Les Mondes Séparés: La Chasse

Le Capitaine (2)

Le renard blanc glapit une fois rapidement. La jeune femme lâcha alors le visage de l'homme et recula de quelques centimètres afin de laisser la place à l'animal. Celui-ci s'approcha de Rayak, posa ses pattes avant sur les bras de l'homme et tendit son museau en direction de son visage afin de commencer à lécher sa plaie. La salive des animaux était connue pour aider à cicatriser et pour soulager les douleurs des blessures.C'était la meilleure chose qu'elle pouvait faire pour lui, pour le moment. Dès qu'ils le pourraient, Rayak aurait les meilleurs soins possibles. Avant cela, il devait juste faire preuve de courage autant que de faire preuve de patience envers eux.

Levah se tourna alors vers les batailles qui continuaient de se dérouler dans son dos: Salvinah venait juste de prendre le dessus et de vaincre son adversaire. Micka se battait avec férocité, ainsi que Avok qui venait de le rejoindre. Mais, trois autres nomades semblaient en difficulté face à leurs ennemis. Ils semblaient avoir besoin d'aide. Il fallait qu'elle intervienne pour le faire le plus rapidement possible.

Levah serra de nouveau la dague dans sa main et se leva d'un bond. Elle s'avança rapidement en direction de l'homme en noir le plus proche d'elle, qui se battait toujours contre un nomade. Sans hésiter une seule seconde, elle enfonça sa dague entre les deux omoplates de l'homme. Et, elle la retira aussitôt. L'homme en noir tomba, mort. Il n'avait plus le moindre souffle de vie au fond de lui.

Elle se retourna et recommença le même plan avec un autre homme en noir. Elle le tua d'un seul coup. Elle vit alors Salvinah faire exactement la même chose pour venir en aide à Avok. Elle semblait avoir compris qu'ils devaient juste être efficaces pour parvenir à leurs fins, sans se soucier des questions philosophiques, des questions de morale et de toutes ces choses pas tellement importantes.

En quelques gestes, les deux femmes tuèrent les deux derniers hommes en noir, d'un coup dans les omoplates. Il ne leur restait plus grand chose à faire, à présent. Plus ils avançaient, moins il y avait d'hommes en noir à combattre, plus ils s'approchaient du moment où cette ville allait être complètement libérée de ces hommes en noir, qui lui apparaissaient de plus en plus comme des monstres.

Sans attendre une seule seconde de plus, Avok se tourna vers l'un des nomades et lui déclara avec calme:

_Reste avec Rayak et assure-toi que tout va à peu près bien pour lui. Nous, nous allons continuer. Le bureau du Capitaine est juste devant nous. À partir de maintenant, toute cette histoire est presque finie.

_Très bien,répondit l'homme.

_Allons-y, dit simplement la jeune femme en commençant à s'avancer en direction de la seconde porte à double battants. Salvinah acquiesça et se mit à marcher aux côtés de la jeune femme. Derrière cette porte, se trouvait le Capitaine des hommes en noir. Derrière cette porte, se trouvait la fin de cette nuit où le sang n'avait que trop coulé. Elle en avait assez de cette nuit. Elle se sentait exténuée, fatiguée de tout. Elle avait envie de s'allonger et de s'endormir pendant des heures et des heures. Elle voulait juste se reposer un peu, après tout cela. Elle avait fourni trop d'efforts. Maintenant, elle ne voulait plus rien faire. Elle voulait juste se remettre et rependre le cours de son périple.

Elle arriva devant la porte et l'ouvrit d'un seul coup, en grand. Et, elle entra. Elle entra dans une pièce qui devait faire une trentaine de mètres carrés et qui était plongé dans une pénombre assez étrange: les grandes fenêtres se trouvaient sur le mur, au fond de la pièce, étaient recouvertes de grands rideaux bordeaux. Sur les murs de côté, se trouvaient de grandes étagères sur lesquelles se trouvaient des centaines et des centaines de livres qui semblaient plus vieux les uns que les autres, et certainement très précieux, voire même des livres qui semblaient dater d'avant l'ère qu'ils connaissaient.

Devant les grands rideaux, se trouvait un immense bureau en bois, très long et assez large, couvert de dossiers en tout genre et manuscrits. C'était un bureau richement décoré, un bureau de personne important qui prenait des décisions pour les autres. Exactement ce qu'elle aurait imaginé du bureau d'un maire de ville...

Assis derrière ce bureau, se trouvait un homme d'une quarantaine d'années, habillé du costume des hommes en noir. Il avait de longs cheveux grisonnants, attachés en tresse dans son dos, ce qui était étonnant puisque quasiment tous les hommes qu'elle avait croisés dans sa vie avaient toujours eu les cheveux courts. Ses yeux étaient d'un bleu aussi clair et aussi bleu qu'un ciel d'hiver, lorsque le gel envahissait les montagnes isolées. C'était un homme beau et solide, avec une allure guerrière qu'on ne pouvait pas contester. En le voyant ainsi, on comprenait aisément pourquoi il était le Capitaine de ce groupe: il semblait aussi calme que terrible, aussi sage que terrifiant. Un homme dont il fallait se méfier...