La caravane (2)

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Elle tourna la tête dans sa direction avec difficulté, non sans sentir une raideur apparaître dans sa nuque. Malgré tous les efforts qu'elle faisait, elle le voyait flou, comme si l'homme lui apparaissait derrière un épais brouillard. Mais, ce n'était pas le cas. Elle ne voyait plus les choses nettement. Quelque chose brouillait sa vue, certainement la même chose qui la faisait tousser et lui donnait des migraines. Et, ça grandissait de plus en plus vite. Ça prenait de plus en plus de place en elle. Ça commençait à la dévorer. Et maintenant, elle pouvait dire que ça l'inquiétait.

Mais, pourquoi lui avait-il parlé de cette manière, avec tellement de véhémence et de peur? Que cela aurait-il changé qu'elle en parle aux autres avant? Elle était malade. Elle était en train de faiblir. Le moment où les autres s'en rendaient compte n'avait aucune importance et ne changeait rien à ce qu'il se passait. Elle allait devoir affronter cette chose seule. Les autres ne pouvaient pas lui venir en aide.

De quoi avait-il peur, soudainement? Quelle importance pouvait avoir l'état de la jeune femme pour lui? Ils ne se connaissaient pas. Ils n'étaient pas proches. Ce qu'il se passait dans la vie de Levah n'influençait pas la vie de Rayak. Dès qu'ils le pourraient, ils allaient se séparer et n'allaient certainement plus jamais se revoir. C'était ainsi que les choses devaient être. Alors, pourquoi s'inquiétait-il autant pour elle? Elle n'avait pas besoin de son attention. Elle n'avait pas besoin de sa pitié. Il ferait mieux de penser à son propre état de santé au lieu de s'inquiéter de celui de la jeune femme.

Elle commençait à avoir du mal à respirer. Elle se sentait suffoquer et haleter avec de plus en plus de force. Elle avait mal à la poitrine, qu'elle sentait se serrer avec de plus en plus de puissance en elle. Elle avait la gorge sèche qui toussait toujours plus. Elle avait l'impression que des couteaux étaient en train de s'enfoncer dans sa gorge, les uns après les autres. Elle commençait à avoir réellement peur.

Et ses yeux devenaient de plus en plus embués. Tout devenait de plus en plus flou dans son regard. Elle commençait à sentir ses yeux se mettre à pleurer, et pleurer encore avec douleur. Ses yeux la piquaient. Elle se sentait totalement irritée au niveau de ses yeux. Elle avait envie de se les gratter avec férocité. Elle avait envie de se les frotter. Mais, elle savait que le faire serait une grave erreur pour elle.

Et ce mal de crâne qui ne cessait de prendre de l'ampleur dans sa tête! Elle avait l'impression que quelqu'un frappait sur sa tête avec un marteau, pour essayer d'écraser son cerveau avec une enclume, puis se remettait à frapper avec encore plus de force. C'était de plus en plus douloureux, tellement plus douloureux que tout le reste. Elle avait mal. Elle avait tellement mal qu'elle n'arrivait plus à réfléchir correctement, à penser à autre chose. Elle avait juste mal au crâne, mal à vouloir en mourir.

Tout ce qu'elle voulait, c'était se reposer. Tout ce qu'elle voulait, c'était s'allonger et dormir encore et toujours.

Soudainement, elle sentit ses forces la quitter. Elle se sentit pousser un gémissement de souffrance. Puis, ses membres la lâchèrent et elle se sentit basculer sur le côté, fermant les yeux et se mettant à trembler avec de plus en plus de force. Elle ne pouvait plus résister à la douleur. Elle ne pouvait plus tenir. Elle avait mal. Elle avait envie de vomir. Et, elle avait froid. Elle avait de plus en plus froid. Elle voulait juste se réchauffer.

Rayak rattrapa la jeune femme du bout des doigts, la soutenant autant qu'il le pouvait et forçant les deux chameaux à s'arrêter d'un coup. Les deux chameaux plièrent alors les genoux pour leur permettre d'atteindre le sol. Rayak passa alors sa main autour de sa taille qui tremblait toujours autant, et la ramena contre son propre corps afin de la maintenir du mieux qu'il le pouvait. Mais, elle ne le regardait pas: elle ne le pouvait plus. Ses yeux étaient ouverts, mais elle ne pouvait plus rien voir.

_Que se passe-t-il, entendit-elle demander la voix de Salvinah qui s'était rapproché d'eux, avec rapidité?


_Elle a attrapé la fièvre des sables, répondit calmement Rayak avec inquiétude. 

Les Mondes Séparés: La ChasseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant