Chapitre 5 (1)

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Le tambour sami sonna la fin de la pause midi. Le prince angélique sortit de la pièce dans laquelle il mangeait.

- Allez les bleus ! brailla-t-il, sa garde rapprochée sur les talons. Levez-vous, jetez ce que vous n'avez pas mangé et suivez-moi !

Tous les premières, deuxièmes et troisièmes années se levèrent, le visage fermé. L'entraînement de ce matin avait été intense et ils craignaient que ce soit la même chose l'après-midi... surtout que les exercices demandés par le Deuxième Prince ne rimaient à rien et ne lui servaient qu'à les martyriser.

Margot se tortilla sur sa chaise. Horte la fixait si intensément, le regard plein d'incompréhension et de curiosité, qu'elle voulut s'échapper de son étreinte visuelle.

- Horte ? l'appela-t-elle la voix tremblante à cause de la gêne. On doit y aller...

Elle aurait voulu lui demander pourquoi il la regardait de cette manière, mais elle n'osa pas. Qu'est-ce qui la retenait de poser cette question qui lui brûlait la langue, d'insister pour qu'il lui avoue ce qu'il savait sur cette marque qu'il ne cessait de caresser de la pulpe de son pouce.

- Hé, vous deux ! les appela un garde angélique qui passait entre les tables pour vérifier que tous ceux appelés étaient bien partis. Qu'est-ce que vous attendez pour rejoindre Sa Majesté le Deuxième Prince ?

Horte sortit de sa transe et cligna des paupières. Son regard se confronta à celui de l'Ange et il bondit sur ses pieds, puis fila vers la sortie, entraînant Margot, dont il tenait toujours le poignet, dans son sillage. Quand ils arrivèrent sur le porche, ils s'empressèrent de rejoindre les rangs.

- Ne montre cette marque à personne, murmura-t-il entre ses dents de peur qu'on ne l'entende. Si quelqu'un d'autre que moi la voit, tu mourras. Je t'expliquerai tout lorsque je serai sûr de ce que je pense. En attendant, essaye de te rappeler tes rêves et raconte-les moi à chaque petit-déjeuner.

Margot hocha discrètement la tête. Le brun lui lâcha le poignet et elle rabattit sa manche pour cacher la marque noire.

Le reste de la journée s'était passé exactement de la même manière que le matin : le prince angélique leur avait demandé de faire cinquante tours de terrain, puis ils avaient dû faire des séries d'exercices sans queue ni tête. Quand l'un des étudiants arrêtait sans que l'Ange ne le lui demande, il lui ordonnait de faire un tour de terrain et de recommencer la série qu'il était en train d'exécuter. Margot n'en pouvait plus : elle n'avait pas cessé de courir et ne sentait plus ses jambes. Ses poumons la brûlaient et sa gorge était asséchée malgré les petites pauses que le prince daignait leur accorder pour qu'ils se désaltèrent. Le tambour sami retentit dans le palais impérial à la tombée de la nuit et tous les étudiants se retinrent de soupirer de soulagement. Le Second Prince se détourna d'eux sans même les saluer.

Plusieurs guerriers les escortèrent jusqu'à la cantine, leur intimant le silence pendant le trajet. Margot regardait le sol qui défilait sous ses pieds au fur et à mesure de son avancée. Une légère pression sur son bras la fit relever la tête et elle croisa le regard d'Achille qui lui indiquait du menton un endroit. Intriguée, elle fronça les sourcils et regarda dans la direction en question. Le groupe d'étudiants était loin devant elle, bien plus à droite.

- Faites attention... Vos étourderies pourraient vous coûter cher.

Interloquée par le comportement étrange de l'Ange, la jeune femme s'apprêtait à le questionner, mais ce dernier l'interrompit avant même qu'elle n'ouvre la bouche :

- Dépêchez-vous !

Margot hocha la tête et le remercia du bout des lèvres en trottinant vers les autres. Elle se fondit dans le groupe, l'air de rien et marcha aux côtés de Horte. Il était tellement plongé dans ses pensées qu'il ne remarqua même pas son arrivée. Les autres étaient si épuisés qu'ils ne firent même pas attention à elle. Quant aux guerriers, ils étaient trop occupés à échanger sur leurs activités de la nuit pour s'occuper de son cas.

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