Elles auraient le temps de discuter de toutes ces choses, une fois dans le village. Et Salvinah allait devoir lui expliquer beaucoup de choses, pourquoi elle ne lui avait rien dit, notamment. Levah avait besoin de comprendre. Elle avait besoin de savoir. Salvinah avait certainement des tas de raisons de ne pas avoir parlé de toutes ces choses à la jeune femme. Avant d'avancer, elle devait expliquer toutes ces raisons.
Ce qu'elle ne supportait pas, c'était qu'elle sentait au plus profond d'elle-même que Salvinah ne lui avait pas parlé de ces choses pour une raison: elle avait eu peur que Levah n'ait pas le courage d'affronter toutes ces choses...
Ce qui était stupide! Rien ne pouvait arrêter la jeune femme. Elle n'allait pas s'arrêter parce que certains dangers pouvaient se présenter devant elle. Elle était capable de combattre. Salvinah ne s'était-elle pas rendu compte qu'elle n'avait aucun problème toutes les choses de ce monde? Ne s'était-elle pas rendu compte qu'elle était déterminée à retrouver sa sœur, qu'importait le prix à payer?
Alors qu'elles continuaient d'avancer, Levah ne put s'empêcher de se demander si Salvinah était réellement digne de confiance. Pourquoi faisait-elle ce qu'elle faisait? Avait-elle pour idée de contrer les volontés de la jeune femme? Elle n'osait pas le croire, mais elle savait qu'elle ne pouvait pas faire la moindre erreur.
La confiance était nécessairement une erreur à ses yeux...
Au bout de plusieurs instants, les pensées de la jeune femme furent chassées par une vision devant ses yeux: dans le brouillard, à une cinquantaine de mètres devant elles, elle vit apparaître, de manière très floue, les contours de ce qu'elle pensait être les remparts d'un village qui semblait minuscule:
De ce qu'elle pouvait percevoir, il s'agissait de remparts de deux ou trois mètres de haut qui entouraient quelque chose d'assez petit, une sorte de petit village de quelques maisons à peine, d'après ce qu'elle pouvait apercevoir. Les murs des remparts semblait être faits en bois, et non en pierres comme tous les autres remparts qu'elle avait vus autour des habitations jusqu'à lors. Ces murs étaient en mauvais état: ils semblait faibles. Ils semblaient usés. Ils semblaient sur le point de céder.
Ça n'avait rien à voir avec les immenses murailles des grandes villes qui servaient à se protéger des attaques des autres humains, notamment des hommes en noir. Ces murailles semblaient avoir été faites dans la précipitation et sans moyen, comme s'ils avaient tous voulu se protéger d'un danger soudain. Ils avaient fait cela pour se protéger de quelque chose d'inattendu. Ce n'était pas bon signe pour elles.
Au fur et à mesure qu'elles avançaient en direction des remparts, Levah se rendit compte que ça n'avait rien à voir avec ce qu'elle avait cru: ces remparts n'étaient pas en bon état du tout. Ils étaient cassés en plusieurs endroits: il y avait des trous béants. Les remparts en bois semblaient être brûlés à d'autres endroits. Ils donnaient l'impression d'avoir été détruit par quelque chose de puissant. Ce n'était pas bon signe.
Ce n'était tellement pas bon signe qu'elle pouvait sentir Zera trembler sur son épaule. Et, Zera ne tremblait jamais pour rien. Il n'avait jamais peur. Il ne craignait jamais personne. Pour la première fois, elle le voyait avoir peur de quelque chose. Pour la première fois, elle le voyait se méfier de ce qui l'entourait. La jeune femme avait aussi la même méfiance envers tout ce qui entourait les deux jeunes femmes. Quelque chose d'étrange se passait dans ce marais. Et ce danger pouvait être mortel pour elles.
Et tout ce silence! Mis-à-part les bruits de frottement qui ne cessaient de les poursuivre et de se rapprocher d'elles, il n'y avait pas le moindre bruit autour d'elles. Elles n'entendaient pas les bruits qui provenaient normalement de tout village de ce monde. Elle n'entendait pas les bruits de conversations, même à voix basse. Elle n'entendait pas le bruit des outils en métal qui frappaient les uns contre les autres. Elle n'entendait pas le bruit des chariots, encore moins le bruit des animaux. Elle n'entendait même pas les bruits de pas de tous les habitants. Tout était tellement calme, beaucoup trop calme.
Elle avait l'impression que le village était mort. Plus personne ne semblait habiter dans cet endroit. Il n'y avait plus âme qui vive. Tout était mort. Elle ne savait pas ce qu'il s'était passé dans cet endroit, mais les habitants semblaient s'être enfui... Ou possibilité pire encore: tous les habitants étaient morts.
_Tout ça, ça ne me plaît pas du tout, chuchota Levah à l'oreille de Salvinah toute proche d'elle. J'aime pas ça...
_Moi non-plus, avoua la rôdeuse en épiant le moindre geste autour d'elles. La dernière fois que je suis venue, les choses n'étaient pas comme cela: elles étaient... Vivantes... On ferait mieux d'aller à l'intérieur du village. Vide ou non, on va être obligées de passer la nuit dans ce village. On ne peut pas marcher de nuit... La jeune femme acquiesça alors en silence et serra un peu plus l'arc dans ses mains tout en regardant avec attention autour d'elle afin de pouvoir déceler le moindre mouvement, le moindre geste dans les ténèbres qui s'étaient maintenant abattues dans les marais. Elle n'avait pas l'impression qu'elle pouvait percevoir quoi que ce soit dans cette brume de plus en plus pesante autour d'elles.
Slavinah s'avança alors en direction des remparts en se permettant de marcher de plus en plus vite: à cet endroit, le sentier devenait de plus en plus large et les ruisseaux s'écartaient de leurs pieds. Elles n'avaient pas à craindre de toucher l'eau. Le village semblait être posé sur une large bande de terre qui semblait particulièrement solide et bien construit. Il n'y avait rien à craindre de ce côté. Le village avait été construit au meilleur endroit de cette forêt, un endroit sûr sur lequel on pouvait se reposer.
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Les Mondes Séparés: La Chasse
Adventure_Tu es une femme extrêmement forte, Lévah, déclara alors soudainement la mère de la jeune femme en plantant ses yeux dans les siens. Tu es la personne la plus forte et la plus résistante de cette famille, bien plus que ton père, bien plus que moi, b...