La Capitale (5)

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Levah s'avança rapidement dans l'avenue. Elle était dans la partie la plus à l'est de la Capitale, à présent: la partie réservée aux loisirs et aux divertissements d'après ce qu'avait dit Asam. Il avait rapidement parlé de théâtres, d'endroits pour danser, de salles pour jouer de l'argent et de choses plus étranges les unes que les autres. Et il avait parlé de l'établissement de ce Rickell et des femmes qu'il avait achetées pour pouvoir s'en servir pour gagner de l'argent en vendant leur corps à des hommes qui voulaient des relations sexuelles. Et il avait parlé de ce à quoi ressemblait cet endroit malfamé.

Tout cela la dégoûtait.

Cet homme la dégoûtait profondément.

Elle ne le connaissait pas encore, mais elle sentait qu'elle le détestait déjà. Elle le haïssait de toutes ses forces, autant que les hommes en noir. Elle sentait encore une fois une colère immense envahir son cœur. Elle ne pouvait pas imaginer autre chose qu'une homme horrible, un homme encore pire que les hommes en noir, un homme monstrueux qu'elle ne pouvait pas réellement qualifier avec exactitude.

Elle apercevait enfin le bâtiment en question, cette porte d'entrée qui était surmonté par une enseigne représentant une femme magnifique habillée en petite tenue. Elle ne pouvait se tromper sur ce qu'on venait chercher dans cet endroit. Tout cela était assez explicité à ses yeux. Elle était sûre et certaine que personne ne se trompait sur cet endroit. Rien que de penser à tous ces hommes qui venaient dans cet endroit, elle avait envie de vomir. Elle était réellement écœurée par tout ce qu'elle voyait.

Devant le bâtiment, dans cette rue où il n'y avait pas beaucoup de monde, elle pouvait apercevoir une charrette tirée par deux chevaux, dans lequel se trouvait une cage pour esclaves. Trois autres chevaux se trouvaient aussi à côté. Que se passait-il? Elle reconnaissait ces chevaux noirs: il s'agissait des chevaux qu'utilisaient les hommes en noir, des mêmes qui étaient venus dans sa ferme...

Sans réfléchir, elle se mit à avancer de plus en plus rapidement, prenant son arc entre les deux mains.

Ce fut à ce moment qu'elle l'entendit: un cri féminin qui résonna dans l'ensemble de la rue. Elle déchira l'avenue avec une grande force et une expression de douleur qui lui déchira le cœur. Elle était capable de reconnaître cette voix entre mille, entre dix mille, entre cent mille voix: la voix de sa sœur.

Christie était là, juste devant elle. Et elle semblait en danger. Il fallait qu'elle fasse quelque chose pour lui venir en aide. Elle ne supportait pas de l'entendre hurler de douleur comme cela. Elle ne pouvait pas ne rien faire. Elle savait qu'elle devait se battre pour sauver sa sœur et qu'elle devait le faire maintenant.

Sa sœur souffrait.

Sans réfléchir plus longtemps, elle plaça une flèche dans son arc tout en se mettant à courir le plus rapidement possible en direction du bâtiment où elle était censée se trouver, et où elle semblait souffrir.

La porte d'entrée de l'établissement s'ouvrit avec fracas, laissant sortir quatre hommes en noir dont l'un tenait fermement sa petite sœur dans ses bras, la soulevant du sol avec une grande force. La jeune fille se débattait de toutes ses forces, agitant les bras et les jambes avec force dans la robe longue à corset qu'elle portait.

Malgré la situation dans laquelle elle était, Christie semblait aller bien physiquement. Elle ne semblait pas avoir de blessures graves, même pas d'hématomes ou quoi que ce soit dans ce genre. Elle en était profondément soulagée. Mais elle savait que les apparences ne faisaient pas tout: sa sœur avait du tellement souffrir à cause des hommes en noir et Levah devait absolument la sauver d'eux.


D'ailleurs, pourquoi étaient-ils là? N'avaient-ils pas vendu sa sœur à ce Rickell? Pourquoi venaient-ils soudainement dans cet endroit pour la reprendre et l'enlever une nouvelle fois? Elle ne comprenait pas. Elle n'arrivait pas à suivre ce qu'ils faisaient: ça n'avait pas de sens. Voulaient-ils reprendre Christie pour la vendre à nouveau quelque part d'autre? Ou voulaient-ils la garder pour eux? Ou cherchaient-ils à faire quelque chose de pire encore que tout cela? Elle ne le savait pas du tout.

Un homme sortit alors rapidement de l'établissement, une dague dans chaque main, sa peau noire qu'elle ne prit pas la peine d'observer, regardant les quatre hommes avec haine. Une femme aux cheveux parfaitement blonds et au corps sublime dans sa robe serrée à corset et à décolleté sortit à son tour, un arc bandé en direction des hommes en noir dans les mains, prête à tirer sur les hommes à tout moment.

Elle n'y fit pas attention plus longtemps. Elle se tourna vers les quatre hommes en noir. Elle les reconnaissait. C'était les hommes en noir qui avaient assassinés ses parents et enlevés sa sœur dans leur ferme. Elle approchait enfin de sa vengeance. Elle n'allait pas hésiter un seul instant à s'en prendre à eux.

Elle décocha sa flèche.

Celle-ci vint mourir dans le ventre d'un des hommes en noir qui poussa un râle de douleur tout en s'effondrant sur le sol dans une crispation de douleur qui le fit se cabrer à terre, avec une grande force.

Les trois hommes en noir encore debout et sa petite sœur tournèrent rapidement la tête dans sa direction et la virent. Sa sœur écarta d'abord les yeux d'étonnement, puis se mit à hurler à pleins poumons:

_LEVAH!!! SAUVE-MOI!!!

_On monte dans la charrette et on se barre, dit l'un des hommes en noir. Sans réfléchir, l'homme en noir qui tenait sa sœur la balança sans ménagement dans la charrette avant de grimper dessus avec un autre homme en noir. Le troisième homme en noir monta à l'avant de la charrette et fit rapidement avancer les deux chevaux qui partirent au galop en plein milieu de la ville, avec une immense rapidité.

Levah plaça une nouvelle flèche dans son arc et tira, atteignant un deuxième homme en noir à l'épaule, mais cela n'arrêta pas la charrette qui disparut au bout de l'avenue en quelques secondes à peine.


Elle avait raté sa sœur. Elle ne l'avait pas sauvé. Et tout cela n'était que de sa faute. Elle était la seule coupable...

Les Mondes Séparés: La ChasseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant