Il a été demandé, il peut faire patienter alors voici un chapitre BONUS exclusif, qui, lui, ne se trouve pas dans le roman. Les coulisses du Nord vous intéresse ? Bienvenue dans les pattes de Magnus, notre suzerain adoré de cette région trop méconnue ♥
De mémoire d'homme, le Nord avait toujours été fidèle au roi. Il avait plié le genou devant les premiers, les anciens puis devant les Iseal lorsque ces derniers avaient gagné la Longue Guerre. La raison du plus fort était pour eux toujours la meilleure mais c'était surtout car, en offrant révérences et impôts, ils gagnaient une tranquillité à toute épreuve qui leur avait permis de se développer avec ambition dans leur coin. Sans guerre, avec les avancées militaires de leurs confrères, ils avaient pu se concentrer sur les arts, sur les sciences et même sur les plaisirs les plus simples de la vie. Épicuriens, ils avaient dompté les vents pour les aider à construire des villes titanesques, s'étaient amusés de la terre pour créer des argiles résistantes à tout et avaient joué de bien d'autre éléments pour rendre leurs cités aussi imprenables que sublimes.
Le territoire ne les avait pas aidés, ils devaient bien le reconnaître. Mais aujourd'hui, les Oak, suzerains incontestés et incontestables du Nord, pouvaient être fiers de ce qu'ils avaient battis.
Magnus, le seigneur actuel de la maison au chêne rouge, était pourtant songeur. Si Haut Plateau était un chef d'oeuvre d'architecture, il savait qu'elle pouvait un jour où l'autre sombrer dans le sang qu'apportait la religion venue du centre. Depuis que les tigres étaient tombés, les jeux d'alliances s'étaient relancés, plus nombreux encore qu'aux temps des Iseal et, pour la première fois, le Nord ne savait vers qui pencher. Car ils ne croyaient pas aux Sides et cette guerre n'était pas là leur. Les trop vastes et hétéroclites territoires sur lesquels il régnait ne parviendrait pas à s'allier. Pire encore. Sibille, et par elle ces hommes de rouge vêtue, avait foulé leurs terres telle une reine, avait tâché l'herbe de sang et laissé ses immondes créatures parcourir le ciel.
Oh ils ne se rendaient pas jusqu'au Haut Plateau. Ils franchissaient les montagnes jusqu'aux Ramales, pour faire taire les plus belliqueux des vassaux. Mais, depuis sa citadelle aux milles reflets, le suzerain du Nord ferma les yeux, inspirant l'air forestier de la capitale.
Ce fut un page qui intervient et le tira de ces biens sombres pensées, une missive dans la main. Le sceau, aussi rouge que celle qui avait envoyé la lettre, arracha un sourire amusé à Magnus. Comme si elle avait lu en lui, la Carmine était arrivée à temps. Il ne brisa pas le sceau, n'ouvrit pas la missive. il savait déjà quels mots coulaient sous l'encre. Des demandes, des promesses et surtout des obligations. Le Nord devrait prendre une décision.
—Réunissez le conseil.
Déjà s'envolait les messages jusqu'aux Cinq instances.
Magnus offrit un dernier regard à Haut Plateau, appréciant les dessins dans le bois, embrassant amoureusement la forêt encore verte et les quelques pins qui se frayaient un chemin difficile entre les feuillus. Sa ville était sa fierté, sa merveille. Sous le feu des créatures des Asinis, elle ne survivrait pas plus de quelques semaines. Certainement pas une lune. Les nordiens n'étaient plus des guerriers.
Il ajusta la fourrure sur ses épaules, reniflant l'odeur de la bête qui leur avait offerte. Le renard avait laissé derrière lui le fumet du sauvage et de l'intelligence, donnés comme un cadeau au suzerain du Nord. Il s'imprégna d'elle, en gonfla son coeur.
Et dans son esprit se dessinait déjà les brides de ses réponses.
Le conseil attendait, réunit autour d'une immense table laissée brute, à peine taillée dans l'arbre vivant qui les bénissait de son ombrage en été. Magnus se signa, de son majeur et de son index sur ses lèvres. Puis il les déposa sur son coeur, en un regard pour le chêne millénaire. Lui, plus que tout autre, avait vécu cent vies, écouté les pleurs de dizaines d'homme et entendu des milliards d'histoire. Il pouvait les guider, plus que n'importe et ils l'écoutaient, à chacun de leur conseil. C'était en sa chair qu'était gravé leur diplomatie. C'était en son âme que se dessinaient les réponses.
— Ilis, je te laisserais ouvrir cette réunion exceptionnelle.
Une femme, traits angéliques et chevelure de jais tressées de perles, acquiesça en déposant devant eux la missive de la cour. Elle en déchira le sceau et offrit les mots de la nouvelle reine à tous.
"Aux suzerains de toutes les régions,
Aux seigneurs et vassaux choisissant la bonne voie,
Moi, Sibille Asinis, Dame de la Maison Asinis,Reine du Royaume de Nokrov et des Peuples Nokrovins,Carmine de la Reine-Sang,Élue de Mageia,
En appelle à vous.
En cet an de grâce qui offrit à la Rouge de reprendre le pouvoir qui lui revenait de droit, je vous invite, tous à me rejoindre à Talumen. Je n'accepterait pas d'ambassadeurs, pas de traîtres et de menteurs. C'est vous que j'appelle à la couronne. C'est votre allégeance que j'invite pour le couronnement des nouveaux monarques, pour la gloire de Mageia.
Je ne serais pas Krevis, maudit soit son nom. Les tigres sont morts, les traitres sont morts. Et bien des places sont désormais vacantes au conseil.
Suivez-moi et votre région en ressortira grandie. Refusez et il ne restera de vous que des cendres. Les décisions sont vôtres et les actes seuls parleront.
Sa Majesté Sibille Asinis, Dame de la Maison Asinis,Reine du Royaume de Nokrov et des Peuples Nokrovins,Carmine de la Reine-Sang,Élue de Mageia. "Magnus dégluti.
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Nokrov, Tome 2 : Les Lames Entremêlées (terminé)
FantasyLa chute des tigres Iseal a entraîné une crise politique majeure en Nokrov, offrant la couronne aux traîtres de la maison Asinis. Sibille, devenue Reine, dévoile enfin ses plans aux yeux du monde : elle œuvre pour le retour de Mageia, ne réclamant q...