Chapitre 15 (1)

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Maximilien et Marjorie avaient dû partir sitôt leurs repas terminés. Le premier avait une réunion avec le BDE et la seconde devait aller faire un tour en ville pour acheter les dernières affaires qui lui manquaient. Margot se retrouva seule avec Horte. Il n'avait pas fait sonner ses cordes vocales une seule fois durant tout le repas. Elle hésitait à engager la conversation : elle avait peur de le déranger.

La jeune femme l'observa à la dérobée, à travers le long rideau de ses boucles brunes. Ses cheveux auburn luisaient sous la lumière qui filtrait à travers les fenêtres du self. Il regardait son repas avec tellement de concentration que Margot n'arrivait pas à déterminer la couleur de ses iris... Noirs peut-être ? À moins que ça ne soit la tempête qui semblait y gronder qui les faisaient paraître de cette couleur... Ses traits étaient sculptés à la serpe. Une grande balafre barrait le côté gauche de son visage, allant du haut de son front et mangeant une partie de sa joue creuse. Elle lui coupait le sourcil en deux et lui donnait un air sévère. Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver pour qu'une telle cicatrice le marque de la sorte ?

- Tu rentres au dortoir ? grinça alors une voix rauque, comme si elle n'avait pas été utilisée depuis des décennies.

Elle renvoya ses cheveux en arrière d'un mouvement ample de la main et le regarda en face. Pendant qu'elle le détaillait, il avait tourné la tête dans sa direction. Ses iris étaient bel et bien aussi noirs que le plumage d'un corbeau.

- Oui, s'entendit-elle dire.

- On y va ensemble ?

Elle acquiesça. C'était peut-être sa chance de se faire une nouvelle connaissance ? Sans un mot de plus, ils débarrassèrent leurs plateaux et s'engagèrent dans la cour de l'Académie. Toujours en silence, ils entrèrent dans l'aile qui accueillait leur dortoir. Horte lui tint galamment la porte.

Une fois arrivés devant sa chambre, Margot se tourna vers lui. Il semblait attendre quelque chose...

- Je dors là...

N'ayant rien de plus à lui dire, ils restèrent ainsi pendant de longues minutes. Elle commença à se dandiner d'un pied sur l'autre alors qu'il la scrutait intensément.

Qu'est-ce qu'ils ont tous à me regarder la sorte ?

- C'était cool de rentrer avec toi, dit-elle pour briser le silence qui s'éternisait.

- Je suis dans la chambre d'à côté. On pourra aller en cours ensemble demain, si tu veux.

- Heu... oui. Oui, bien sûr.

Il hocha la tête, la salua, puis rentra dans sa chambre.

Quel drôle de personnage... Au moins, je n'ai plus à m'en faire pour ce qui est d'être seule.

Elle rentra à son tour dans la chambre qui lui avait été attribuée un peu plus tôt dans la journée. À peine posa-t-elle un pied dans la pièce qu'une masse poilue la cloua au sol. C'était tellement violent, rapide et inattendu que Margot en eut la respiration coupée. Sa vision était floue à cause de la main qui enserrait son cou. Une haleine fétide vint lui titiller les narines et une grimace déforma son visage.

- T'es qui toi ? cracha une voix étrange, indescriptible.

- Margot, souffla-t-elle alors qu'elle essayait de reprendre son souffle.

- Qu'est-ce tu fais là Margot ? C'est ma piaule ici, pas la tienne.

- Si, si... C'est ici qu'on m'a amenée après avoir rempli... tous... les documents...

La poigne autour de sa gorge disparut et elle eut l'impression de revivre alors qu'elle inspirait à fond.

- Elles sont où tes affaires ? Pourquoi t'as pas encore fait ton lit si t'es d'jà v'nue ici ?

HorswentiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant