Chapitre 36 (2)

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Kynel  acquiesça en observant le Prince héritier se remettre sur ses jambes.  Il tremblait, sans doute choqué d'avoir été touché aussi rapidement. Du  sang dégoulinait d'entre les plumes de ses ailes et d'une petite  blessure à la tempe.

— S'ils  n'étaient pas venus à son secours, grinça Arkaï en manipulant une  sphère rosée entre ses mains, il serait presque K.O. Et vous vous seriez  disputés pour savoir qui nous donnerait un gage.

Sans  prévenir, les gardes qui avaient sauvé le prince se jetèrent sur eux  alors que ce dernier commençait à battre en retraite vers le palais.

— Lâche ! hurla Z'en dans sa direction en réceptionnant le soldat angélique qui se précipitait sur lui.

Le prince l'ignora et continua sa course boitillante.

— Ton frère était allé au bout des choses, lui ! tenta Ordy en se souvenant des paroles de Daro'Shamada.

Il  se reçut un coup d'épée dans l'épée et siffla de douleur. Il braqua son  regard vers l'Ange qui l'avait blessé, marmonna des paroles en  Draconique, paralysant l'Ange sur place, et le décapita sans autre forme  de procès. Sa respiration se coupa alors que l'effet secondaire de son  sort lui tombait dessus. Il serra les dents en fermant les paupières si  fort que des points apparurent dans le noir. Il avait espéré que la  douleur passerait, mais c'était peine perdue. Il n'aurait pas dû  utiliser cette technique, surtout si Kunsumid n'était pas à ses côtés  pour assurer ses arrières, mais il s'était retrouvé au pied du mur.

Une  ombre se dessina devant lui. Il sentit qu'on lui attrapait le col et  qu'on le soulevait de terre. Il rouvrit les yeux et croisa le regard  vibrant de colère de l'Ange impérial.

— Ne me compare pas à mon frère, lui souffla-t-il au visage, la voix froide et posée.

Ordy  sentit de la sueur dégouliner le long de sa colonne vertébrale. Il  aurait préféré que l'Ange lui hurle dessus. Là, il paraissait beaucoup  trop calme par rapport à la rage qui brûlait dans ses yeux. Ses  mâchoires étaient tellement serrées que Ordy pouvait voir ses muscles  bandés. Une veine palpitait à ses tempes et le Sage de la Lumière aurait  aimé que le sang irrigue trop son cerveau pour le voir s'écrouler  devant ses yeux, lui planter son arme entre les deux yeux et en finir  avec ce combat qui était déjà bien trop long pour lui.

— Je  te trouvais drôle tout à l'heure, reprit le prince, ses ailes  parcourues de spasmes. Mais, après t'avoir bien observé, je pense que tu  serais plus lassant qu'autre chose.

Il  sentit plus qu'il ne vit la seconde main de l'Ange tirer son épée de  son fourreau. Ordy enroula ses doigts autour de celle qui le tenait au  col et tenta d'appeler sa magie. En vain. Il paniquait trop pour  maîtriser correctement ses pouvoirs. Le soleil se refléta sur le métal  de la lame angélique alors que le prince la dressait au-dessus de sa  tête. Ordy se débattit comme il put. La main le lâcha quelques secondes  pour l'attraper au niveau du cou. Le Sage toussa et sentit l'air de ses  poumons s'amenuiser. Il sentait Kunsumid se débattre dans son esprit  pour tenter de le rejoindre dans le monde réel, mais sa magie la bridait  et l'empêchait de le sauver. Alors que l'Ange abattait sa main, Ordy  perçut une ombre à la périphérie de son champ de vision. Une masse se  jeta sur le prince et ce dernier relâcha le Sage ainsi que son épée. Les  deux êtres roulèrent sur le sol marbré.

— Daro'Shamada ! s'écria Ordy en reconnaissant la fourrure bleutée de la Khajiit.

Il attrapa l'arme de son ennemie et se dirigea vers eux alors que l'Ange tentait d'assommer Daro'Shamada avec ses ailes.

— Cesse de te débattre, déclara Ordy en pointant la lame dans la direction des deux combattants, et tu auras la vie sauve.

L'Ange  le fixa dans les yeux, furieux, mais obtempéra. Il relâcha tous ses  membres et, avant que la Khajiit ne puisse l'attacher, deux guerriers  angéliques se précipitèrent sur eux et les plaquèrent au sol. Le prince  prit son envol, suivi de près par ses hommes.

— Putain ! enragea Kynel en les voyant prendre de plus en plus de la hauteur.

Elle  tenta de les en empêcher en créant de violents courants  contradictoires. En vain. Les Pahmar-raht bondirent sur les toitures des  maisons, puis dans les airs pour tenter de les atteindre, mais ils  étaient déjà trop haut. Les Vampires réussirent à en attraper quelques  uns grâce à leurs sauts.

Le  prince, aidé de deux de ses guerriers, faisait du sur-place, les  observant avec un malin plaisir tout tenter pour les faire redescendre.  Z'en et Arkaï appelèrent leur dragons, mais l'Ange fit un mouvement et  ses soldats attrapèrent leurs arcs, puis décochèrent des flèches en  direction de l'armée clouée au sol. Les dragons firent demi-tour et  s'enroulèrent autour d'une partie de leurs alliés pour les protéger. Les  trois femmes appelèrent à leur tour leur compagnon et ils imitèrent  leurs congénères.

— Et maintenant, râla Kynel, les dents serrées en écoutant attentivement ce qui se passait dehors.

— Ils n'ont pas une réserve illimitée de flèches, souffla Maya.

— Nos dragons ne sont pas infatigable, contra Daïbel en voyant son petit compagnon serrer les dents.

— Tu ne peux pas appeler Kunsumid, Srenta ? demanda Z'en en voyant que ce dernier se contentait d'observer sans rien dire.

— J'ai bloqué ma magie tout à l'heure, souffla-t-il de peur que leurs ennemis ne les entendent malgré la distance.

— Quoi ! s'écrièrent les Sages en chœur.

— Comment c'est possible ? enchaîna Maya.

— J'étais  en position délicate et j'ai été forcé d'utiliser un sort que je ne  maîtrise pas encore à la perfection. Je pense que, dans la panique, j'ai  mal prononcé un mot ou que je me suis trompé...

— C'était bien le moment, grinça Kynel, mais ça justifie pourquoi tu n'as rien fait quand le prince te tenait en joue.

Alors  que Ordy allait reprendre la parole, des hurlements en dehors des dômes  magiques le coupèrent. Le dragon de Daïbel écarta légèrement ses  anneaux pour leur permettre d'observer ce qui se passait à l'extérieur.

— Les Sirènes, murmura Daïbel, le regard brillant de reconnaissance. Les Sirènes volantes se sont jointes au combat !

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