Chapitre 35 (1)

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Ordy parcourait le champ de bataille en compagnie de sa garde rapprochée. Il observait les corps entassés et comptait mentalement combien de membres de son armée il voyait. Heureusement, pas plus d'une dizaine. Même si c'était dix de trop, ils avaient au moins pu limiter les dégâts. Il lança un regard en direction de Daro'Shamada et serra les dents. Grâce à sa réactivité, ils avaient pu prendre à revers leurs ennemis alors qu'ils s'apprêtaient à rebrousser chemin juste avant leurs pièges. Mais elle avait désobéit aux ordres qu'il avait donnés. Et il ne pouvait pas permettre cela. Pas quand l'une des ethnies menaçait sans arrêts de se rebeller. Cela lui déchirait le cœur : il appréciait beaucoup la Khajiit et lui était reconnaissant pour un bon nombre de choses.

Ils arrivèrent enfin devant sa tente. Même si elle était éventrée, il n'y avait pas la moindre trace de sang dessus et aucune de ses affaires personnelles n'avait disparu. Il soupira, déjà fatigué quant à tout ce qu'ils allaient devoir faire par la suite, puis se tourna vers les Valkyries.

— Rassemblez les corps de nos alliés, commença-t-il en balayant leur campement devenu un champ de bataille, puis ceux de nos ennemis. Préparez un bûcher pour les premiers et, pour les autres, jetez-les dans la rivière côté Kaïthy. Nous allons faire passer un peu d'eau à travers le barrage.

En faisant cela, Ordy espérait que les corps contamineraient l'eau qui arriverait dans la ville, provoquant une épidémie parmi les Anges.

Avec un peu de chance, pensa-t-il, cela permettra que les Anges soient pris au dépourvu et baissent leur garde plus vite.

Il craignait pour la sécurité des étudiants qui étaient prisonniers de ces murs, mais il n'avait pas le choix. S'il n'utilisait pas les morts de leurs ennemis à leurs dépens, ils allaient pourrir, contaminer les sols et attirer les charognards. Il aurait pu les brûler, mais il refusait de leur accorder le salut de leurs âmes.

— Dites aux généraux qu'il faut nettoyer le camp et réparer ce qui peut l'être. Le reste, utilisez-le pour en faire de nouveaux pièges. Même si nous avons vaincus aujourd'hui, les Anges renverront sans doute d'autres soldats. Nous devons être prêts à les accueillir.

Les Valkyries acquiescèrent et se détournèrent pour rejoindre les soldats, puis Ordy se tourna vers Daro'Shamada alors qu'il ne restait plus que l'élite de sa garde rapprochée.

— Nous devons parler de ton cas.

Alors qu'il s'apprêtait à énoncer ses erreurs, un corbeau qu'il reconnut tout de suite attira son attention. Il planait haut dans le ciel, tournant au-dessus de leurs tête, puis descendit en piqué et atterrit doucement sur le bras que lui tendait le Sage de la Lumière. Ce dernier lui caressa le sommet du crâne et prit le message qui était accroché à sa patte. Il le déplia et le lut. Un énorme sourire étira ses lèvres et il se tourna vers l'une des Valkyries.

— Va prévenir qu'il n'est plus nécessaire de jeter les cadavres ennemis dans le fleuve. Toi, dit-il à une autre, rassemble nos soldats et rejoignez-moi ici.

Les deux femmes filèrent sur le dos de leurs loups. Ordy planta de nouveau son regard dans celui de Daro'Shamada, l'air moins sévère que précédemment.

— La chance est de ton côté, souffla-t-il, soulagé. On va pouvoir s'infiltrer dans la ville. Je compte sur toi pour assurer mes arrières. Par contre, je ne veux plus que tu ailles à l'encontre de mes ordres, Daro'Shamada. Nous sommes en temps de guerre, l'ambiance est tendue et nous séparer serait la pire chose à faire.

— Je comprends, murmura-t-elle en soutenant son regard.

Même si elle ne regrettait pas son geste, car cela avait permis à son camp de remporter une bataille, elle savait parfaitement que ça aurait pu être pris comme un début de rébellion.

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