Épilogue

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Margot inspira un grand coup. Une sourde douleur la tenaillait dans le ventre, là où l'avait poignardée le Prince héritier. Elle voulut porter sa main à sa blessure, mais son corps ne réagit pas. La jeune femme se rendit alors compte que quelque chose clochait : les bruits de combat autour d'elle avaient cessé, les voix de ses amis avaient disparu et, surtout, elle ne sentait plus les liens qu'elle avait tissés avec Inlokved, Vumqotsun et Gramdiilkrim. Ce fut à ce moment que ses oreilles captèrent un bruit familier.

Bip.

Bip.

Bip.

Margot ouvrit les paupières et son souffle se coupa dans sa poitrine. Des machines médicales en tout genre l'entouraient et étaient branchées à son corps pour la maintenir en vie. Elle tourna la tête et s'aperçut que les ténèbres ne lui avaient jamais parues aussi opaques, sombres et... tristes. Le rideau avait à peine été tiré et les rayons de la lune glissaient dans sa chambre. Malgré cela, Margot n'était pas à son aise, comparé au moment où elle était dans l'Antre des dragons des Ténèbres.

Où suis-je ?

Tout son corps lui hurlait la réponse. Pourtant, c'était impossible. Ce n'était pas le choix qu'elle avait fait. Elle avait décidé de rester sur Horswentia et d'assumer son rôle de Sage des Ténèbres. Mais aussi de participer à la guerre contre les Anges. Une bataille qui concernait tous les citoyens de Horswentia. Pour cela, elle avait renoncé à retrouver ses proches, s'était durement entraînée pour répondre aux attentes de tous, puis avait appris à penser avec la magie.

Son regard se porta sur le paysage au-dehors. Les grands immeubles haussmanniens. Les tours Montparnasse et Eiffel dans le lointain. Paris. Il n'y avait plus de doute possible : elle était de retour sur Terre, dans la capitale de son pays.

Depuis combien de temps ?

Margot n'arrivait pas à bouger même un orteil. Elle se doutait que la technologie était avancée, mais elle n'aurait jamais imaginé que les médecins pourraient la maintenir aussi longtemps en vie alors que son esprit était ailleurs et que son corps avait autant souffert. Combien ses parents avaient-ils déboursé pour qu'elle soit acceptée dans ce centre hospitalier ? Et pourquoi n'étaient-ils pas à ses côtés en attendant son réveil ? Est-ce que cela faisait si longtemps qu'elle dormait qu'ils avaient perdu espoir qu'elle ouvre les yeux ?

Impossible ! Ce sont mes parents. Ils ne m'auraient jamais laissée ainsi à l'hôpital... Et Tony ?

Un hoquet de stupeur la coupa dans ses pensées et elle se tourna vers l'entrée de sa chambre. Une infirmière - une interne au vu de sa tenue et de son air jeune - venait d'ouvrir la porte de sa chambre. Elle s'approcha de Margot comme si elle voyait un fantôme, puis tourna les talons pour rejoindre le couloir.

- Attendez ! l'appela Margot alors qu'elle allait refermer la porte dans son dos.

Sa voix était rauque à force de ne plus l'avoir utilisée et cela surprit Margot. Elle toussota pour tenter de retrouver celle à laquelle elle était habituée. En vain. Comme l'infirmière piaffait en attendant qu'elle reprenne, la jeune femme se racla la gorge, puis reprit.

- Je suis là depuis combien de temps ?

L'infirmière pinça les lèvres, hésitant quant à la réponse à donner, mais finit par accepter de lui répondre.

- Six ans.

Puis elle disparut derrière la porte, ses Crocs couinant contre le sol de l'hôpital, laissant Margot dans un état de choc profond.





À suivre...

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