Nokrov, Tome 2 : Les Lames Entremêlées (terminé)

Chapitre 13.0, Missive 1

A l'intention de sa Majesté Sibille Asinis, Première du nom,

De Eiti, Baron des Seascannes, Chevaucheur de sang et Scriosta Coróin.

Aurais-je cru un jour devoir vous appeler votre Majesté ? Vous que les Carmines présentaient comme notre future reine et comme celle qui nous sauverait tous.

Vous devez être bien surprise de recevoir ce jour une missive du pendu. Sachez que je l'étais autant que vous en apprenant que vous aviez fait tomber les tigres aussi facilement. Que vous aviez offert la princesse à votre Déesse et que vous aviez fait plier le genou aux nobles de Talumen puis de bien d'autres régions.

Sachez bien que le sang des traîtres qui coulait dans leur veines ne m'émeut que très peu et que je ne viens pas ici pour vous offrir des compliments ou des félicitations. Les affaires de la Couronne me sont étrangères depuis bien des années et je n'aurais que faire d'une alliance ou d'une guerre ouverte. Les territoires de Seascannes resteront à l'abri, entourées d'une magie que même vos Sangéravs ne sauraient franchir.

Toutefois, c'est la curiosité qui me pousse ce jour à prendre la plume et m'atteler à vous découvrir. J'ai ouï dire que vous aviez dans vos alliances le fils de Talen. N'est-ce pas trop peu pour asseoir votre pouvoir sur Nokrov ? Les talenniens n'obéiront jamais au fils du griffon mort, et je doute que les autres régions s'inclinent devant vous. Les Vatners ont trop à faire avec leurs monstres, le Nord restera toujours inatteignable et les Ramales libres.

Ne restent que les Seascannes. Si nous n'avons pas la force de frappe des cavaliers nordiques ou des archers ramaliens, nous avons la magie. Une magie qui devrait vous aider dans les ambitions que pose sur vous votre Déesse.

Sachez bien que je ne crois ni aux Sides ni aux dieux impis. J'ai depuis longtemps compris que croire aux hommes et à leur cupidité faisait gagner bien plus de guerres.

Néanmoins, si je viens vers vous, ce n'est pas pour de beaux discours ou pour vous prouver que votre rébellion mourra bientôt dans l'œuf. Mais bien car nos éclaireurs ont découvert récemment le retour d'animaux que votre Déesse et les Sangéravs se feront un plaisir de retrouver.

Les dragons sont de retour, derrière une flammèche que ni vous ni moi ne saurait arrêter autrement que par la mort.

En l'honneur d'une possible alliance, j'en appelle aux pouvoirs de Mageia pour que puisse se lier entre nous un pacte que ni le sang ni l'argent ne saurait rompre.

Cette offre ne tiendra qu'une fois dame Asinis.

Et je vous saurais gré d'en avertir le moins de monde. Les ombres des traîtres ont empoisonné Kreivis. Je suis certain que vous ne serez pas aussi faible que votre prédécesseur.

Eiti, Baron des Seascannes.