Le campement (7)

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Elle attrapa alors une flèche et la tira sur l'une des deux adolescents restants tout en se mettant à courir en direction de Salvinah. Elle réitéra cet acte avec le dernier adolescent encore debout, sans hésitation.

Lorsqu'elle arriva auprès du dernier adolescent qui continuait de frapper Salvinah avec une extrême force, elle sortit rapidement son long couteau et l'enfonça entre les omoplates du jeune homme. Celui-ci se mit alors à expulser du sang sur le visage de la femme et s'effondra sur elle, mort en quelques secondes à peine. Maintenant, il n'y avait plus personne autour d'elles. Elles avaient vaincue ces tortionnaires. Elles étaient libres. Et, elles pouvaient continuer leur route, chacune de leur côté.

Rapidement, Salvinah poussa le corps de l'homme sur le côté et se releva sur les pieds en seul bond. Elle attrapa fermement son épée tout en s'écriant avec force, avec colère, avec un profond ressentiment:

_On dirait que ça fait la troisième fois en quelques instants que tu me sauves la vie! J'ai d'immenses dettes envers toi que je vais devoir payer... Il semble qu'il n'y a plus personne à combattre dans ce campement?

_Les autres se sont enfuis, répondit Levah...

_Bonne nouvelle. Il faut que je mange un peu avant de partir pour Pléna avec toi. Je n'ai pas mangé depuis deux jours. Et, je ne peux pas marcher le ventre vide... Profitons un peu du repas qu'ils étaient en train de faire! Sans attendre de réponse de la part de la jeune femme, Salvinah s'avança en direction d'une table où se trouvait de la viande encore chaude et commença à manger en silence. Levah, quant à elle, était incapable de manger quoi que ce soit: pas après ce qu'elle avait vu et entendu. Elle avait le cœur retourné par toutes ces horreurs et toute cette barbarie. Son âme s'en remplissait encore plus de haine. Elle avait une terrible envie de punir ceux qui faisaient ce genre de choses à d'autres êtres humains: une envie qu'elle ne pouvait plus assouvir... Pour le moment, en tout cas.

Lentement, elles'avança en direction de l'homme, attaché et inconscient à un poteau qui se trouvait au centre du campement. Il était couvert de sang. Il avait besoin d'aide. Si elle pouvait faire quelque chose pour lui venir en aide, elle devait le faire. Elle ne pouvait pas le laisser comme cela. Elle n'avait pas le droit de laisser quelqu'un en souffrance de cette manière. Elle n'avait pas le droit de laisser une personne attachée à un poteau, dans une situation pire que celle d'un morceau de viande. Cet homme avait besoin de soins. Il avait besoin de nourriture. Il avait besoin d'eau. Et, elle avait tout cela.

Lorsqu'elle se retrouva devant l'homme, elle remarqua alors: la tête de l'homme pendait contre son torse, comme si ses muscles étaient devenus mous et inconsistants, pendant de manière très lâche. Sa cage thoracique ne semblait plus se soulever, comme si cela était devenu trop difficile pour lui. Elle ne percevait pas le moindre souffle. Il n'y avait plus rien, plus le moindre souffle de vie au fond de lui.

_Il n'a pas résisté à toutes les tortures qu'il a subies. Il en est mort, déclara Salvinah en s'approchant de la jeune femme tout en mangeant.

_Pourquoi, demanda-t-elle?

_Je ne sais pas. Je ne comprends pas non-plus. Comment savoir ce qui passe par la tête des personnes qui font ce genre de choses? Malheureusement, je crois que c'est un signe des temps. Les hommes en noir, comme tu dis, ont réveillé quelque chose de violent chez tout le monde. Et, des choses comme cela se passent de plus en plus partout. Tu auras l'occasion de le voir par toi-même, tu verras.

_Ça ne m'empêchera pas d'aller à la Capitale, pour autant. Ces hommes en noir ne me font pas du tout peur.

_Il faudra déjà que tu passes Pléna!... Parce que les nomades sont mal vus par les annihilateurs et ne doivent pas avoir le droit de faire quoi que ce soit. Comment tu vas faire pour passer la ville toute seule, sans aide?

_Je ne sais pas encore... Mais, je vais le faire... Et toi, qu'est-ce que tu comptes faire? Et, qui es-tu exactement?

_Je suis une rôdeuse. Et, je vais te suivre à Pléna et même au-delà, jusqu'à ce que j'aie remboursé mes trois dettes envers toi. Je ne te donne pas vraiment le choix... Levah ne réagit pas. Cette femme était donc une rôdeuse. Cela lui donnait envie de frissonner, sans qu'elle ne se laisse faire. Son père lui avait souvent parlé des rôdeurs et de ce qu'ils étaient. Les rôdeurs avaient l'impression d'être les ennemis de tout le monde. Ils avaient la réputation d'être des êtres très durs et dangereux pour les autres, étant de grands guerriers et parfois même des bandits, voire même des assassins lorsqu'ils en ressentaient le besoin. Les rôdeurs n'étaient pas réellement des gens fréquentables, même s'ils ne faisaient pas de mal à qui que ce soit sans réelles raisons. C'était ce que tout le monde disait sans cesse.

Son père lui avait souvent dit qu'il valait mieux être l'ami de ces gens que leur ennemi. Alors, elle pensait qu'elle devait s'estimer chanceuse. Cette femme avait décidé de lui venir en aide et de l'accompagner. Elle savait déjà qu'elle ne pouvait pas se permettre de refuser cela, au risque de la vexer et de devenir son ennemie. Elle était obligée de devoir accepter son aide, pour le moment en tout cas. Et, la jeune femme ne pouvait n'être qu'une aide utile pour passer la ville de Pléna et les hommes en noir.

_Nous pouvons partir quand tu veux, s'exclama alors Salvinah en posant la main sur le manche de son épée qui était maintenant attachée à sa ceinture en cuir noir, qui se trouvait autour de la taille de cette dernière.


_Laisse-moi juste le temps de ramasser mes flèches et de les ranger. Et, nous pouvons nous mettre en route...

Les Mondes Séparés: La ChasseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant