Les Mondes Séparés: La Chasse

La caravane (3)

La fièvre des sables? Elle n'avait jamais entendu parler de ce type de maladie auparavant, ce qui devait être normal étant donné qu'elle avait grandi dans les montagnes. Qu'était cette maladie? Quelles étaient ses causes et ses effets? Quel mal faisait-il subir aux autres? Elle n'avait aucun moyen de le savoir, pour le moment.

Mais, de ce qu'elle comprenait, Rayak connaissait cette maladie, ses effets et son fonctionnement, ce qui était forcément une bonne chose pour elle: s'il y avait un moyen d'aider la jeune femme à guérir, il devait certainement la connaître. Il devait l'aider. Cette maladie semblait être féroce. Elle ne pouvait pas en guérir seule. S'il connaissait cette maladie, il devait lui donner les ressources de se battre.

_On retourne à Pléna pour la soigner, demanda alors Avok en s'approchant du groupe à pas rapides?...

_Non, s'exclama Levah du mieux qu'elle le pouvait dans un murmure! Il faut que j'avance à tout prix... Comment pouvaient-ils dire de telles choses? Quelle idée avaient-ils en tête? Elle n'était pas là pour reculer. Elle n'avait pas le droit de reculer. La vie de sa sœur dépendait du fait qu'elle continue à avancer. Elle n'avait pas le droit de faiblir. Elle n'était pas là pour abandonner à chaque difficulté.

Sa sœur l'attendait. Pendant que Levah perdait du temps, elle l'attendait et elle souffrait. Qui savait ce qu'elle était en train d'endurer, en ce moment-même? Qui savait ce que les hommes en noir était en train de lui faire subir? Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle devait y aller et qu'elle devait sauver sa sœur.

Alors, comment pouvaient-ils dire de telles choses? Ces derniers jours, elle leur avait expliqué en détail ce qu'elle avait vécu et les raisons pour lesquelles elle se rendait jusqu'à la Capitale. Ils savaient tout. Et, ils n'avaient pas le droit de la détourner de ses objectifs. Elle ne pouvait pas l'accepter. Elle ne comptait pas les laisser faire. S'il le fallait, elle était capable de continuer la route seule, malgré le désert et sa maladie. Elle ne reviendrait jamais en arrière. Elle n'allait pas reculer, malgré la souffrance.

Elle espérait de tout son cœur que les trois personnes n'auraient pas l'impudence d'essayer de l'empêcher de faire ce qu'elle voulait faire. Ils étaient ses alliés, mais elle n'aurait aucune hésitation à s'en prendre à eux si jamais ils essayaient de l'empêcher de se rapprocher de sa sœur. Ils ne devaient pas se faire d'illusions: ils n'étaient pas si importants que cela à ses yeux. S'en prendre à eux ne la dérangeait pas.

Salvinah le savait très bien: elle n'avait aucune intention de reculer d'un seul pas. Elle n'avait pas l'intention de fuir. Et elle, elle devait l'aider à obtenir ce qu'elle voulait. C'était ce qu'elle avait promis. Elle n'avait pas le droit de ne pas tenir sa promesse. Elle n'avait pas le droit de devenir une parjure. Elle devait l'aider et la soutenir. Et, elle devait lui permettre d'avancer, même au milieu de ce désert.

_Il faut que tu ailles à Pléna pour te faire soigner, Levah, déclara alors Rayak tout près du visage de la jeune femme, semblant s'être penché afin de mieux la regarder. Sinon, tu vas réellement souffrir et tu peux mourir sur le chemin pour Séchane. Et, nous n'avons pas les produits pour t'aider à guérir...

_Je ne reculerais pas, répondit-elle en essayant d'avoir une voix forte! Et, rien ne m'empêchera d'aller à Séchane.

_Levah...

_Non de non...Salvinah, est-ce que tu veux bien leur faire comprendre comment je fonctionne? Dis-leur... Que soit on avance... Soit je m'en prends à eux pour avancer toute seule. Je veux aller à Séchane... Et, nous allons aller jusqu'à cette ville. Et, je ne vous conseille pas de vous opposer à moi.

_C'est elle qui décide, avoua alors Salvinah d'une voix faible... On ne peut pas prendre ce genre de décision à sa place. Personnellement, je n'ai aucune envie de la voir se retourner contre nous... Il est évident qu'elle est encore très dangereuse, même avec la fièvre des sables... Levah se sentit soulagée. Au moins, la jeune femme avait compris ce que voulait Levah et avançait dans son sens. Elle lui venait même en aide, exactement ce qu'elle attendait d'elle. Elle avait dit exactement ce qu'il fallait dire.

Et elle était soulagée d'apprendre que la jeune femme était avec elle, en ce moment-même, alors que les deux hommes voulaient la forcer à retourner à Pléna et à reculer. Pour eux, faire ce chemin était moins pressent. Eux, pouvaient se permettre d'attendre quelques jours. Alors, peut-être ne comprenaient-ils pas l'empressement de la jeune femme à atteindre l'autre côté du désert le plus rapidement possible?

Elle, elle n'avait pas le choix: elle, elle vivait dans l'urgence et devait se presser autant qu'elle le pouvait. Elle, elle n'avait pas le temps de s'arrêter quelques instants et de penser à ce qu'elle faisait. Elle avait l'impression de fonctionner comme un automate depuis que ses parents étaient morts. Elle refusait de réfléchir. Elle refusait de ressentir. Elle ne devait pas se poser de questions. Elle était là pour se battre.

_A une seule condition, s'exclama Rayak avec véhémence: tu montes dans la roulotte avec moi et tu te reposes pendant que je te soigne...

_Très bien, répondit simplement Levah. Aidez-moi à me lever et à y aller, dans ce cas... Elle entendit Salvinah pousser un léger gloussement et lui attraper le poignet afin de la glisser le long du chameau pour l'aider à se redresser sur ses jambes. Elle avait les jambes vraiment faibles. Et, elle avait toujours aussi mal à la tête. Ça ne semblait pas vouloir finir. Et, les efforts qu'elle fournissait pour pouvoir continuer à réfléchir et pour soutenir une conversation n'arrangeaient pas son état physique.

En quelques secondes, elle sentit la main de Rayak passer autour de sa taille pour venir l'attraper et la soutenir. L'homme passa l'un des bras de la jeune femme autour de ses épaules afin de commencer à la faire avancer, sans aller vite à cause de son corps qui n'était devenu qu'une immense douleur.