Le départ (2)

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Lorsqu'elle eut fini de recouvrir les tombes, le jour était pleinement levé. Elle se sentait soudainement sale. Elle se sentait soudainement vidée de toute énergie. Elle avait besoin de se laver, de se changer, et de manger et boire avant de se mettre en route en direction de cette ville: la Capitale. Elle devait aussi prendre des provisions, les économies de son père, ainsi que ses armes. Mais, elle devait se dépêcher. Elle voulait partir de cette maison avant la moitié de la journée afin de poursuivre les cinq hommes.

Toujours en silence, elle s'avança vers la maison de sa famille et entra dedans: tout avait été renversé et mis sans dessus-dessous par les hommes en noir. Les meubles étaient renversés à terre. Les tissus avaient été déchirés. La vaisselle avait été cassée. Plus rien ne ressemblait à rien. Ces hommes ne s'étaient pas contentés d'enlever sa sœur et de tuer ses parents, ils avaient tout dévasté sur leur passage. La salle de vie de cette maison était dans un état catastrophique: les tables étaient fracturées et tout avait été arraché des murs. La jeune femme avait à peine la place de passer parmi tous les débris et toute la crasse que les hommes en noir avaient laissés derrière eux dans ce petit endroit.

Malgré-tout,elle passa parmi tous ces déchets afin de se rendre dans sa chambre et d'attraper des vêtements propres: un pantalon de toile marron qui serait son corps tout en la laissant libre de ses mouvements, une tunique qui descendait à la moitié de ses cuisses et avait un décolleté qui laissait paraître la naissance de ses seins, ainsi qu'un manteau épais qui descendait jusqu'à ses genoux et comportait une capuche aussi large que épaisse. C'était exactement tout ce dont elle avait besoin pour marcher, une fois que ses bottes épaisses qui montaient jusqu'à ses genoux furent mises à ses pieds.

Elle se retourna alors en direction de la salle et s'avança en direction de la partie cuisine de la maison dans laquelle ses parents avaient fait de si bons plats pendant tellement d'années. À cet endroit, se trouvait tout ce dont elle avait besoin: de l'eau pour se laver et boire, de la nourriture pour manger et pour emmener dans son périple. Et, les économies de son père afin de l'aider à survivre.

Elle déposa alors ses vêtements propres sur une chaise qui avait miraculeusement réussie à tenir debout. Elle commença alors à se déshabiller tout en s'avançant en direction du point d'eau de la maison. Une fois qu'elle fut complètement nue, elle tira un seau d'eau, le versa dans une bassine libre et commença à se laver entièrement dedans. Une fois que ce fut fait, elle se tourna vers ses vêtements propres et commença à les enfiler avec rapidité,sans aucune hésitation, pressée d'en finir avec cette maison.

Elle attrapa alors des sachets de tissus, dans l'un des placards à terre, dans lequel se trouvaient des filets de viandes séchés avant d'en prendre un pour le manger. Puis, elle mit le reste dans une besace qu'elle pouvait porter en bandoulière. Ensuite, elle attrapa une gourde qu'elle remplit d'eau pour la boire avant de la remplir de nouveau et de la mettre dans la besace. Au fond d'un autre placard,elle trouva les pièces d'or de son père et les rangea, à leur tour. C'était tout ce qu'elle pouvait prendre dans cet endroit.

Puis,elle se rendit de l'autre côté de la pièce afin d'ouvrir une armoire renversée et d'y attraper un long couteau de vingt-cinq centimètres de long que son père avait acheté pour se défendre. Elle passa alors le couteau dans un étui qu'elle accrocha à la couture de son pantalon. Son père n'avait jamais eu que deux armes dans cette maison: l'arc qu'il avait essayé d'utiliser contre les hommes en noir et dont il s'était toujours servi pour chasser des animaux dans la forêt de la Montagne lors des longs hivers, et le long couteau dont il s'était toujours servi pour découper et préparer les différentes viandes. Il n'avait jamais eu rien d'autre pour se défendre. Levah savait les utiliser depuis son enfance. Elleen avait besoin pour se défendre dans ce Monde hostile. Et, elle ne pouvait pas laisser ses souvenirs les plus précieux de son existence. Elle ne le voulait pas. Elle ne le pouvait pas.

Elle passa la besace en bandoulière sur son épaule droite afin d'avoir la besace sur sa taille de l'autre côté de l'endroit où elle avait placé le long couteau. Elle jeta alors un dernier regard sur l'intérieur de la maison où tout était renversé. Cet endroit allait terriblement lui manquer. Elle avait été heureuse dans cet endroit, avec les membres de sa famille, à l'abri de la violence du Monde. Elle s'en rendait compte maintenant que le monde les avait attaqué comme cela. Elle ne savait pas si elle allait pouvoir revenir dans cet endroit, mais c'était ce qu'elle voulait: ramener sa sœur ici et vivre libre avec elle près de leurs parents qui avaient réussi à les protéger de tout cela dans le désert des montagnes.

Elle sortit de la maison et ramassa l'arc et les flèches dans le carquois de son père. Elle replaça toutes les flèches correctement dans le carquois avant de le passer dans son dos, en croix par rapport à la lanière de la besace. Par-dessus, elle plaça l'arc en essayant de faire attention aux fils de celui-ci. Elle pensait qu'elle était prête au maximum de ce qu'elle pouvait faire, avec ce que ses parents avaient toujours eu comme biens. Ils n'avaient jamais eu rien d'autre pour lui permettre de se préparer à tout cela.

La première chose qu'elle devait faire était de se rendre dans le village de Orlet: d'aucun nomades habitaient là-bas et tenaient l'auberge. Ils avaient traversé l'ensemble des mondes séparés pendant des années et des années. Ils devaient en connaître chaque recoins, chaque partie. Ils devaient certainement connaître la ville qui étaient appelée la Capitale et devaient savoir comment s'y rendre et ce que l'on faisait aux esclaves là-bas. Elle devait leur demander. Ils pouvaient la renseigner. Ils devaient la renseigner, ne serait-ce qu'en mémoire de la bonne entente que ces derniers avaient toujours eue avec son père. Lenah et Vatki!Voilà comment ils s'appelaient. Elle devait leur parler.

Orlet était à un peu plus d'une journée de marche de leur maison, au pied de la Montagne, peut-être moins si elle marchait vite. Les hommes en noir avaient été obligés de passer par le village pour aller où que ce soit. Les habitants les avaient forcément vus: eux et sa sœur. Elle pourrait aussi avoir des informations sur sa sœur et comment elle allait, et aussi à quelle vitesse ils avançaient par rapport à elle.

Elle entendit alors des glapissements à ses pieds, baissa les yeux et vit Zéra la regarder avec intensité, sans la moindre trace de surprise et d'étonnement dans la fond de ses yeux tellement profonds:


_Tu veux venir avec moi, demanda-t-elle avec calme? Le renard blanc glapit une nouvelle fois et grimpa le long du corps de la jeune femme afin de venir s'installer sur l'épaule de celle-ci, entourant son cou quasiment entièrement. Maintenant, ils étaient en route. Ils chassaient ensemble cinq hommes en noir.

Les Mondes Séparés: La ChasseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant