Chapitre 21 (1)

60 8 20
                                    

Bastien se figea. Ses ailes, raidies par le choc, cessèrent de le soutenir. Il retomba lourdement sur ses pieds. Ses genoux craquèrent : il était rare que les Anges laissent leur ailes peser de la sorte.

- Votre Altesse ?

L'ange impérial braqua son regard dans la direction de la personne qui lui faisait face. Ce demi-frère qu'il exécrait au plus haut point... dont il avait pourtant besoin pour faire tomber l'Académie.

- Une ancienne formule vient d'être utilisée, s'entendit-il chuchoter. Une de celles qui figurent dans les livres censurés.

- Personne ici n'a le niveau pour les utiliser...

- Tu me traites de menteur ? le coupa-t-il en le fusillant du regard.

- Je n'oserai pas, Votre Altesse. Je peux enquêter sur la question et vous faire un rapport dès que j'en sais plus sur la personne.

- Fais ça. Je veux aussi que les étudiants les plus puissants adhèrent à notre cause. Si tu as le moindre doute sur leur loyauté, tues-les.

L'étudiant acquiesça et s'inclina pour prendre congé du prince angélique. Ce dernier battit des ailes. Elles étaient crispées depuis trop longtemps et faisaient souffrir son dos comme ses genoux, tremblants.

De rage, il attrapa la première chose qui lui passa sous la main et la jeta à travers la pièce. Le vase en porcelaine s'écrasa au sol, répandant fleurs et eau sur le parquet. L'Ange déchira les rideaux, lacéra les murs grâce aux violentes bourrasques que provoquaient ses ailes et réduisit en lambeaux chaque meuble. Haletant, il posa les mains sur ses cuisses. Malgré la tempête qui venait de se déchaîner dans sa chambre, il n'était pas encore calmé...

On toqua à la porte. Il se redressa et autorisa la personne à entrer. C'était l'un de ses gardes. Peut-être qu'il pouvait...

- Bastien, tonna la voix sévère de son père. Pourquoi as-tu de telles pensées ?!

- Une formule ancienne vient d'être utilisée dans l'enceinte de l'Académie. Une de celles qui font partie des livres des Dragons.

Son père s'abstint de tout commentaire. La pression qu'il exerçait sur son esprit lui montrait qu'il décortiquait chaque parcelle de son souvenir.

- Va voir Junal III. Selon ce qu'il te répond, tu as carte blanche pour faire tomber l'Académie.

- Je vais enfin pouvoir me débarrasser de ce vieux débris ! ricana le prince en se frottant les mains.

- Il me le faut vivant : il n'a pas encore fait sa passation de pouvoir. Il ne doit pas mourir avant de l'avoir faite. Capture-le vivant, ramène-le à la capitale et tu auras tous les droits sur lui une fois qu'il sera dépourvu de ses pouvoirs. Tu as jusqu'à l'aube pour faire tomber l'Académie. Ramène toutes les personnes de talent. Tue tous les autres.

- C'est entendu.

- Et celle qui ne maîtrise pas le Draconique, ramène-la aussi. Si Srenta IV l'a parrainée, ce n'est pas pour rien. Il a un instinct particulièrement développé pour dénicher les talents. Ne me déçois pas !

Sur ces mots, l'Empereur IVe du nom coupa leur lien télépathique. Bastien se précipita vers son épée qu'il installa à sa taille. Il en caressa le pommeau, presque en ronronnant tant il vibrait de plaisir.

- Du sang coulera ce soir... Tu pourras enfin te repaître un peu.

D'un geste ample, le Second Prince attrapa ses bracelets de force et les attacha à ses poignets. Il se dirigea d'un pas conquérant vers la porte de la chambre qui lui était réservée et en sortit.

HorswentiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant