Les Mondes Séparés: La Chasse

La caravane (4)

Elle ne cessait plus de tousser, à présent. Sa gorge était enflammée. Elle avait l'impression que tout ce qui se trouvait à l'intérieur de son être essayait de sortir par sa bouche, non sans essayer de brûler chaque parcelle de ses tissus. Ça devenait de plus en plus insoutenable.Elle avait besoin de boire, humidifier ses lèvres.

Elle avait toujours cette envie de vomir qui lui prenait les tripes et l'estomac. Ça lui tordait les entrailles avec une grande puissance. Elle n'en arrivait plus à se tenir debout. À cause de cela, elle se traînait sur le sol, aller s'effondrer si jamais Rayak la lâchait. Elle avait réellement mal à en vomir.

Et elle commençait à s'inquiéter pour Rayak. Pouvait-il attraper ce qu'elle avait en restant près d'elle? Se pouvait-il que ce qu'elle avait soit assez contagieux pour les autres? Elle ne connaissait pas cette fièvre des sables. Elle ne savait pas ce dont elle était capable. Elle ne savait pas comment les gens l'attrapaient. Ryak se mettait peut-être en danger à rester auprès d'elle, comme il faisait actuellement.

La jeune femme sentit qu'ils arrivaient aux abords de la roulotte quand elle sentit les montants en bois frapper contre sa hanche. Lentement, Rayak aida la jeune femme à monter sur la roulotte et celle-ci put se tourner à l'intérieur, s'avancer en rampant afin de pouvoir s'allonger dans le fond de la roulotte. Être allongée ainsi lui faisait tellement de bien. Ne pas avoir à soutenir son buste et ses bras. Elle avait besoin de se reposer. Ils avaient tous raison. Elle ne pouvait pas faire autre chose que d'essayer de dormir, si elle pouvait le faire. Elle avait tellement mal à la tête. Elle avait l'impression que son cerveau fondait.

Elle entendit à peine Rayak monter dans la roulotte à son tour et sentit à peine la caravane se mettre à nouveau en route en direction de Séchane. Elle se sentait tellement malade qu'elle avait l'impression de perdre sa conscience. Lentement, elle était en train de sombrer. Et, elle ne pouvait rien faire pour l'empêcher.

_Alors, comme cela, tu es une humaine comme les autres, finalement, s'exclama Rayak en s'asseyant à côté de la jeune femme? Tu peux tomber malade comme les autres? Je ne sais pas encore si ça me rassure ou si je dois vraiment être inquiet pour ta santé. Est-ce que tu t'en rends compte?

_Rayak!... Tu...Ne... Devrais pas... Rester... Près de moi, réussit à articuler la jeune femme après de rudes efforts. On ne sait jamais. C'était peut-être dangereux pour toi. Elle entendit alors l'homme se mettre à rire doucement, comme s'il était amusé de ce que disait Levah. Mais, pourquoi ce qu'elle avait dit le faisait rire de cette manière?Qu'avait-elle dit de si drôle? Ces rires lui auraient fait mal si elle ne s'était pas déjà senti aussi mal. Elle n'aimait pas l'idée qu'on puisse se moquer d'elle. Et, il riait.

Voilà comment il remerciait les personnes qui s'inquiétaient pour lui et sa santé! Car, une partie d'elle s'inquiétait pour lui: elle ne voulait pas être responsable de sa mort. Il était déjà affreusement blessé. Il était affaibli. Lui, il pouvait parfaitement en mourir. Et, lorsque quelqu'un y pensait pour lui, voilà comment il le remerciait de sa considération. C'était irrespectueux. Il manquait de reconnaissance.

Elle sentit alors l'homme s'arrêter de rire et venir prendre le dessous de ses aisselles dans ses mains, afin de l'attirer contre lui et de lui permettre d'appuyer sa tête contre son épaule. Puis, il lui dit calmement:

_Ce n'est pas comme cela que s'attrape la fièvre des sables. En fait, on ne sait pas comment ça s'attrape. Certaines personnes l'ont. D'autres non. Je suis du second groupe. Ne t'en fais pas pour moi! Et, essaies de te reposer un peu... Que voulait-il dire en disant que certaines personnes l'avaient et d'autres non? Comment se faisait cette sélection? Comment se faisait-il que certains soient épargnés alors que d'autres étaient frappés? Elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver cela injuste. Comment une telle chose pouvait-elle se passer? Comment les personnes qui tombaient malades étaient-elles choisies? Tout cela était vraiment injuste. Tout cela n'avait pas le moindre sens.

Elle imaginait que personne n'avait la réponse à ces questions et que personne ne savait ce qui faisait que les maladies touchaient des personnes et d'autres non. Personne ne pouvait savoir ce genre de choses. Ces choses-là faisaient partie des mystères de l'existence. Essayer de savoir ce genre de choses était comme défier les puissances de ce monde: défier la terre et toutes les étoiles du ciel.

Lentement, elle sentit toutes résistance la quitter et lassa tomber sa tête sur l'épaule de Rayak afin de pouvoir s'appuyer dessus. Pour le moment, toutes ces questions n'avaient pas d'importance. Tout ce qu'elle voulait, c'était dormir. Tout ce qu'elle voulait, c'était se rétablir. Et, elle se fichait des raisons pour lesquelles elle vivait ce qu'elle vivait. Ça n'avait aucun intérêt. Elle devait absolument essayer de dormir.

Petit à petit, elle sentit son esprit s'enfoncer complètement et tout son être tomber rapidement dans l'inconscience.