Chapitre 42.2, Connaissances Obscures

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La seascanienne s'approcha et s'assit à ses côtés, passant une main compatissante dans son dos. Siona se redressa à peine, juste assez pour se blottir dans les bras de la jeune femme. Tant bien que mal, Daena retient un mouvement de recul, trop peu habituée aux effusions de larmes. Chez elle, les forts ne pleuraient pas en public, ne s'accrochaient pas aux autres et ne montraient rien de ce qui noircissait leur coeur. Mais la renarde s'était immédiatement déclarée comme amie de l'ancienne domestique et devait agir comme tel. Qu'importait que dans son esprit, Daena ne connaissait que la solitude.

— Ca va aller d'accord, murmura-t-elle.

Ses doigts se glissèrent entre les mèches rousses, caressant le visage de Siona, recueillant ses larmes. Daena mimait des gestes qu'elle avait vu d'autre effectuer, tentait de réconforter sans comprendre. L'autre pleurait un peu plus contre son épaule, le visage mouillé de sa tristesse, reniflant à intervalles irrégulières.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— C'est... C'est lui, gémit la jeune fille. Il s'en fiche.

Daena retient un profond soupire, se contentant de lever les yeux au ciel. Siona ne pouvait la voir, tout proscrite qu'elle était. Les peines de coeur d'une gamine ne méritait pas tant de pleures.

— Il est avec cette peste et ne jure plus que par elle. Je... je n'existe plus pour lui.
— Qeder ? souffla la noble, immédiatement bien plus concernée par les mots de son amie.
— Et l'autre. La fille de Nox. Elle l'a ensorcelé.

Les caresses de Daena, dans les cheveux roux, s'arrêtèrent immédiatement. Elle attrapa le visage de son amie entre ses doigts, l'obligeant à relever les yeux vers elle. Siona était bien moins belle qu'à l'accoutumée. Au milieu des tâches de son, les larmes avaient tâché ses joues et, sous les soleils, jamais son visage n'avait semblé aussi blanc.

— Qeder et Alyssa ?!
— Oui... Tu me fais mal Daena...

Elle la lâcha, ses iris écarquillés. Que les deux se rapprochent n'était pas prévu. Plus encore : cela devenait dangereux. Daena préférait la discorde qui régnait dans les rangs de cette armée, envenimé par les piques acérées de Tahir et les idioties de Synsivik. S'ils étaient incapables de s'allier, ils seraient incapables de gagner. Et Daena ne souhaitait pas la victoire de ceux que sa famille n'avait jamais soutenus.

Les sourcils de la noble se froncèrent alors qu'elle plongeait à nouveau ces yeux dans ceux de son amie.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé Siona ?
— Ils... Elle lui a écarté les cuisses. J'ai tout vu, je venais pour être avec lui et... Il m'a trahit Daena !

La tristesse et les larmes se transformaient déjà en une colère sourde qui flamboyait au fond de ces yeux clairs. Une colère que Daena observait enfler, désirait attiser. Siona n'était pas intelligente et c'était ce qui la rendait si utile.

— Je croyais qu'il...
— M'aimait ? Moi aussi. Il me l'avait dit. Il m'avait promis... Promis d'être juste avec moi et cette catin lui a fait les yeux doux. Elle me l'a arraché Daena ! Elle me l'a volé !
— Reprends lui ?
— Je...

Siona leva des yeux pleins de questions jusqu'à la noble. Son visage était celui d'une enfant ne comprenant pas le monde, peinant à découvrir les pouvoirs de son corps. Elle était femme et si, aux yeux de Daena, elle n'était pas très belle, elle n'en demeurait pas moins pourvu d'atouts qui pouvaient lui offrir le monde. Alyssa était plate, bien trop maigre, pas assez plantureuse. Siona possédait les formes auxquelles jamais les hommes ne disaient non. Et Qeder n'était pas grand chose de plus qu'un gamin de quinze ans, incapable de tenir son sexe dans son pantalon.

— Je ne saurais pas faire....
— Débarrasses toi de la griffonne.
— Tu veux dire....

Daena éclata de rire.
Les mesures pouvaient être bien plus douces qu'un meurtre. Alyssa était une Elue, fille de la nuit. Et la noble désirait plus que tout la faire sortir pour de bon du jeu d'échec géant qu'était devenue sa vie.

— Tu n'arriveras pas à être assez discrète pour du poisson ou je ne sais quelle idée folle t'es passée par la tête. La jalousie est un vilain défaut Siona...

Elle la vit rentrer la tête dans les épaules, prise en faute. Mais le sourire de Daena était d'une douceur sans pareil, offrant un visage réconfortant et des conseils que Siona écoutait avec avidité. Elle la comprenait, elle savait l'écouter. Pour mieux servir des plans qui dépassaient l'ancienne domestique.

— Tu peux la détruire bien plus facilement qu'en la tuant. Tes oreilles trainent partout Siona. Je connais quelqu'un, à la capitale, qui pourra te protéger et que sera heureuse d'apprendre tout ce que tu as à la dire. En échange, elle te débarrassera de la griffonne et Qeder sera pour toi pour toujours.
— Qui ? demanda-t-elle, les yeux remplies d'espoirs.
— Je peux te faire confiance Siona ?

La domestique prit ses mains dans les siennes, les yeux remplis d'étoiles. Elle acquiesça, prête à tout pour celui qui ne l'avait certainement jamais regardé comme autre chose qu'une opportunité.

— Connais-tu Mageai ?

Nokrov, Tome 2 : Les Lames Entremêlées (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant