- Revenons-en à Dani, préféra-t-il changer de sujet. J'ai fini par demander à retourner à l'Iron, ce qui n'a pas posé de problème puisque tu n'avais fait aucune demande de ton côté, et qu'ils ont pensé que nos camarades pourraient me convaincre de « guérir ». J'ai attrapé Dani dans un coin et je lui ai expliqué ton histoire, dans la limite du raisonnable, précisa-t-il devant mon air ahuri. Je ne suis pas entré dans les détails en ce qui concernait tes proches, juste que tu t'étais fait enlevée et effacée la mémoire. Je lui ai dit que nous étions des Phénomènes et que ton exemple m'a poussé à me demander si je n'avais pas vécu la même chose que toi.
- Verdict ? soupirai-je en fermant les yeux, sidérée qu'il ait pu prendre autant de risques.
- Il m'a cru, rétorqua-t-il, fier de lui. Il était sceptique au début, mais il a fini par se rendre à l'évidence. Je t'avais dit que c'était un ami. Et c'est le tien aussi, même si ça ne fait pas longtemps que vous vous connaissez.
- C'est bon, c'est bon, tu m'as convaincue, soupirai-je derechef. Tu as bien fait de lui en parler.
Il hocha la tête, satisfait que je le reconnaisse.
- Et maintenant ? lançai-je. Qu'est-ce qu'on fait ?
- Profil bas, répliqua-t-il en haussant les épaules. Retour à la case départ, on reprend notre mascarade là où on l'a laissée.
- Ce sera pire cette fois. Après une si longue séparation, nous allons devoir être plus proches que jamais.
Je fis la moue.
- Évitons de rester trop en public, d'accord ? suppliai-je presque. J'aimerais vraiment éviter de recommencer la comédie du baiser.
- Tout à fait d'accord, renchérit-il vivement.
Il prit une profonde inspiration.
- Sur le coup, j'ai pensé que c'était la meilleure des choses à faire. Il fallait qu'on se protège un maximum.
- Je l'ai compris, ne t'en fais pas, le rassurai-je. Mais c'était... déroutant.
- Et gênant, insista-t-il avec conviction.
- Bon, ce n'était pas horrible non plus... dédramatisai-je.
- Une comparaison pour savoir qui embrasse le mieux me semble un sujet tout à fait indiqué pour renouer avec la légèreté, plaisanta-t-il, mais je ne suis pas convaincu que ce soit le meilleur moment pour ça.
- On aura tout le temps d'en rire après, en convins-je en me relevant.
- Surtout qu'on sera probablement les seuls à réagir de cette manière, me fit-il remarquer.
Je n'étais certes pas impatiente de mentionner ce détail devant ma sœur, et encore moins devant Skyler.
Nous ne nous montrâmes pas avant le lendemain matin, jugeant que nous n'avions pas à faire acte de présence avant le petit-déjeuner. Avec un peu de chance, la nouvelle de notre retour ne se serait pas ébruitée d'ici là. Lorsque nous entrâmes dans la grande salle ce matin-là, la surprise ne fut pas exactement le mot d'ordre. Nous fûmes accueillis avec chaleur – sauf par une petite bande minoritaire qui entourait une Brooke maussade et mal lunée. Je décidai de les ignorer, à l'instar du plaisir marqué de me revoir que ne manquait pas de me témoigner le petit ami de mon ennemie.
- Avec un peu de chance, tu ne nous quitteras plus, lança Ric avec un sourire fin.
- Avec très, très peu de chance, marmonnai-je entre mes dents.
- Heureuse de revenir parmi les vivants ? m'apostropha Dani alors que je prenais place à sa droite.
Il m'adressa un clin d'œil complice. Je n'avais aucune idée de la manière dont gérer ce détail supplémentaire. Maintenant qu'il connaissait plus ou moins les tenants et les aboutissants, je restai perplexe sur l'attitude à tenir face à lui.
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PHENOMENE - Parce que le combat ne sera jamais terminé
FantascienzaEireen vit depuis toujours dans un Centre de Conditionnement sans en connaître la raison. Lassée de cette vie coupée du monde, elle se voit offrir à son dix-septième anniversaire la chance inespérée d'obtenir des réponses à ses questions. Brusquemen...