Les abords de la Capitale (3)

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_Pourquoi y a-t-il autant de gens devant toutes les entrées de la ville, demanda-t-elle soudainement en essayant de détourner la conversation vers un autre sujet que celui qu'elles venaient d'effleurer malgré-elles?

_Les hommes en noir ont mis en place des taxes pour que les gens entrent dans la Capitale, répondit Salvinah. Ceux qui n'ont pas les moyens de payer doivent rester dehors et commercer sous ces tentes.

_Combien vaut cette taxe?

_Cent pièces par personne. Deux cents si tu veux entrer avec tes armes... Elle n'en croyait pas ses oreilles. C'était tout ce qu'il restait de ses économies. Elle n'avait plus que deux cents pièces sur elle. Si elle les donnait aux hommes en noir pour pouvoir entrer dans la ville, elle n'aurait plus rien pour pouvoir se nourrir, trouver un endroit pour se reposer et surtout, afin de pouvoir repartir dans les montagnes isolées avec sa sœur.

Mais elle était incapable de laisser ses armes derrière elle, surtout à des hommes en noir, pour se retrouver dans une ville peuplée d'hommes en noir. Parmi tous ces ennemis, elle savait qu'elle avait besoin de toutes ses armes pour se protéger et pour sauver sa sœur. Elle devait payer le prix qu'il fallait, mais elle ne pouvait pas se permettre de ne pas avoir son arc, ses flèches et ses couteaux, quitte à sacrifier le reste.

Elle aurait tout le temps de prendre au chemin du retour lorsqu'elle aurait enfin retrouvé sa petite sœur.

Lorsqu'elles arrivèrent aux abords des premières tentes, Levah fut envahie par un brouhaha violent et intense qui la fit siffler des oreilles: des centaines et des centaines de personnes discutaient à haute voix, certains criant, certains vociférant, certains chantant des airs plus lourds les uns que les autres. Elle pouvait entendre les bruits d'instruments de musique rutilants, des instruments de musique fracassants, des feux qui crépitaient sans cesse, les bruits de pas, les bruits d'outils et d'armes. Elle avait l'impression que tout se mélangeait autour d'elle et ça l'oppressait toujours un peu plus.

Sans compter tous les cris d'animaux qui ne cessaient de rugir autour d'elle! Comment ces gens faisaient-ils pour vivre dans tout ce vacarme? C'était assourdissant. C'était insupportable. Elle avait envie de s'enfuir en courant tellement la pression de tous ces bruits étaient forts et choquants. Comment ces gens faisaient-ils pour survivre dans cette atmosphère tellement bruyante et violente?...

Elle ne le pouvait pas.

Elle, elle était habituée à vivre dans les bruits doux et calmes des forêts des montagnes isolées, loin du fourmillement constant des humains, à écouter les bruissements du vent et le chant des cours d'eau.

Tout d'un coup, cela lui manquait terriblement. Elle voulait retrouver les montagnes isolées. Elle voulait y vivre. Elle voulait y mourir. Elle voulait être seule avec Zera. Tout ce silence lui manquait tellement. Elle ne voulait plus que cela. Elle n'aimait pas les villes et leur rythme effréné. Elle se rendait soudainement compte que ce n'était pas fait pour elle. Elle voulait juste pouvoir revenir dans l'endroit d'où elle venait, et y emmener sa sœur pour qu'elle soit en sécurité, loin de toutes ces personnes monstrueuses.

Et elle allait retourner chez elle.

Alors qu'elle s'avançaient en direction des portes d'entrée de la ville, elle les reconnut: ils étaient deux, juste devant les portes, armées d'épées courtes parfaitement capable de les définir. Elle reconnaissait leurs yeux condescendants et sûrs de leur supériorité. Elle reconnaissait les voiles et les masques noirs qu'ils portaient. Elle reconnaissait l'ensemble de leur tenue noire... C'était eux! Les hommes en noir... Comme Salvinah le lui avait expliqué, ils étaient chargés de garder les portes d'entrée.

_Levah, dit alors Salvinah... Il ne faut pas qu'ils remarquent que tu le hais. On pourrait rapidement avoir des soucis. Ils nous détestent autant que nous les détestons, mais nous sommes sur leur territoire. Et je suis quasiment certaine qu'ils doivent avoir entendu parler de toi et de tous tes exploits.

_Génial, répondit cette dernière... Je sais que tu as raison, mais on peut pas dire que ça me fait plaisir.

_Pense à ta sœur...

_Bon argument.


_Alors, prête à faire semblant d'être une personne agréable et ouverte aux autres personnes, pour une fois?

Les Mondes Séparés: La ChasseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant