L'Addus

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Levah sortit des murailles de la ville de Pléna et jeta un regard circulaire sur le désert qui s'étendait devant eux: celui-ci semblait immense. Ils'étendait à perte de vue en direction de l'est, mais aussi du sud et du nord. Il ne semblait pas avoir de fin. Il s'agissait de la plus grande plaine qu'elle n'avait jamais vu, une plaine sans la moindre végétation, sans le moindre arbre... Une des choses les plus désolées qu'elle avait vues de son existence! Elle comprenait mieux pourquoi Vatki lui avait dit qu'il fallait à peu près deux semaines pour traverser ce désert: il semblait tellement immense que moins aurait semblé irréaliste. Elle avait même presque l'impression que ce désert pouvait ne pas avoir de fin.

Et, cette chaleur! Cette couleur jaune très claire, presque blanche, qui sautait aux yeux et rendait chaque reflet douloureux pour eux. Elle n'avait jamais vu de grains de terre aussi fins et aussi volatiles. Chaque graine semblait capable de fouetter le visage au moindre coup de vent. Ces grains... Son père lui avait déjà parlé des grains de terre du désert: des grains de sable, qu'il les avait appelé. Combien de fois lui avait-il dit à quel point il était difficile d'avancer dans le sable? Elle ne le savait plus. Mais, elle se souvenait parfaitement de ses avertissements d'alerte et de puissance sur le désert...

Ainsi que sur tout le reste! Elle avait l'impression que son père avait essayé de la prévenir et de l'avertir de tous les dangers de ce monde et de ce qu'il y avait réellement dedans. Chaque parole avait été un apprentissage pour elle. Il l'avait préparé au Monde, comme s'il avait toujours su qu'elle devoir partir de chez eux et traverser l'ensemble des terres séparées. Et, elle le remerciait profondément de tout ce qu'il avait pensé à faire, mais si elle se demandait comment il l'avait su.

Au milieu du sable du désert, on pouvait apercevoir des choses qui dépassaient de l'horizon, des choses absolument énormes qui semblaient ressembler à des vestiges des précurseurs. Mais, elle n'avait jamais vu de tels vestiges auparavant! Ceux-là, elle ne les connaissait pas. Et, elle avait beaucoup de mal à les distinguer avec toute cette importante clarté. Elle imaginait qu'ils allaient se rapprocher de ces monuments importants, étant donné qu'ils se trouvaient à l'est: à ce moment-là, elle pourrait essayer de comprendre de quoi ils'agissait réellement et ce qu'ils étaient censés représenter pour les précurseurs, ce à quoi ils servaient et pourquoi ils les avaient construit dans cet endroit.

Elle vit alors Rayak lui tendre un morceau de tissu qui semblait long, large et épais, qui ressemblait un peu à une immense écharpe d'hiver, comme celles qu'elle avait pris l'habitude de porter dans les montagnes isolées, mais beaucoup plus grande. Pourquoi lui donnait-il une telle chose? Pourquoi semblait-il vouloir qu'elle porte une telle chose dans un endroit qui semblait aussi chaud et aussi sec que ce désert? Ça n'avait pas de sens. Elle avait déjà tellement chaud. Elle avait l'impression qu'elle ne pouvait pas supporter un seul bout de tissu en plus, pour le moment. Elle aurait aimé pouvoir en porter bien moins.

La vision du visage de Rayak lui faisait de la peine depuis la veille! Il avait été gravement blessé: la moitié de ses yeux, de son front et de son nez était recouvert d'un bandage afin de permettre à sa plaie de cicatriser. Il allait en garder une marque profonde et durable. Même maintenant, il semblait mal en point. Il avait à peine pris le temps de se soigner et de se reposer. Avec ces blessures, il aurait du passer des jours et des jours alité, en temps normal. Mais, il ne le faisait pas. Il ne pouvait pas accepter de faire une telle chose dans les circonstances actuelles de cette ville et des membres de son peuple.

Il avait fait d'autres choix: la ville de Pléna avait été complètement dévastée par le passage des hommes en noir. Les habitants manquaient de tout, à commencer de nourriture. Et, les nomades étaient les seuls à avoir les moyens d'aller chercher des denrées de l'autre côté du désert, à Séchane, grâce à leurs caravanes très nombreuses. Rayak avait décidé de prendre la tête de la première de ces caravanes afin d'aider tous les gens de cette ville le plus rapidement possible. Et, il avait proposé aux deux femmes d'en profiter pour les aider à traverser le désert et à attendre Séchane le plus vite possible.

Levah devait avouer qu'elle était admirative de cet homme, de sa force, de sa résistance et de son courage. Malgré les terribles épreuves qu'il venait de traverser, il n'avait pas perdu cette force et cette détermination en elle, cette étincelle aux mille feux qui brillaient dans le fond de ses yeux... Rien n'avait changé dans le fond de ses yeux, en tout cas de celui qu'elle voyait, pour le moment. Et, rien n'avait changé dans son attitude. Il gardait toujours la même force au fond de lui. Et, elle trouvait cela particulièrement admirable. Elle trouvait cela grand. Elle trouvait cela courageux, bien plus courageux que toutes les choses qu'elle faisait toute seule pour se venger et tenter de retrouver sa petite sœur.

_Pourquoi est-ce que tu me tends ce chiffon, demanda alors la jeune femme avec une voix calme et distante?

_Ce n 'est pas un chiffon, rétorqua Rayak avec amusement! C'est un châle. Ça permet de se protéger du soleil et des tempêtes de sable qui apparaissent parfois là-bas. On va tous en avoir besoin, à un moment ou un autre... Crois-moi! Le désert de l'Addus n'est pas un endroit très accueillant, ni facile à vivre...


_C'est un euphémisme, ça, s'amusa alors Salvinah en venant se placer à côté de Levah et en caressant le museau de Zéra, assis sur l'épaule de la jeune femme! Tu vas vite comprendre que l'Addus est un endroit très désagréable... Levah se tourna en direction de Salvinah et la regarda avec étonnement. Ne croyaient-ils pas qu'elle savait déjà toutes ces choses? Elle se doutait fortement que le désert était un endroit hostile aux humains et qu'elle devait constamment rester sur ses gardes. Les deux personnes n'avaient pas à s'en faire pour elle: elle savait pertinemment que les deux personnes connaissaient le désert, contrairement à elle. Elle savait qu'elle devait suivre leurs recommandations et faire ce qu'ils lui demandaient de faire. Et, c'était exactement ce qu'elle avait l'intention de faire. Ils ne devaient pas s'inquiéter pour toutes ces choses. Elle n'était pas aussi stupide.

Les Mondes Séparés: La ChasseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant