Elle sentit alors Zéra monter sur son épaule, jeta un regard rempli de braise et de colère sur l'homme et lui déclara d'un voix qu'elle sentit aussi puissante qu'elle avait envie d'être dure avec celui qui lui faisait face:
_Je n'ai jamais eu besoin de personne pour survivre, et certainement pas de toi, Rayak. Et ça ne va pas changer. Je me suffis à moi-même. Je ne fais confiance à personne. Et, je n'attends rien de personne... Si j'en ai envie, je peux très bien me débrouiller toute seule... Moi, avoir besoin de toi? Si tu crois une telle chose, c'est que tu n'as rien compris. Pour moi, il n'y a que moi qui compte. Et, j'avance toute seule.
_Dans ce cas-là, pourquoi est-ce que tu t'encombres de Salvinah, répondit alors l'homme visiblement déstabilisé par ce que la jeune femme disait, pensait et ressentait au fond d'elle-même?...
_Parce qu'elle ne fait rien d'autre que m'accompagner, s'écria la jeune femme avec furie. Parce qu'elle ne m'impose rien et qu'elle ne me force à rien. Elle sait que je n'ai pas besoin d'elle... Toi, tu veux m'imposer des choses parce que tu veux t'imposer à moi! Et, je ne veux pas de ça. Je ne veux pas de toi! Elle avait quasiment hurlé en disant cela, si bien que Avok et Salvinah avait tourné la tête dans leur direction afin d'observer ce qu'il se passait. Mais, il n'y avait pas grand chose à regarder de plus: elle venait de dire ce qu'elle avait à dire. Elle avait dit ce qui était important pour elle. Il n'y avait plus grand chose d'autre à ajouter. Elle avait vidé son sac, ne s'accrocher à personne. C'était important pour elle.
Et elle se sentait soulagée d'un poids après avoir dit cela. Elle se sentait libérée des autres. Elle ne voulait pas laisser croire à Rayak des choses qui étaient fausses. Elle ne voulait pas qu'il ait de faux espoirs face à elle. Elle ne voulait pas qu'il continue à croire qu'il pouvait s'accrocher à elle alors qu'elle savait très bien qu'il ne l'aurait jamais. Elle n'était pas aussi cruelle que cela. Elle faisait mal à Rayak pour le moment, mais elle savait que c'était pour son bien et qu'elle ne pouvait pas faire autre chose.
_Tu dois rentrer à Pléna, Rayak, ajouta-t-elle avec un peu plus de calme. C'est là que tu trouveras les personnes qui ont besoin de toi. M'en veux pas, mais je ne suis pas la femme que tu attends que je sois... Et je ne peux pas te donner ce que tu veux... Il faut se séparer, à présent. Rayak gronda alors sourdement avant de se retourner en direction d'un chameau, tournant ostensiblement le dos à la jeune femme. Il était furieux contre elle. Il n'avait plus rien à lui dire. Il devait certainement être profondément blessé par tout ce qu'avait dit la jeune femme. Il était blessé dans son âme et dans son honneur. Il avait besoin de temps pour se remettre de ses désillusions et pour se guérir de toutes ses choses.
Et elle l'acceptait. Elle savait que c'était nécessaire. Il pouvait la détester autant qu'il le voulait. Elle savait qu'elle était détestable sur bien des points. S'il voulait rejeter toutes les fautes sur elle, il pouvait le faire. Que les gens la haïssent ne la dérangeait pas. Elle n'était pas là pour se faire aimer des gens. Rayak pouvait bien penser tout ce qu'il voulait d'elle. Elle acceptait. La haine glissait sur elle sans jamais l'atteindre. Elle avait déjà assez de haine et de colère dans le cœur pour que celle des autres ne lui fasse quoi que ce soit. Elle acceptait le dédain. Elle acceptait même cette ignorance. Si Rayak pensait réellement pouvoir lui faire mal en l'ignorant comme il faisait actuellement, il se trompait. Elle n'était pas le genre de femmes à s'inquiéter de ce que les autres pensaient d'elle.
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Les Mondes Séparés: La Chasse
Macera_Tu es une femme extrêmement forte, Lévah, déclara alors soudainement la mère de la jeune femme en plantant ses yeux dans les siens. Tu es la personne la plus forte et la plus résistante de cette famille, bien plus que ton père, bien plus que moi, b...