Chapitre 27.1, Le vœu du sorcier

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NEVENOE


La chasseuse avait mal à la tête en se réveillant. Elle tenta de porter une main à son front, ne parvient qu'à forcer contre des liens étroits. Immédiatement, ses yeux s'écarquillèrent alors qu'elle essayait de se relever. Avant de finir par se débattre devant le chanvre qui retenait son corps.

Elle força. Gronda. Se cabra avec fureur.

Elle n'en demeura pas moins incapable de bouger de quelques centimètres. Nevenoe grogna, essaya une nouvelle fois de se relever. Pesta contre les liens qui la retenaient avec ferveur.

Ses yeux tentèrent alors de trouver une échappatoire. Nevenoe avait été enfermée dans la cabane, accrochée à un lit de fortune. Le lieu était bien vide. Seul un poêle diffusait sa chaleur dans l'unique pièce. Une casserole était posée sur le feu. Dans un coin, une table en bois accueillait des dizaines de fioles dont Nevenoe ne parvenait à voir le contenu. Et, en face d'elle, un chien la fixait. Elle sursauta en l'apercevant enfin. L'animal se contenta de pencher la tête, faisant glisser une de ses longues oreilles.

La chasseuse se détourna du canidé noir et blanc, essayant une nouvelle fois de tendre les liens bien trop serrés. Elle eut beau se débattre pendant ce qui lui sembla une éternité, les nœuds étaient trop parfaits pour se détendre en quelque secondes.

— Tu sais que tu perds ton temps ? questionna une voix, la faisant sursauter à nouveau.

Les sourcils froncés, Nevenoe se tourna vers celui qui venait d'apparaître. La porte était dans son angle mort et elle ne l'avait pas entendu entrer, trop occuper à tenter de s'enfuir. Grand et sec, le jeune homme semblait n'avoir qu'une vingtaine d'année. Son visage, taillé à la serpe, n'offrait pas l'ombre d'un sourire. Il avait la peau glabre, le cheveux châtain certainement long et attaché en un catogan. Ces yeux, d'un marron boueux, n'avait rien exceptionnel. Tout en lui n'avait rien d'exceptionnel.

Et pourtant, si Nevenoe n'avait pas été attaché, elle aurait reculé d'un pas en le croisant. Car il sentait le danger et l'intégralité de son corps hurlait d'une aura oppressante.

— Qu'est-ce que tu venais faire ici rouquine ? Mon territoire n'est normalement approché d'aucun mortel.
— Tu l'es autant que moi sorcier, grogna la chasseuse.

Il sourit, brève cicatrice de ses lèvres trop fines sur son visage. Son chien s'ébroua avant de rejoindre son maître, s'asseyant à ses pieds sans le moindre mot de l'inconnu. Ce dernier glissa une main dans les poils trop long de l'animal, le faisant relever la tête.

Le sorcier n'offrit pas un mot de plus, plongeant son regard dans celui de Nevenoe, attendant une réponse à sa question. Elle le soutient, gardant le silence, fière et muette. Un nouveau sourire fleurit sur les lèvres de l'homme, y resta quelques minutes. Ne s'importuna d'aucune fioritures. Il attendait, dans ce silence parfait que la chasseuse ne goutta pourtant pas. Car dans son esprit augmentait l'angoisse. Car l'aura qu'il dégageait se faisait de plus en plus douloureuse alors qu'elle jouait de ses nerfs, qu'elle s'amusait de ses angoisses.

Elle craqua la première, la nuque dégoulinant déjà de sueur.

— Je suis venue chercher de l'aide.

Nevenoe avait l'impression de quémander. L'impression fugace de ne pouvoir agir seule, de n'être qu'un énième pion qui tentait de rallier à sa cause d'autres créatures trop faibles. Elle secoua la tête, essayant d'éloigner de son esprit l'angoisse offerte par le sorcier. Ses idées s'embrouillaient tant son corps hurlait de fuir. Elle devait faire le vide. N'avait jamais réussi à lutter fermement contre sa psychologie.

— Le Baron avilisse nos terres et...

Elle s'interrompit, déglutit pour mieux calmer les battements de son coeur et trouver ses mots.

— J'ai rapporté un moyen de le vaincre. Les dragons sont de retours dans les Seascannes. Mais le Baron nous attends. Il sait que nous sommes là et a déjà crée milles pièces pour nous détruire.

Le sorcier ne bougeait pas, écoutant sagement son récit. La pression, dans l'esprit de Nevenoe, faiblissait pourtant imperceptiblement. Il la laissait parler sans étraves. Elle déglutit une nouvelle fois, essayant d'oublier les liens qui la laissaient à la merci de l'inconnu.

— J'ai besoin d'un... être en affinité avec la mana pour contacter une femme que le Baron a fait prisonnière. Découvrir ce qu'il cache et détruire de l'intérieur ces plans. J'ai... besoin d'un être comme toi.

Nouveau sourire, accompagné d'un reniflement moqueur.

[..]

Nokrov, Tome 2 : Les Lames Entremêlées (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant