Orlet (3)

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Lorsqu'il ouvrit sa chemise, la jeune femme découvrit un torse particulièrement développé aux muscles puissants et dessinés avec force, laissant paraître des pectoraux bombés et des abdominaux solides. Pour un homme de son âge, il semblait être dans une forme époustouflante, capable de se défendre et de se battre dans toutes les circonstances. Il ressemblait aux guerriers des anciennes légendes dont lui avait parlé son père, de l'époque où les mondes séparés étaient unis, de l'époque où les précurseurs avaient formé des armées puissantes. Il ressemblait à ces guerriers-là: solides et puissants.

Sur le torse de l'homme, au niveau de son pectoral gauche, se trouvait une marque, un dessin qui avait été gravé sur sa peau elle-ne-savait-comment. Ce dessin représentait un cercle parfaitement fait, dans lequel se trouvait une double croix qui partait dans huit directions en flèches, chacune ayant une ou deux lettres écrites dans une langue ancienne qu'elle n'arrivait pas à lire. Le tout était rempli de dessins anciens et fins, et de épées anciennes qui se croisaient derrière le cercle, avec des ornements et des décorations tout aussi fines. Deux épées croisées et une rosace des vents: voilà ce que semblait représenter ce dessin qui avait été gravé à même la peau de cet homme, certainement avec douleur.

Son père lui avait expliqué ce qu'était une rosace des vents pour les précurseurs, à l'aide de l'un de leurs dessins, un moyen de se repérer dans l'espace et de savoir quelle direction prendre. Mais, cela n'avait plus vraiment de sens depuis que les direction avaient changé, lui avait dit son père. Elle n'avait pas compris le sens de ces paroles et ne s'était jamais posée de questions dessus auparavant, pour être honnête.

Maintenant qu'elle voyait ce dessin sur la peau d'un homme qu'elle connaissait, elle se demandait ce que tout cela signifiait et qui était vraiment cet homme. Elle se demandait surtout si elle avait eu raison de lui faire confiance et de lui parler de ce qu'elle avait vécu. Elle avait encore plus envie de s'enfuir loin de ce village et de reprendre sa poursuite, maintenant qu'elle se rendait compte de tous les secrets qu'avait cet homme.

_N'aies pas peur, dit alors l'homme en s'asseyant de nouveau sur le canapé avec lourdeur. Je n'ai pas l'intention de te faire le moindre mal... Le symbole que je porte sur la poitrine est le symbole des annihilateurs. Leur couleur est le noir. Quand j'avais ton âge, j'ai été enlevé et enrôlé de force dans leur groupe. Ma famille a été assassinée. J'ai été obligé de faire... Des choses horribles. J'ai fini par rencontrer Lenah qui était une de leurs esclaves. Ensuite, on s'est enfuis loin de leur territoire. J'ai rencontré tes parents en traversant l'Addus. Nous sommes tous venus nous installer sur ces terres pour pouvoir vivre en paix. L'arrivée des annihilateurs est une mauvaise chose pour tout le monde. Ils veulent des esclaves, toujours plus d'esclaves. Ta sœur a sûrement été enlevée pour le compte d'un roche paysan des Verda Terra, les terres d'où je viens. Et, ce n'est pas du tout bon pour elle, tout cela.

_Les hommes en noir ont dit qu'ils comptaient l'emmener à la ville Capitale afin de la vendre, rétorqua la jeune femme avec une véhémence si violente qu'elle sembla surprendre l'homme, un instant.

_Tu es sûre? La jeune femme acquiesça en silence. Elle savait bien ce qu'elle avait entendu. Pourtant, elle avait l'impression, au regard circonspect de l'homme, qu'il ne croyait pas un mot de ce qu'elle disait. Il pensait qu'elle mentait ou qu'elle inventait toutes ces informations. Comment pourrait-elle inventer de telles choses alors qu'elle parlait d'un monde qu'elle ne connaissait pas et de gens qu'elle ne connaissait pas non-plus? Comment pouvait-elle inventer quoi que ce soit sur ces sujets? Comment pouvait-elle dire de telles choses si elle ne les avait pas entendu dites par eux, auparavant?

_Et, j'imagine que tu veux retrouver ta sœur en te rendant dans la Capitale, demanda alors l'homme en plantant son regard dans celui de la jeune femme et en haussant les épaules avec une grande lourdeur?

_Je vais retrouver ma sœur et je vais la libérer de ces hommes, dit alors la jeune femme avec froideur. Mais, ça ne sera pas tout: je vais venger mes parents et je vais tuer ces cinq hommes en noir de mes propres mains. Je vais les tuer pour avoir détruit nos vies et pour avoir menacé la vie de ma sœur.

_Je suppose qu'il n'y a rien que je puisse dire ou faire pour te faire changer d'état d'esprit. Et, tu dois sauver ta sœur... il y a une chose que tu dois savoir avant de commencer ton périple: tes parents viennent de la Capitale. Ils y sont nés et y ont grandi. Et, ils ont décidé de s'enfuir avant que tu naisses. Je ne sais pas les raisons qui les ont poussées à fuir. Je ne leur ai jamais posé la question. Mais, j'imagine parfaitement qu'ils avaient d'excellentes raisons de le faire. Alors, méfie-toi de cet endroit. Quoi que tu fasses, tu y seras continuellement menacée, tout autant que tes parents semblaient l'avoir été avant toi. La Capitale est l'un des endroits les plus dangereux des mondes séparés.

_Et, comment je m'y rends? 

Les Mondes Séparés: La ChasseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant