de mon meilleur ami qu'il en était arrivé à la même conclusion que moi.

- Il utilise des gens normaux pour se créer une armée de super-soldats, renchéris-je, comme s'il était nécessaire de nous convaincre davantage. Et va savoir pourquoi, ils ont essayé d'utiliser des Cérébrals pour en faire des Duplicateurs.

Je n'avais donc jamais eu aucune branche de ma famille derrière les rangs ennemis. Il faudrait que j'en touche un mot à Jane pour la rassurer.

- Quant à comprendre leurs motivations...

PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant