Chapitre 37 (2)

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Daïbel et Maya couraient à en perdre haleine en direction du palais. Il n'y avait à présent plus que Mary et Daro'Shamada qui les accompagnaient. Leurs gardes rapprochés s'étaient occupés de retenir les Anges qui leur barraient la route et les trois médecins avaient reçus des coups mortels alors que d'autres ennemis, restés au palais, les avaient attaqués. Daïbel avait appelée son dragon, car il était petit et ne risquait pas d'attirer l'attention pour se défendre, mais elle n'avait pas réussi à sauver la vie des docteurs... et elle s'en voulait énormément. Si elle voyait le bon côté des choses, il leur restait Mary, l'une des infirmières les plus compétentes dans leurs rangs grâce à la formation khajiiti qu'elle avait suivi à Dist'Chyz. Et Daro'Shamada venait grossir leurs rangs.

- On arrive dans combien d'temps ? demanda cette dernière, l'air à peine essoufflée malgré leur marathon.

- Dans pas longtemps, j'espère, dit Maya en avisant le pont-levis qui se dressait devant elle.

- Ouvre la porte, ordonna Daïbel à son dragon.

Il la fixa intensément dans les yeux, puis après un signe de tête, prit de la hauteur et franchit les murailles du palais. Il s'écrasa sur le chemin de ronde et inonda de ses flammes les Anges qui chargeaient les arbalètes pour le défaire. La pierre, protégée grâce à une magie ancienne, ne s'embrasa pas, contrairement aux guerriers. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le dragon avait nettoyé des derniers Anges les murailles. Il attrapa le système de poulie qui maintenait le pont-levis levé et le détruisit entre ses crocs encore chauds de son attaque. L'immense battant de bois s'écroula et tomba dans un bruit sourd sur le sol, soulevant un immense nuage de poussière. Les quatre compères arrivèrent à ce moment-là et remercièrent chaleureusement le dragon.

Maya et Daïbel balisèrent le site, puis firent signe à Mary et Daro'Shamada de les rejoindre. Elles se faufilèrent entre les constructions et ne rencontrèrent aucun signe de résistance grâce à l'intervention du dragon de Daïbel. Ce dernier revint aux côtés de la Sage du Feu après avoir survolé la zone : il avait repéré les donjons. Il les guida à travers le labyrinthe extérieur qu'était la cour du palais. Elle était si grande, pleine de locaux et de bâtiments en tous genre qu'elle ressemblait à une petite ville.

Après ce qui leur sembla être une infinité d'heures, les quatre femmes arrivèrent enfin devant la porte des donjons. Elle était gardée par deux Anges à une paire d'ailes. Maya souffla, rassembla sa magie sur le bout de ses doigts et toucha le sol en murmurant une incantation en Draconique. La terre trembla et les Anges déployèrent leurs ailes pour retrouver un semblant d'équilibre. Daïbel en profita pour leur lancer des flammèches. Leurs plumes s'embrasèrent si vite qu'ils n'eurent pas le temps de comprendre ce qui leur arrivait. Juste le temps de hurler et de se tordre de douleur avant d'être réduits en cendres alors que le feu les avalaient.

- J'espère qu'ils trouveront le repos dans l'au-delà, souffla Mary, le cœur au bord des lèvres.

- On n'est plus à ça près, grinça Daïbel, les larmes aux yeux. Allons-y avant que des renforts n'arrivent.

Daro'Shamada s'avança la première à découvert, fit sauter le verrou de la porte et l'ouvrit en s'assurant que c'était vide. La pénombre la prit au dépourvu, mais ses pupilles s'adaptèrent rapidement et elle pénétra dans le long couloir. Elle arriva dans une salle circulaire séparée en deux par des barreaux. Une table trônait dans la partie où elle se trouvait et des instruments de torture encore ensanglantés y reposaient. Elle déglutit et s'avança sans un bruit vers la cellule. Une masse informe était allongée par terre. Elle reconnu les cheveux grisâtres de Junal et fit demi-tour sans demander son reste. Elle devait avertir ses coéquipières qu'elles touchaient au but.

Alors qu'elle se rapprochait de la sortie, des bruits métalliques la firent accélérer. Elle déboula sur un champ de bataille entre les Sages et six Anges à deux ailes. Mary était cachée à l'angle d'un bâtiment, tremblante de peur. La Khajiit serra les dents, partagée entre son devoir envers les Sages et son instinct de protection vis-à-vis de la Mimagi-Konta. Cette dernière l'aperçut et lui fit signe de rejoindre les deux autres femmes. Daro'Shamada acquiesça à contrecœur et sauta sur un Ange, tous crocs dehors. Elle l'égorgea et sentit du sang s'écouler dans sa bouche. Elle le recracha, laissa tomber le corps sans vie et dégaina l'une de ses lames recourbées avant de se jeter sur un nouvel ennemi.

Après ce qui leur sembla être des heures, elles entassèrent les cadavres des Anges en les comptant pour être sûres qu'aucun ne s'était enfui, puis elles s'engouffrèrent dans le cachot.

- Junal ? appela Maya en s'approchant de la cellule. Tu m'entends ?

La masse roula sur elle-même pour leur faire face. Daro'Shamada retint hoquet de stupeur en voyant l'ancien directeur de l'Académie. Son visage était tailladé de toutes parts et ses cicatrices étaient boursoufflées, faute de soins. Ses cheveux étaient longs et hirsutes. Sa barbe, autrefois bien fournie, était à présent parsemée, la peau dominant même plus à certains endroits. Ses lèvres étaient craquelées et ses yeux vides de tout espoir.

- Je ne vous attendais plus, marmonna-t-il en essayant de se lever.

Daro'Shamada tenta de faire sauter le verrou, mais il était scellé par de la magie. Maya s'approcha, posa ses mains dessus et ferma les yeux.

- Elle fait quoi ? demanda la Khajiit à la Sage du Feu.

- C'est une spécialiste des sorts. Elle essaie de lever celui qui enferme Junal.

Daro'Shamada haussa un sourcil et se positionna près de Mary en attendant que Maya réussisse. Un bruit de verrou qui saute la fit sursauter et les deux Sages se précipitèrent dans la cage, vite suivies par Mary. La Khajiit préféra rester dehors. Son instinct lui interdisait d'entrer dans cette cellule sans qu'elle ne comprenne pourquoi...

Mary s'agenouilla près du corps de Junal et commença à l'ausculter. Après lui avoir fait les premiers soins, elle se tourna vers les autres Sages :

- Son état est critique et je n'ai pas ce qu'il faut pour le soigner. Retournons dans notre armée, auprès des médecins, pour que nous puissions le sauver.

Les deux femmes acquiescèrent, déployèrent leur magie pour le porter, puis sortirent de la cellule en compagnie de l'infirmière. Une fois en dehors du cachot, les Sages appelèrent leurs dragons et firent le chemin en sens inverse. Ce fut plus rapide que la première fois, car elles n'avaient plus à se cacher.

Quand elles arrivèrent sur le champ de bataille, leur souffle se coupa dans leur poitrine. Il y avait tant de cadavres, alliés comme ennemis, qui jonchaient le sol de la ville. Les Sages affrontaient toujours l'Empereur, mais ils avaient rappelé leurs dragons.

- Ils sont à bout de forces, souffla Maya. Va les aider.

Son dragon fonça dans un trait vert en direction du chef des Anges et le repoussa sur plusieurs mètres. Il se redressa de toutes sa hauteur, devant les Sages et toisa l'Empereur. Ce dernier cracha un mollard sanguinolant au sol, puis, au moment où il s'apprêtait à se lancer à l'assaut de ce nouvel ennemi, son fils l'intercepta.

- Nous devons nous retirer, Père. Nos troupes ne tiennent plus debout.

L'Empereur balaya le champ de bataille du regard, crissa des dents et repoussa son héritier.

- Rassemble ceux qui sont toujours en état de voler. On bat en retraite.

Le prince acquiesça et, au moment où il allait prendre son envol, Kunsumid ouvrit grand la gueule.

- Laisse ! lui ordonna Ordy. Nous sommes tout autant épuisés qu'eux. Retirons-nous pour ce soir.

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